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Suite à la vision du film Zone of interest, je voulais approfondir avec la lecture du témoignage du commandant du "fameux" camp d'Auschwitz, Rudolf Höss (principal protagoniste du film). Bien qu'il ne soit pas écrivain, le récit est relativement bien écrit et la lecture est fluide bien que glaçante. Il y décrit platement et froidement le fonctionnement et les agissements au sein de ce genre de camp. A le lire, il n'a fait que répondre aux ordres (c'est comme ça qu'il essaye de se dédouaner) et il a fait de son mieux pour rendre la vie des prisonniers la moins pénible possible. On est en plein dans la banalité du mal décrit par Hannah Arendt. Mais peut-on se contenter de cela ?
Durant cette lecture, j'ai souvent été confrontée à la pensée que cet homme n'était qu'un simple exécutant. Plusieurs fois, ce doute m'est venu et cela créait à chaque fois un réel malaise. Car il suffit de se remémorer toutes les horreurs qui s'y sont déroulées et se dire : mais en fait il aurait pu dire non et ne pas prendre part à cette machine de la mort !
Cette lecture est troublante et permet de poser question sur la genèse du mal et si ces hommes étaient de réels monstres ou des gens ordinaires.
Un document que l'on devrait faire lire aux négationnistes.
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Ce livre est le récit d'un rare témoignage écrit de la propre main d'un bourreau Nazi, celui de Rudolf Hoess, dans sa cellule en février 1947, avant d'être condamné à mort le 2 avril 1947, puis pendu à Auschwitz le 7 avril de cette même année.

On est surpris de découvrir à travers l'existence de Rudolf Hoess un personnage ambivalent, à la fois : « ordinaire », bon père de famille, intelligent, cultivé, travailleur voire méticuleux, ambitieux mais trop zélé et qui écrit très bien ; et en même temps, quelqu'un qui n'est pas fou (au sens psychologique ou « clinique » du terme) puisque parfaitement capable d'analyser le cheminement qui l'a conduit à sa propre INHUMANITE.
Une circonstance donc aggravante (si cela est encore possible !) dans sa complète responsabilité lors de cette monstruosité que fut l'Holocauste.

Au début, le ton de son récit est descriptif quant à sa vie privée comme celle d'un homme « ordinaire ».
Mais au fil de la lecture son cynisme augmente graduellement. Il se permet même le droit de juger défavorablement les sévices et crimes perpétrés par ses « collègues » Nazis ; avec même à certains moments, la sensation de détachement, comme s'il décrivait une situation atroce à laquelle il serait totalement étranger.
Alors, qu'il est lui-même le Commandant en chef du plus grand camp mixte : de concentration et d'extermination, celui d'Auschwitz, de tout le système Totalitaire Nazi, et par conséquent entièrement responsable du génocide de CENTAINES de MILLIERS de familles : enfants, femmes, vieillards, hommes… !
On comprend alors mieux son indifférence totale et son mépris absolu pour : la NATURE HUMAINE.

Sa « réflexion » s'enfonce toujours plus dans l'effroi par la déshumanisation des victimes, lorsqu'il explique qu'il fut soulagé d'apprendre que les Nazis n'allaient, non plus exterminer les Juifs par des campagnes de fusillades de masse, mais… par le gaz.
En effet, pour Rudolf Hoess, non seulement il s'agissait « juste » de changer de « technique » de massacre (sans évidemment se soucier le moins du monde du meurtre de ces victimes) mais en plus, ce changement de « méthode » intervenait uniquement parce que les fusillades massives ne permettaient plus de décimer à une suffisamment grande échelle, compte tenu de l'importante quantité de victimes Juives à anéantir !
De surcroît, il ne se préoccupait absolument pas du sort de ces MILLIONS de victimes, mais plutôt de la santé mentale des bataillons SS (les Einsatzgruppen) qui risquaient de finir par être écoeurés dans leur « mission » d'éradication.

On peut également relever le cynisme total dont fait preuve Rudolf Hoess, lorsqu'il parle avec condescendance et dédain des Sonderkommandos.
Ces « équipes spéciales » (principalement composées de Juifs) étaient « recrutées » avec comme terrifiantes « missions » obligatoires, celles : de faire se déshabiller les déportés, les faire entrer dans les Chambres à gaz, puis une fois gazés, de sortir les corps des Chambres à gaz en les traînant jusque dans les fours crématoires.
Puis, périodiquement ces Sonderkommandos étaient exterminés à leurs tours.
On retrouve ici, ce processus de déshumanisation des victimes permettant aux bourreaux de se « dédouaner » psychologiquement de leurs crimes, comme l'écrit Geneviève Decrop dans la préface du livre : « le mécanisme de refoulement du doute et de la culpabilité devant le sentiment de faiblesse. »

Enfin, ce sont : son engagement radical dans l'Idéologie antisémite Totalitaire Nazie du IIIème Reich, sa grande lâcheté, mais aussi le fait de se conduire en « fonctionnaire » zélé, qui ont amené Rudolf Hoess à commettre cet indicible MAL ABSOLU.
Il s'est donc transformé dans les actes, en un monstre sanguinaire complètement insensible à une valeur pourtant essentielle : LE RESPECT POUR LA VIE HUMAINE.

