Je n'aime pas
Victor Hugo.
Allez-y, je m'offre en Saint Sébastien à vos traits acérés. Sa poésie notamment, effrayante de perfection formelle, on a l'impression d'être en présence d'un super calculateur, d'un ordinateur aux puissants processeurs qui a réponse à tout, qui combine toutes les rimes possibles. C'est inhumain, et paradoxalement ça sent trop la santé, la forte constitution de l'auteur. Je me ferais l'écho du jugement, peut être apocryphe, de
Gide, le plus grand poète français ? "
Victor Hugo hélas". À un parent qui reprochait à
Jimi Hendrix de faire des fausses notes en concert, j'étais tenté de dire, laisse les fausses notes, c'est ce qu'il y a de plus beaux ! Sans fausses notes pas d'improvisation, ni de créativité spontanée. Il semble que je m'égare, mais j'affirme, pour conclure, que j'échangerai toute la - volumineuse, production poétique de
Victor Hugo contre
Les Fleurs du mal de
Baudelaire.
Revenons à ce qui nous intéresse ici et je ferais pour une fois l'économie d'un résumé. Ce n'est pas un roman sur
Notre Dame de Paris c'est plutôt une évocation de
Paris en l'an de grâce 1482, sous le règne de l'austère Louis XI. Si vous désirez en savoir plus sur ce roi, tout en restant dans le cadre romanesque, je ne saurai trop vous conseiller la lecture de
Quentin Durward de
Walter Scott, auteur très important, qui influença une kyrielle d'auteurs français dans la veine du roman historique. À ceux qui ignoreraient tout de l'histoire je leur dirai, peu charitablement, qu'il s'agit d'une comédie musicale ou d'un dessin animé dont le vrai titre est le Bossu de Notre Dame. On commence la lecture, c'est remarquable, c'est de la soie, c'est un véritable velouté d'étrilles, on dirait du
Théophile Gautier. Lorsque, patatras (je l'aurai employé aux moins une fois dans ma vie), çà ne pouvait pas manquer, Hugo hugolise, il pontifie, il pérore, il digresse (et non dégraisse hélas ! ) il nous inflige trois passages explicatifs particulièrement fastidieux, trois morceaux de pain bis roulent dans le velouté. Il vous reste à attendre que le liquide soit absorbé par le pain, que ce dernier ramollisse et vous voilà obligé de manger le délicat et le roboratif, c'est indigeste. Tout l'élan du roman est oblitéré, il vous faut digérer et çà vous reste sur le ventre, on a dû mal à retrouver de l'allant. Et puis, miracle ! La magie opère de nouveau, le récit retrouve çà vivacité, bref, il vous restait du velouté d'étrilles dans la soupière.
Le roman est remarquable mais il a des défauts, des longueurs, qui m'oblige à dire que le roman de l'auteur que je préfère demeure
Quatre-vingt-treize, mais celui-ci vient tout de suite après devant
les Misérables même.
Non je n'aime pas
Victor Hugo...