Toi paisible et croissant comme une fleur à l'ombre
Moi ,heurté dans l'orage à des écueils sans nombre.
Attendez, doña Sol. Car cette heure est suprême,
Cette heure m’appartient; je n’ai plus qu’elle. Ainsi,
Laissez-moi m’expliquer avec le duc ici.
la flamme de tes yeux dont l'éclair est ma joie
HERNANI
Ce soir pourtant ma haine était bien loin.
Je n'avais qu'un désir, qu'une ardeur, qu'un besoin.
DOÑA SOL
Roi Carlos, à des filles de rien
Portez votre amourette, ou je pourrais fort bien,
Si vous m'osez traiter d'une façon infâme,
Vous montrez que je suis dame, et que je suis femme !
Le jour tu ne pourras, ô roi, tourner la tête,
Sans me voir immobile et sombre dans ta fête,
La nuit tu ne pourras tourner les yeux, ô roi,
Sans voir mes yeux ardents luire derrière toi !
HERNANI
Doña Sol ! ah ! c'est vous que je vois
Enfin ! et cette voix qui parle est votre voix !
Pourquoi le sort mit-il mes jours si loin des vôtres ?
J'ai tant besoin de vous pour oublier les autres !
Vous vouliez savoir si je me nomme
Perez ou Diego ? Non, je me nomme Hernani !
C''est un bien plus beau nom, c'est un nom de banni.
DONA SOL : Vous avez un empire auquel nul roi ne touche,
Si vaste, que jamais le soleil ne s'y couche !
Et quand vous avez tout, voudrez-vous, vous, le roi,
Me prendre, pauvre fille, à lui qui n'a que moi ?
HERNANI : Dites-moi votre nom.
DON CARLOS : Hé ! Dites-moi le vôtre !
HERNANI : Je le garde, secret et fatal, pour un autre
Qui doit un jour sentir, sous mon genou vainqueur,
Mon nom à son oreille, et ma dague à son cœur !