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EAN : 9782492596001
400 pages
DALVA (06/05/2021)
4.17/5   149 notes
Résumé :
C'est l'histoire d'une pieuvre qui cherche à rejoindre l'Océan pacifique pour y pondre ses oeufs. Mais pour y parvenir, elle doit traverser un bras de terre, quitter son élément, croiser une route. C'est l'histoire d'une femme qui a vécu de terribles épreuves et ne sait plus très bien qui elle est ni ce qui a de l'importance à ses yeux. Une nuit, leurs chemins se croisent et pour la femme, tout bascule. Au coeur des paysages rudes et magiques de Tasmanie, s'écrit al... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
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Victime d'un cancer, Lucy a subi une mastectomie. Elle n'aime pas le regard des hommes sur sa poitrine reconstruite par la chirurgie esthétique. Alors, quand elle est renversée par une voiture en tentant de sauver une pieuvre, elle choisit la solution radicale : ne pas remplacer les implants qu'on a du lui retirer. Puis, sur un coup de tête, elle décide de cacher ses cicatrices sous un tatouage, celui de pieuvres... Jem, son compagnon, accepte cet état de fait sans réellement comprendre...

Pour son premier roman, Erin Hortle réussit un coup de maître !
D'abord, l'ambiance, dans une Tasmanie rude et sauvage, à la frontière de l'eau et d'une terre que l'océan tente de submerger, où le monde aquatique des pieuvres et des phoques rejoint celui des hommes, sous le regard des oiseaux migrateurs.
Ensuite, la confrontation entre générations et cultures, entre préservation des traditions (conserves de pieuvres, pêche aux ormeaux, chasse aux poussins puffins) et envies intellectualisées de sauvegarde de la nature.
Enfin les relations humaines, faites de rudesse, d'amitié et d'amour, chamboulées par la proximité de la mort et à la recherche de nouveaux équilibres.
Et il y a encore la qualité de l'écriture (et donc de la traduction), avec des choix narratifs originaux (l'histoire se vit pour l'essentiel dans la peau de Lucy, entrecoupée de séquences de vie d'animaux), des flash back, du rythme, et un style à la fois riche et léger.
En synthèse, l'écriture et le contexte tissent un écrin autour de questions fondamentales sur les relations des humains entre eux et avec leur environnement.
Un roman singulier que l'on lit avec beaucoup de plaisir.

Traduction de l'anglais (Australie) par Valentine Leÿs.

Merci à Lecteurs.com et aux Éditions Dalva de m'avoir fait découvrir l'auteure et le livre.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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L'octopus et moi, c'est un lieu qui fascine : Eaglehawk Neck, un isthme en Tasmanie reliant deux presqu'îles, une topographie qu'il faut bien visualiser pour comprendre l'appel de l'océan ressenti par les pieuvres pleines d'oeufs. Ce cadre naturel est magnifiquement présent, l'autrice nous invitant à saisir les lumières éclatantes courant sur l'eau et dans le ciel, leurs couleurs spectaculaires. Elle nous laisse entendre la cacophonie des oiseaux, hirondelles de mer, puffins tournant, virant au-dessus des vagues et des remous de l'océan. Tout l'amour d'Erin Hortle pour ce milieu marin fait scintiller les flots, rugir le vent du nord-est dans la baie, respirer la brise maritime et goûter l'eau glacée de l'océan.
Bien entouré par ce lieu magnétique, zoomons sur Lucy et son incident avec une pieuvre. Cette fois, pour comprendre sa curieuse rencontre avec ce céphalopode, il faut revenir sur certaines circonstances particulières : le cancer, l'ablation de ses deux seins, sa relation toute différente avec son compagnon Jem, son état d'esprit flottant, ne sentant plus qui elle est réellement. Alors, à la demande d'un certain Harry, elle raconte toute son histoire et puisque j'étais à Eaglehawk Neck, j'ai tout entendu.
Les atteintes à son corps. Pintes de bière aidant, les petites réflexions devenaient déplacées, les regards s'égaraient souvent vers son décolleté, ses faux seins d'alors. La maladie écartée, une différence d'attitude envers elle sans qu'elle puisse réagir puisque la honte la tenaillait même si elle savait que c'était absurde de penser ainsi, d'avoir honte de ça. Elle se disait que c'était de sa faute, celle d'avoir pris de faux seins, d'avoir triché sur leur taille.
Tout ce qu'elle désirait à ce moment-là c'était mettre de côté les préoccupations liées à ce corps.
Elle parle, raconte, et à la fin de la première partie, elle nous éclaire sur la traversée de l'isthme qui ouvre ce roman. La voix de la pieuvre qui capture un crabe au passage, l'appel atavique de l'océan mugissant, son corps plein, le sable collé aux ventouses, une lumière agressive et la rencontre, l'incident de l'octopus.

