La Hulotte, n°84

D'un Ardennais l'autre, de Rimbaud à Déom, le verbe passe ainsi que la couleur des voyelles. "E blanc... Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelle". L'emprunt poétique est de bon aloi d'autant que le naturaliste, en homme de souche, va s'y attarder quand le marcheur aux semelles ailées s'en détachait, sitôt vu dans un réel exacerbé. La grande berce est la plante sauvage la plus visitée avec 436 espèces d'insectes. Viennent ensuite le pissenlit puis la carotte sauvage avec respectivement 375 et 314 espèces visiteuses. La berce super généraliste est donc classée dans le groupe des "fleurs cornes d'abondance". L'ombellifère offre aux multiples pollinisateurs un nectar "super carburant, véritable or noir des insectes". À partir de cette base d'observation, Pierre Déom propose à ses lecteurs de se munir d'une loupe, d'un tube transparent et d'admirer quelques uns des multiples insectes volants présentés dans La Hulotte, une trentaine magnifiquement portraiturés à raison d'un par page et une quarantaine en tout. Les coléoptères ouvrent le bal avec la lepture, le clyte, la trichie, le clairon, la mordelle ou le téléphore fauve. Les hémiptères s'ensuivent avec les punaises ou encore la réduve irascible, chasseuse insatiable qui dissimule sous sa tête un aiguillon recourbé agrémenté d'une salive venimeuse. Les hyménoptères nantis de leurs quatre ailes membraneuses prennent le relais et ne déparent pas dans le ballet des beaux bizarres avec la macrophie, l'ichneumon et son abdomen décalé du thorax, insecte carnivore et parasitoïde de chenilles nuisibles, la guêpe rouge tueuse de mouche, le crabro et sa tête rectangulaire massive lui aussi chasseur de diptères, l'étonnant pompile des chemins qui parasite l'énorme araignée-loup. Les diptères enfin clôturent le petit guide entomologique. Identifiables grâce à leurs deux ailes, ils comptabilisent huit à dix mille espèces rien qu'en France. le sepsis à la puissante senteur de mélilot, une plante des chemins aux effluves vanillés, miellés et à l'odeur de foin frais, le sirphe, voltigeur hors pair, l'hélophile suspendu, l'éristale, exceptionnel diptère migrateur, la volucelle transparente et la tachinaire-hérisson sauvage, poilue, hirsute et repoussante composent un cocktail explosif et réjouissant. Pierre Déom a l'art et la manière de rendre captivant un mini guide sur les insectes : beaux dessins fouillés, informations scientifiques accessibles par l'humour et la pédagogie. Il n'oublie jamais de relier la science livresque au terrain afin d'émerveiller ses lecteurs.

Quel titre original que ce " Frissons d'ombrelles" du numéro 84 du journal le plus lu dans les terriers.
Non, il ne s'agit pas du dernier polar de l'été, mais d'un numéro consacré aux petites bêtes qui ont pour habitude de squatter les ombrelles.
Déjà, pour commencer, il faut être au clair avec ce qu'est une ombrelle. ici, La hulotte nous parle de plantes très fréquentes, que certains nomment carottes sauvages. Leurs fleurs blanches, regroupées en petits parasols, attirent foison de petits insectes.
Avec , une loupe, de la patience, et cet exemplaire de la Hulotte, on peut aller à la rencontre de bien curieux insectes.
Certaines bestioles, élégantes genre le Téléphore fauve ou le Syrphe manche à air peuvent croiser des affreux jojos genre la Tachinaire-Hérisson sauvage sur ces ombrelles qui attirent décidément beaucoup de monde !.
Il n'y a que La Hulotte qui est capable d'interesser ses lecteurs à des bestioles de ce genre, il faut le dire !!