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Citations sur La Légende des siècles - Les Petites Epopées (60)

Il vient d' épuiser les plaisirs ;
Il a donné son pied à baiser aux vizirs ;
Sa musique a joué les fanfares connues ;
Des femmes ont dansé devant lui toutes nues ;
Il s' est adorer pas un tas prosterné
Des cheikhs et d' ulémas décrépits, étonné
Que la barbe fôt blanche alors que l' âme est vile ;
Il s' est fait amener des prisons de la ville
Deux voleurs qui se sont traînés à ses genous,
Criant grâce , implorant l' homme maître de tous,
Agitant à leurs poings de pesantes ferrailles ;
Et, curieux de voir s' échapper leurs entrailles ,
Il leur a lentement lui-même ouvert le flanc ;
Puis il a renvoyé ses esclaves, bâillant .
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Liberté !

De quel droit mettez-vous des oiseaux dans des cages ?

De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages,
Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents ?
De quel droit volez-vous la vie à ces vivants ?
Homme, crois-tu que Dieu, ce père, fasse naître
L'aile pour l'accrocher au clou de ta fenêtre ?
Ne peux-tu vivre heureux et content sans cela ?
Qu'est-ce qu'ils ont donc fait tous ces innocents-là
Pour être au bagne avec leur nid et leur femelle ?

Qui sait comment leur sort à notre sort se mêle ?
Qui sait si le verdier qu'on dérobe aux rameaux,
Qui sait si le malheur qu'on fait aux animaux
Et si la servitude inutile des bêtes
Ne se résolvent pas en Nérons sur nos têtes ?
Qui sait si le carcan ne sort pas des licous ?
Oh! de nos actions qui sait les contre-coups,
Et quels noirs croisements ont au fond du mystère
Tant de choses qu'on fait en riant sur la terre ?
Quand vous cadenassez sous un réseau de fer
Tous ces buveurs d'azur faits pour s'enivrer d'air,
Tous ces nageurs charmants de la lumière bleue,
Chardonneret, pinson, moineau franc, hochequeue,
Croyez-vous que le bec sanglant des passereaux
Ne touche pas à l'homme en heurtant ces barreaux ?

Prenez garde à la sombre équité. Prenez garde !
Partout où pleure et crie un captif, Dieu regarde.
Ne comprenez-vous pas que vous êtes méchants ?
À tous ces enfermés donnez la clef des champs !
Aux champs les rossignols, aux champs les hirondelles ;
Les âmes expieront tout ce qu'on fait aux ailes.
La balance invisible a deux plateaux obscurs.
Prenez garde aux cachots dont vous ornez vos murs !
Du treillage aux fils d'or naissent les noires grilles ;
La volière sinistre est mère des bastilles.
Respect aux doux passants des airs, des prés, des eaux !
Toute la liberté qu'on prend à des oiseaux
Le destin juste et dur la reprend à des hommes.
Nous avons des tyrans parce que nous en sommes.
Tu veux être libre, homme ? et de quel droit, ayant
Chez toi le détenu, ce témoin effrayant ?
Ce qu'on croit sans défense est défendu par l'ombre.
Toute l'immensité sur ce pauvre oiseau sombre
Se penche, et te dévoue à l'expiation.
Je t'admire, oppresseur, criant: oppression !
Le sort te tient pendant que ta démence brave
Ce forçat qui sur toi jette une ombre d'esclave
Et la cage qui pend au seuil de ta maison
Vit, chante, et fait sortir de terre la prison.
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« Et la pluie au-dehors gronde comme un déluge.
Du vieux toit crevassé d’où la rafale sort,
Une goutte parfois tombe sur ce front mort,
Glisse sur cette joue et devient une larme.
La vague sonne ainsi qu’une cloche d’alarme. »
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Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'œil était dans la tombe et regardait Caïn.
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XIV LE POËTE AU VER DE TERRE


Non, tu n’as pas tout, monstre ! et tu ne prends point l’âme.
Cette fleur n’a jamais subi ta bave infâme.
Tu peux détruire un monde et non souiller Caton.
Tu fais dire à Pyrrhon farouche : Que sait-on ?
Et c’est tout. Au-dessus de ton hideux carnage
Le prodigieux cœur du prophète surnage ;
Son char est fait d’éclairs ; tu n’en mords pas l’essieu.
Tu te vantes. Tu n’es que l’envieux de Dieu.
Tu n’es que la fureur de l’impuissance noire.
L’envie est dans le fruit, le ver est dans la gloire.
Soit. Vivons et pensons, nous qui sommes l’Esprit.
Toi, rampe. Sois l’atome effrayant qui flétrit
Et qui ronge et qui fait que tout ment sur la terre,
Mets cette tromperie au fond du grand mystère,
Le néant, sois le nain qui croit être le roi,
Serpente dans la vie auguste, glisse-toi,
Pour la faire avorter, dans la promesse immense ;
Ton lâche effort finit où le réel commence,
Et le juste, le vrai, la vertu, la raison,
L’esprit pur, le cœur droit, bravent ta trahison.
Tu n’es que le mangeur de l’abjecte matière.
La vie incorruptible est hors de ta frontière ;
Les âmes vont s’aimer au-dessus de la mort ;
Tu n’y peux rien. Tu n’es que la haine qui mord.
Rien tâchant d’être Tout, c’est toi. Ta sombre sphère
C’est la négation, et tu n’es bon qu’à faire
Frissonner les penseurs qui sondent le ciel bleu
Indignés, puisqu’un ver s’ose égaler à Dieu,
Puisque l’ombre atteint l’astre, et puisqu’une loi vile
Sur l’Homère éternel met l’éternel Zoïle.
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Le jour où ceci sur la terre
S' accomplissait, voici ce que voyait le ciel :

