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Citations sur Il n'y a pas de Ajar (146)

Et c'est là qu'elle attaque et qu'elle s'accroche, cette saloperie. Tu sais : "l'identité", comme ils l'appellent tous. C'est fou comme elle les obsède aujourd'hui. Tu as remarqué ? Elle est partout. Elle bouffe toute la place : elle fait se sentir "bien chez soi" à la maison et en manque de rien. Et c'est comme ça qu'on devient muet, con, antisémite, et parfois les trois à la fois.
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Je suis pour qu'on respecte solennellement La Marseillaise, surtout quand elle dit « qu'un sang impur abreuve nos sillons... » Parce que que c'est vrai : un sang impur, un bric-à-brac bordélique de tout ce qui nous a construits, coule dans nos veines, même dans celles du pauvre type qui se raconte que son monde est bien propre, aseptisé et hygiénique à souhait.
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Permis et salutaire de se glisser dans la peau d'un autre qui n'a rien à voir avec nous.
Permis et salutaire de juger un homme pour ce qu'il fait et non pour ce dont il hérite.
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(...) il est permis et salutaire de ne pas se laisser définir par son nom sa naissance. Permis et salutaire de se glisser dans la peau d'un autre qui n'a rien à voir avec nous. Permis et salutaire de juger un homme pour ce qu'il fait non pour ce dont il hérite .D'exiger pour l'autre une égalité non pas parce qu'elle est comme nous mais précisément parce qu'il n'est pas comme nous, et que son étrangeté nous oblige.
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Tu le sais bien, toi aussi : parfois, on est les enfants de nos parents biologiques ou adoptifs… Mais on est toujours ceux de nos bibliothèques, les fils et les filles des histoires qu’on a lues ou entendues. On est tous conçus par procréation littérairement assistée.
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Je crois que c’est la pire chose qui puisse arriver dans l’existence : ne manquer ni de sel, ni de tendresse, ni d’amour… parce que alors, il n’y a aucune raison de se mettre à parler, à écrire ou à créer. Si t’es complètement, immanquablement toi-même, alors y’a rien à dire.
C’est le mutisme de la plénitude.
Et c’est là qu’elle attaque et qu’elle s’accroche, cette saloperie. Tu sais : « l’identité », comme ils l’appellent tous. C’est fou comme elle les obsède aujourd’hui. Tu as remarqué ? Elle est partout. Elle bouffe toute la place : elle fait se sentir « bien chez soi » à la maison et en manque de rien. Et c’est comme ça qu’on devient muet, con, antisémite, et parfois les trois à la fois.
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Il y a les voix du fondamentalisme religieux qui, comme leur nom l’indique, aspirent à revenir aux fondements, ou à l’idée qu’elles se font de l’origine. Au commencement, s’époumonent-elles, il y avait de la pureté et de l’entre-soi. C’était avant que l’on se mêle aux autres, à leurs croyances ou leurs rites, leurs cultures ou leurs influences qui nous ont pollués. Tous les fondamentalismes religieux ont en commun la peur d’avoir été dénaturés, la crainte d’une contamination des corps et des idées par un autre, qui prend au choix les traits des femmes, des homosexuels, des convertis, des hérétiques… C’est toujours le visage d’un non-soi qui menace l’intégrité de l’édifice. Gare à l’autre et vive le même !
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Ajar est le livre de chevet des gens qui ne sont pas prêts à se résoudre ni au rétrécissement de l'existence ni à celui du langage, mais qui croient qu'il est donné de réinventer l'un comme l'autre.
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(p.67)
- T'as un problème d'antisémitisme ? Tu te connectes à un réseau juif.
- On te fait une réflexion misogyne ? Organise une réunion non mixte.
- T'es victime de racisme, rejoins vite le club racisé le plus proche de chez toi.
- Tu veux traduire un livre, assure-toi que tu partages scrupuleusement le traumatisme de son auteur. Ou sinon, t'abstiens. Capiche ?

Et voilà comment plein de gens t'affirment aujourd'hui qu'ils sont complètement eux-mêmes, quand ils ne sont plus qu'un bout d'eux-mêmes, et de préférence le morceau qui a souffert ou a été discriminé. Et d'ailleurs y'a personne d'autre qu'eux mêmes pour les comprendre.

Avant, on rencontrait des gens qui étaient plein de choses à la fois : pied-noir, fils d'immigrés et homosexuel, communiste et gymnaste... ou alors juif-athée-joueur d'échecs et goyophile; eh ben là, c'est fini. Chacun n'est plus qu'un seul truc, catho, gay, vegan, qu'importe, mais exclusivement l'un ou l'autre. Les seuls "combo" qu'on t'autorise c'est quand t'es multi-défavorisé et que tu peux cumuler a priori les discriminations comme des bonus. Mais sinon, tu ne joues plus que dans une seule catégorie et tu es donc sans rapport avec qui que ce soit d'autre. Bien sûr, ça oblige un certain niveau d'entre-soi pour préserver la pureté de l'édifice.
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Et puis, ils sont capables de te décrire tout ce qui leur est arrivé, de te raconter dans le détail un bûcher de l'inquisition, un pogrom lituanien, et compter les morts, au million près. Ils se souviennent de milliards de choses que tous les autres ont oubliées. Tout est consigné , enregistré, commémoré...à part un tout petit detail : le nom de Dieu...De qui se moque-t-on ?
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