Toutes les références que l'autrice a pu glaner sur l'isthme, sur les pieuvres et leur unique couvée, sur la topographie ancestrale de ce petit bout de terre se fondent parfaitement dans son histoire, dans l'histoire de Lucy. Ici, le monde marin croise celui de l'homme et inversement. le phoque aussi joue son rôle et les confrontations se font, pour le pire, souvent, et le meilleur parfois, rarement.
Les évènements côté marin, côté humain, déferlent. Flo, Poppy, Jem, Harry sont autant de rencontres, de personnes réalistes, si différentes dans leur manière de voir et de se confronter au monde actuel. Jem, pourtant pêcheur d'ormeaux (mais dans les règles), est la voix de la colère écologique. Ses révoltes, ses coups de gueule contre les gens sans scrupules vis-à-vis des animaux dénoncent les dérives de la pêche, le manque de respect du monde animal jeté en plein jour.
L'approche de Lucy avec les pieuvres, auprès de deux vieilles femmes qui chassent la nuit pour les mettre en conserves, m'a fait grimacer. Elle décide par la suite de participer, d'aller à la rencontre de cette amitié naissante pour passer enfin un moment qui lui fera oublier son corps. L'autrice a peut-être opté pour ce choix afin qu'il marque, qu'il claque, juste avant le choc qui entraînera Lucy à se libérer, se retrouver.
Le chemin sera long, parsemé d'amitié, d'amour, de disputes, de constatations écologiques, de vagues revigorantes, de tricot, de tatouage… Il faut se défaire de la place trop encombrante que prend l'image que l'on projette vers les autres et assumer ses choix, ceux pris pour ne pas être étrangère à soi-même. Sa perception du monde s'en trouve accrue, primordiale. Ses décisions, ses choix pour se sentir bien, sont parfois surprenants mais qu'aurions-nous fait à sa place ?

Un premier roman original, documenté, bien ancré dans son somptueux paysage de Tasmanie et plein de secousses humaines, animales et océaniques.
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Voici un roman très original que j'ai découvert par hasard dans une boite à livres.
Au premier abord séduite par sa jolie couverture, à la fois simple et troublante, tout autant que son titre d'ailleurs, j'ai été accrochée par une quatrième de couverture surprenante...

Il s'agit d'un roman sur l'après. L'après-cancer.
Lucy a surmonté cette épreuve terrible et a dû subir une mastectomie. Elle est en pleine phase de reconstruction, de réappropriation de son corps lorsque lui arrive un nouvel évènement terrible. En tentant de sauver une pieuvre qui tentait de traverser une route, c'est la jeune femme qui est renversée par une voiture. L'accident est violent et, au-delà des fractures, se pose pour elle la question d'une reconstruction mammaire car on a dû lui retirer ses implants.
Lucy s'interroge longuement sur cette nouvelle réflexion, ce questionnement qui s'était déjà posé dans le passé mais qui se transforme à présent en une tempête interne. Quelles sont ses envies, ses besoins ? Cette décision doit-elle se prendre en accord et concertation avec son compagnon ? Ou bien seule et en communion avec elle-même sans trop savoir qui elle est maintenant ? Quelles sont les implications de sa décision pour elle-même et ses proches ? Ce sont grâce à de belles rencontres que la jeune femme va choisir son chemin et se lancer, dans un nouvel équilibre harmonieux avec son corps et la nature qui l'entoure.