C' était dans l' endroit calme, apaisé, solennel
Où luit l' astre idéal sous l' idéal nuage,
Au-delà de la vie, et de l' heure, et de l' âge,
Hors de ce qu' on appelle espace, et des contours
Des songes qu' ici-bas nous nommons nuits et jours ;
Lieu d' évidence où l' âme enfin peut voir les causes ,
Où, voyant le revers inattendu des choses ,
On comprend, et l' on dit : C' est bien ! --l' autre côté
De la chimère sombre étant la vérité ;
Lieu blanc, chaste, où le mal s' évanouit et sombre,
L' étoile en cet azur semble une goutte d' ombre .
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LE SACRE DE LA FEMME
L' aurore apparaissait ; quelle aurore ? Un abîme
D ' éblouissements, vaste, insondable, sublime ;
Une ardente lueur de paix et de bonté .
C' était aux premiers temps du globe ; et la clarté
Brillait sereine au front du ciel inaccessible ,
Etant tout ce que Dieu peut avoir de visible ;
Tout s' illuminait , l' ombre et le brouillard obscur ;
Des avalanches d' or s' écroulaient dans l' azur ;
Le jour en flamme , au fond de la terre ravie ,
Embrasait les lointains splendides de la vie ;
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[L’AIGLE DU CASQUE]

Ce fut dans on ne sait quel ravin inconnu
Que Tiphaine atteignit le pauvre enfant farouche ;
L'enfant pris n'eut pas même un râle dans la bouche ;
Il tomba de cheval, et morne, épuisé, las,
Il dressa ses deux mains suppliantes, hélas !
Sa mère morte était dans le fond de la tombe,
Et regardait.

Tiphaine accourt, s'élance, tombe
Sur l'enfant, comme un loup dans les cirques romains,
Et d'un revers de hache il abat ces deux mains
Qui dans l'ombre élevaient vers les cieux la prière ;
Puis, par ses blonds cheveux dans une fondrière
Il le traîne.
Et riant de fureur, haletant,
Il tua l'orphelin et dit : Je suis content !
Ainsi rit dans son antre infâme la tarasque.

*

Alors l'aigle d'airain qu'il avait sur son casque,
Et qui, calme, immobile et sombre, l'observait,
Cria : Cieux étoilés, montagnes que revêt
L'innocente blancheur des neiges vénérables,
Ô fleuves, ô forêts, cèdres, sapins, érables,
Je vous prends à témoin que cet homme est méchant !
Et cela dit, ainsi qu'un piocheur fouille un champ,
Comme avec sa cognée un pâtre brise un chêne,
Il se mit à frapper à coups de bec Tiphaine ;
Il lui creva les yeux ; il lui broya les dents ;
Il lui pétrit le crâne en ses ongles ardents
Sous l'armet d'où le sang sortait comme d'un crible,
Le jeta mort à terre, et s'envola terrible.
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J'eus un rêve : le mur des siècles m'apparut.

C'était de la chair vive avec du granit brut,
Une immobilité faite d'inquiétude,
Un édifice ayant un bruit de multitude,
Des trous noirs étoilés par de farouches yeux,
Des évolutions de groupes monstrueux,
De vastes bas-reliefs, des fresques colossales ;
Parfois le mur s'ouvrait et laissait voir des salles,
Des antres où siégeaient des heureux, des puissants,
Des vainqueurs abrutis de crime, ivres d'encens,
Des intérieurs d'or, de jaspe et de porphyre ;
Et ce mur frissonnait comme un arbre au zéphire ;
Tous les siècles, le front ceint de tours ou d'épis,
Étaient là, mornes sphinx sur l'énigme accroupis ;
Chaque assise avait l'air vaguement animée ;
Cela montait dans l'ombre ; on eût dit une armée
Pétrifiée avec le chef qui la conduit
Au moment qu'elle osait escalader la Nuit ;
Ce bloc flottait ainsi qu'un nuage qui roule ;
C'était une muraille et c'était une foule ;
Le marbre avait le sceptre et le glaive au poignet,
La poussière pleurait et l'argile saignait,
Les pierres qui tombaient avaient la forme humaine.
Tout l'homme, avec le souffle inconnu qui le mène,
Ève ondoyante, Adam flottant, un et divers,
Palpitaient sur ce mur, et l'être, et l'univers,
Et le destin, fil noir que la tombe dévide.
Parfois l'éclair faisait sur la paroi livide
Luire des millions de faces tout à coup.
Je voyais là ce Rien que nous appelons Tout ;
Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages
Des générations à vau-l'eau dans les âges ;
Et devant mon regard se prolongeaient sans fin
Les fléaux, les douleurs, l'ignorance, la faim,
La superstition, la science, l'histoire,
Comme à perte de vue une façade noire.
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Puissance égale Bonté
Au commencement , Dieu vit un jour dans l' espace
Iblis venir à lui ; Dieu dit : -Veux-tu ta grâce ?
-Non, dit le Mal. Alors que me demandes-tu ?
-Dieu, répondit Iblis des ténèbres vêtu,
Joutaons à qui créera la chose la plus belle .
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