J'ai toujours une certaine appréhension en commençant un pavé, parce que, disons le nous clairement vu que je déteste abandonner un roman, savoir que la torture va durer plus de six cents pages... Pas évident. Avec
Silo, les choses se mettent tout doucement en place, mais plus on avance dans l'univers étrange et mystérieux de
Hugh Howey, plus il est difficile de lâcher le roman. Une très bonne surprise, d'autant plus que l'auteur ne se contente pas d'événements à sensation. Il pousse aussi son lecteur à la réflexion.
Silo nous entraîne dans un univers clos où une petite partie de l'humanité survit. Que s'est-il passé ? Comment en sont-ils arrivés là ? Rien ne transparait au départ. On se doute, bien sûr qu'une catastrophe a dû avoir lieu, obligeant l'espère humaine à se cloîtrer pour survivre, mais le doute persiste. Nous pourrions aussi très bien être fasse à une sorte d'expérience. J'ai très vite pensé que ce mystère sans réelle réponse allait m'embêter dans ma lecture, cependant, j'étais tellement accaparée à comprendre le fonctionnement du
Silo qu'au final, je me suis laissée portée.
Là où j'ai trouvé que
Hugh Howey avait très bien mené son histoire, est qu'il parvient à immerger le lecteur sans aucun mal. On a l'impression de vivre avec les habitants du
Silo très rapidement. On se familiarise avec leurs habitudes, leur mode de fonctionnement, leurs règles étranges... et c'est là que tout bascule. Ces règles. Absurdes, punitives, angoissantes, empêchant réflexion et communication. Nos héros trouvent cela normal car ils ont toujours vécu ainsi, mais personnellement, j'ai très vite tiqué. Vivre dans un tel milieu demande des règles, certes, mais cette peur latente dans laquelle les dirigeants les plongent est malsaine dès le départ. Plus on avance, plus on se rend compte des manipulations et des manigances. Plus la tension monte, plus l'histoire devient addictif.
Côté personnages, je dois dire que je les ai trouvés très réussis. Ne vous attachez à personne par contre, mais ce détail mis à part, les personnalités complexes de chacun sont un pur régal. Il n'arrive pas souvent qu'autant de protagonistes sonnent si justes surtout vis à vis de la situation qui est purement imaginaire. Juliette et Lukas sont pour moi deux des exemples de ce roman. La première est une brillante jeune femme, volontaire avec une rage de vivre et une soif de justice qui non seulement colle très bien à l'univers mais donne un vrai élan à la trame. Lukas est plus effacé, presque enfantin à certains moments, mais il est celui qui nous montre le plus l'évolution d'une pensée face à la découverte d'une vérité.
L'un des thèmes que j'ai le plus aimé, outre la partie "enquête" et découverte de la machination, réside dans les choix que l'on peut faire face au passé. Pour moi, les dirigeants du
Silo n'ont pas su tenir compte des erreurs de leurs prédécesseurs. Bien au contraire. La violence résout tout. Les meurtres, les machinations, les manipulations sont des maux nécessaires. Si une personne a une idée qui sort un peu du cadre, il faut l'éliminer. Cela m'a fait froid dans le dos. J'ai trouvé cela absurde au possible. L'être humain est fait pour évoluer, pour s'adapter, pour penser. Comment croire un seul instant qu'en confinant des gens, en les réprimant, une implosion ne se produira jamais. Cette folie qui transparait petit à petit trouve un certain et je trouve très futé de la part de l'auteur d'avoir poussé jusque là. Les méchants ne sont pas seulement méchants, en un sens.
Un très bon moment donc. Je sais qu'il y a un préquel et une suite, si je ne me trompe pas, mais personnellement, je ne pense pas les lire. Je trouve que
Silo se suffit à lui-même et j'ai peur d'être déçue. Je préfère rester sur un avis positif de ce petit pavé.