C'est un très beau portrait de femme que nous offre Erin Hortle dans un premier roman qui laisse augurer de biens jolies perspectives livresques.
C'est déjà une très belle plongée vers cette île de Tasmanie qui m'était jusqu'ici inconnue, un pays sauvage dominé dans ce roman par la mer et sa faune, ses pieuvres et ses phoques ; un pays rude où chacun lutte pour sa survie, pour la sauvegarde de l'environnement ou pour le maintien des coutumes culturelles.
C'est aussi l'immersion dans l'esprit et la psyché d'une jeune femme qui recommence un nouveau cycle de vie avec ses interrogations, et interconnectée à cet environnement insulaire si particulier, les animaux et les habitants de l'île.
D'une écriture fine mais aussi âpre et sans concessions, Erin Hortle nous embarque dans ce roman particulier, qui nous interroge sur les rapports de l'humain avec la nature, des rapports humains tout courts. Elle nous parle surtout extrêmement bien des femmes au travers de rencontres cocasses et inoubliables, des femmes touchantes, entières mais surtout solidaires.

Un petit bijou comme j'aime
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Lucy, guérie d'un cancer des deux seins, se sent mal à l'aise avec sa reconstruction en silicone qui appelle tous les regards. En quête d'authenticité, elle développe un nouveau rapport à la nature et à la mer, auprès de laquelle elle vit tout au long de l'année en Tasmanie. Une nuit, en voulant sauver une pieuvre qui s'évertue à traverser une route pour rejoindre l'océan, c'est l'accident. Une voiture la percute, sa poitrine est arrachée. C'est un nouveau départ, mais cette fois, Lucy veut récupérer la maîtrise de son corps: reconstruction à plat, tatouages. Son ancienne vie finit de s'effriter, mais un nouvel avenir se dessine, une renaissance pleine de promesses, plus proche de son moi profond.
C'est un roman à part, qui résonne étrangement et durablement en fin de lecture. L'écriture est talentueuse, la narration originale : elle donne parfois la parole aux animaux, rappelant inmanquablement Wajdi Mouawad et son "Anima".
-Le rapport à la nature et surtout à la mer comme être vivant, respirant, et qui soulagé.
-Les pieuvres, une manière différente de "sentir", de vivre le monde.
À leur sujet, il existe un étonnant documentaire sur Netflix, "la sagesse de la pieuvre", qui raconte les liens construits pendant un an entre un plongeur et un "octopus vulgaris". Vraiment intéressant...
Merci à DALVA, nouvelle maison d'éditions prometteuse, pour cette belle découverte.
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Il y a des livres qui font écho en nous sans que l'on comprenne bien pourquoi : une émotion qui résonne comme un souvenir inconscient, une vie vécue ailleurs ou dans un autre temps...Je n'ai aucune explication, mais c'est l'effet que m'a fait ce roman des jeunes éditions Dalva. J'ai été pieuvre quand Erin Hortle l'a voulu, j'ai été phoque aussi, et puis j'ai été Lucy avec ou sans seins, ou enroulée dans les tentacules de la pieuvre, ou étendue à plat ventre pour attraper le bébé puffin dans son terrier. J'ai collé à chaque mot de ce texte, j'ai ressenti les larmes et l'eau froide des bains de Lucy, j'ai vu ses tatouages comme si je les avais sous les yeux. J'ai aimé Jem et j'ai aimé Harry. J'ai refermé le roman avec nostalgie, avec l'impression de laisser un peu de moi en Tasmanie (que je ne connais absolument pas !) mais en ayant aussi la certitude d'avoir...compris ? non, senti plutôt, appris en tout cas, quelque chose. Quelque chose qui ne s'explique pas. Et que j'espère vous toucherez aussi du doigt, des yeux, des ventouses, quand vous découvrirez ce roman magique.