- Ces bâtiments, dit-il, montrant de grosses boîtes de conserve blanches posées sur le sol ce sont des silos. De quoi tenir jusqu'à l'arrivée de jours meilleurs.
[...]
- je ne suis pas sûre de comprendre où vous voulez en venir.
Il pointa le doigt vers elle puis le retourna vers sa propre poitrine.
- Nous sommes les graines. Nous sommes dans un silo. Ils nous conservent ici parce que les temps sont difficiles.
- Qui ? Qui nous conserve ici ? Et quels temps difficiles ?
On ne peut décrire une nouvelle couleur qu'à partir de nuances déjà vues. On peut mélanger du connu, mais pas créer de l'inconnu à partir de rien.
Quoi que l'avenir lui réserve, Juliette dévalait pour l'instant des marches étrangères, ses pieds nus au contact de l'acier froid, l'air lui brûlant de moins en moins la gorge à chaque nouvelle bouffée d'air elle abandonnait ses lambeaux de vêtements salis et, seulement armée d'un grand couteau de cuisine. Elle se coula nue dans l'escalier tournant, le corps un peu plus en vie à chaque pas
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Elle se leva et passa la même salopette que la veille. Elle resta là un moment, à fixer ses orteils pas propres, à se demander pourquoi elle s'était levée.
Elle quitta sa chambre et se dirigea vers le palier, se faufilant entre de jeunes enfants à qui cette nouvelle journée sans école faisait pousser des cris.
Nous n’avons pas choisi l’endroit où nous nous trouvons, marmonna-t-il, mais nous pouvons choisir comment aller de l’avant.(p477)
Qu'est-ce qui passe par la tête d'un homme qui attend son bannissement ? Ce ne pouvait être seulement de la peur, car Juliette avait déjà gouté à ce sentiment là. Non, ce devait être un sentiment au delà de la peur, une sensation absolument unique, le calme par-delà la douleur, ou la torpeur par-delà l'épouvante.
C'était trop facile de réagir à la colère immédiate qui s'apaisait à coups de canon.
L'adjoint possédait cette qualité proprement masculine qui consiste à faire mine de savoir où on est même quand on n'en a aucune idée.
p.478.
Ils nous ont inclus dans ce jeu malgré nous, un jeu où le non-respect des règles entraîne notre mort à tous, jusqu’au dernier. Mais vivre dans le respect des règles implique de souffrir.
p.348.
Knox trouvait stupéfiant que, d’instinct, ils sachent tous fabriquer les instruments de la douleur. Même les ombres l’avaient déjà dès le plus jeune âge, ce savoir comme déterré des profondeurs brutales de leur imagination, cette capacité à faire mal à autrui.