On trouve également dans l'ouvrage de Gitta Sereny « Au fond des ténèbres : un bourreau parle, Franz Stangl, commandant de Treblinka », le profil d'un autre bourreau Nazi, celui donc de Franz Stangl, le Commandant de Treblinka, interviewé par l'auteur dans sa prison en 1971.

Confer également d'autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de :
Gitta Sereny « Au fond des ténèbres : un bourreau parle, Franz Stangl, commandant de Treblinka » ;
– Tzvetan Todorov Mémoire du mal, Tentation du bien : enquête sur le siècle ;
– Tzvetan Todorov Face à l'extrême ;
– Hannah Harendt Eichmann à Jérusalem ;
– Hannah Harendt le système totalitaire : Les origines du totalitarisme ;
– Shlomo Venezia Sonderkommando : Dans l'enfer des chambres à gaz ;
– David Rousset L'Univers concentrationnaire ;
– Primo Levi Si c'est un homme ;
– Primo levi Les Naufragés et les Rescapés : Quarante ans après Auschwitz ;
– Michel Terestchenko Un si fragile vernis d'humanité : Banalité du mal, banalité du bien.
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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La curiosité pousse à se pencher sur la biographie d'un personnage au centre du système concentrationnaire; et quel dispositif.
Et qu'apprend-t-on ?
Comme l'a décrit HARENDT, la triste banalité du mal. Un homme qui s'est évertué à faire du mieux possible son travail, aussi terrible soit-il. C'est ce qui dérange toutes les bonnes volontés. Comment expliquer untel comportement?
Pas de sadisme, une effroyable banalité, de l'enfance, du devoir, de l'obéissance sadique, du devoir. Rien n'évoque une quelconque perversité ou blessure profonde pouvant modeler l'esprit à des fins de folie meurtrière.
Adhérer au parti nazi ,Hoess fait preuve d'une foi inébranlable en la supériorité de la nation allemande, en revêtant l'uniforme de soldat qu'il quittera à regret pour entrer dans l'administration des camps de concentration.
Au sein des camps, il observe: prisonniers, geôliers. Il note: inefficacité, malveillance ,cruauté.
Au nom de cette soi disante barbarie, il va tenter d'en améliorer le système...au nom d une loyauté indéfectible, il va évacuer toute émotivité. Il ne fait qu'obéir...mais jusqu'où peut-on le faire et doit on le faire?
Le plus terrible de la banalité d'un homme qui a idolâtré un homme, une pensée, un uniforme, un pays et qui s'est évertué à en amélioré le dispositif.
Effrayant et l'on comprend pourquoi la majorité des gens pensent qu'un quelconque problème psychologique, psychiatrique, traumatisme est à l'origine de tout cela; tellement plus rassurant
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Comment "noter" un tel livre? Par contre le document est d'un indéniable intérêt historique, humain, psychologique.
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c'est un livre indispensable à lire pour comprendre le cheminement d'un homme ordinaire que le respect total à l'ordre nazi va amener à la direction du camp d'Auschwitz. Ordinaire comme Eichmann et d'autres rouages de ce système assassin. Jamais il ne renie l'idéologie nazie, ce qui rend son témoignage extrêmement glaçant et on sort marqué par cette lecture
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Voici le témoignage très intéresant de celui qui fut membre des SS, garde puis commandant d'Auschwitz avant d'être superviseur des camps de concentration, un homme qui a connu tous les aspects de cette industrie de mort.
Son point de vue est intéressant mais il ne faut jamais oublier que son propos tend à le rendre non responsable de bien des sévices qui ont eu lieu alors. Cet ouvrage est donc à mettre en parallèle avec de nombreux autres qui eux, présentent un autre point de vue. En connaissance des autres témoignages et textes d'historiens, il est intéressant de voir tout ce que Hoess omet ou modifie.
Pour tous ceux qui s'intéressent à la Shoah, un texte à lire.
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Témoignage du commandant d'Auschwitz rédigé dans sa prison avant son jugement puis son exécution. Très instructif mais à ne pas mettre entre toutes les mains car l'auteur cherche évidemment à se dédouanner et minimiser son rôle. Des petites phrases montrent que c'était un antisémiste convaincu et même s'il se présente comme celui qui exécute des ordres, il ne faut pas oublier qu'il a participé activement au massacre en repoussant toute humanité.
Un témoignage fondamental qui montre qu'il était avant tout un homme ce qui confirme que l'inhumanité procède, avant tout, de l'humain... c'est terrifiant!
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