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Parce que, dans ce moment-là, vous voyez, tout était extrêmement particulier. J’étais dans un état d’esprit particulier : le cancer, les seins, l’infertilité, Jem et même, putain, le monde ! Tout cela s’était mis à me taper sur le système. Je voulais trouver quelque chose qui soit authentique. J’en avais marre des mensonges à la con. Et puis je voulais simplement l’aider, elle, la pieuvre. Je crois que je voulais juste être capable d’agir sur quelque chose.
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Et c'est ainsi que ce soir-là j'ai enfilé un pull en laine et, à défaut de bottes en caoutchouc, ma combinaison de surf repliée à la taille. J'ai noué les bras de néoprène autour de moi comme un tablier, ai lancé à Jem «A plus!» et je suis sortie tranquillement, le laissant affalé devant la télé. Je me suis arrêtée à la porte pour enfiler mes Crocs et je me suis mise en marche à pas lourds sur le bord de la route qui part au nord en direction de Eaglehawk Bay, alors que le disque presque plein de la lune gibbeuse frôlait l'horizon du sud-est et s'élevait dans le ciel. Je suis arrivée pile au bon moment: lorsque j'ai rejoint Flo et Poppy au bord de l'eau, le crépuscule tournait au bleu marine et les étoiles étaient en train de s'allumer. En me voyant elles ont souri tout grand, leurs yeux et leurs dents reflétant la lumière nacrée. A la bonne heure! a dit Flo, et je lui ai répondu d'un sourire.
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Je veux dire que je crois que je n'ai plus besoin de tout ça. Vous m'avez dit après la première consultation que je ne présentais pas de risque de suicide et que si vous vouliez continuer à me voir, c'était pour travailler sur la manière dont je pense mon corps. Mais pour être honnête avec vous, je n'ai plus vraiment envie de parler de mon corps, ni de penser à mon corps. Enfin, j'y pense quand même, mais j'aimerais mieux y penser un peu moins. J'aimerais mieux vivre dedans que d'y penser, si vous voyez ce que je veux dire. Le normaliser, en fait. Et ces séances m'empêchent de le faire.
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C'est parce que les pieuvres voulaient dire quelque chose pour moi: quelque chose qui parle de sacrifice féminin, de persévérance, de la futilité de tout ça, quelque chose qui dit que nos corps peuvent rater , ou peuvent être forcés de rater, et que pourtant on continue comme on peut...
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Sur le moment je me suis demandé, et je me le demande encore aujourd’hui : pourquoi est-ce que je ne les ai pas tous envoyés se faire foutre, à commencer par Terry ? C’est ce qu’aurait fait la Lucy d’avant le cancer et les seins en silicone. Et c’est ce que ferait la Lucy plate d’aujourd’hui. Mais à l’époque, pourquoi est-ce que je ne le faisais pas ? Qu’est-ce qui, dans leurs intrusions, faisait que chaque fois je me ratatinais et que je restais pétrifiée ?

C’était à cause des mots que je me chuchotais dans ma tête : ta faute ta faute. Un refrain qui faisait de moi une fleur fanée, courbée sous le poids de deux excroissances en silicone. Et je me détestais pour ça. Je me détestais de me ratatiner, et je me détestais d’avoir l’impression que tout était ma faute, parce que je savais que j’avais honte et que ça ne sert à rien d’avoir honte. Alors je m’en voulais pour ça, et ainsi de suite : j’avais honte d’avoir honte.

Ô joie de vivre sous mon crâne !
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