AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,58

sur 54 notes
Huriya a vécu deux vies.
Sa première vie, c'est l'enfance d'un petit garçon à Marrakech, élevé par ses grands-parents après avoir été abandonné par sa mère comme étant un monstre.
L'enfant est né intersexué, c'est-à-dire présentant des organes des deux sexes à la fois (comme 2 % de la population mondiale : ce n'est pas une variation si rare.)
Sa mère : une femme libre, s'habillant et aimant à l'européenne, une mère scandaleuse, dont l'enfant est né de père inconnu.
Ta mère la pute, dit la grand-mère.
La grand-mère est un personnage abominable : cupide, raciste, vulgaire, à la fois bigote et adultère. Née dans un village de montagne, devenue domestique chez un Français, elle a été épousée par son patron quand il l'a mise enceinte – quand il est tombé "dans les rets de cette mante religieuse". Depuis, c'est la guerre : elle ne cesse, et ne cessera jamais, d'insulter son mari, ce "mécréant", et se vante de le tromper et de lui soutirer son argent.
Le grand-père se réfugie dans ses livres, et dans la bouteille, noyant le manque d'amour et les horribles souvenirs de la guerre. Sa bibliothèque est son repaire, et devient celui de l'enfant qu'il initie à la littérature.
Grandi dans ce couple bancal, l'enfant se construit tant bien que mal, ne se sentant à sa place nulle part.
Sa deuxième vie commence en arrivant à Paris pour étudier ; mais aussi pour assumer son intersexuation et devenir enfin une femme, se détacher de cette différence que la grand-mère cachait au hammam (Garde tes jambes serrées) ou au fqih qui voulait le circoncire (Impossible, son père était un Juif, invente-t-elle).
C'est une autobiographie très touchante, dans une écriture à la fois descriptive, la voix d'un enfant, et pleine d'émotion malgré quelques maladresses.

LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
Commenter  J’apprécie          250
« Huriya par Huriya » se déroulant au Maroc, pourrait être une invitation au voyage, au dépaysement. Mais la vie d'Huriya a été bien loin d'être un long fleuve tranquille, étant née intersexe, courant des années 70.

Sa première existence se déroule donc au Maroc, où elle naît, abandonnée par sa mère, qui pratique le plus vieux métier du monde, confiée à ses grands-parents maternels, un couple dysfonctionnel où le mépris de l'autre s'égrène dans chaque situation du quotidien.

Huriya se retrouve élevée par sa grand-mère, une femme vénale, ne cachant pas ses relations extra-conjugales et par son grand-père, un homme un peu fantasque, ancien soldat français et amoureux de la littérature. Celui-ci lui inculquera l'amour des mots et des livres.

Ensuite, sa seconde existence débute lors de son départ vers la France. C'est d'ailleurs cette deuxième partie qui m'a le plus plu dans le livre.

Il est incontestable que l'autrice a dû doublement se battre pour trouver sa place dans la société. C'est un Maroc, encore très traditionaliste qui est dépeint dans ce bouquin, bien loin des cartes postales et de l'ouverture d'esprit. le fanatisme s'y déploie à chaque coin de rue.

Par contre, je n'ai pas accroché au langage usité tout au long du récit, parsemé de nombreuses injures et propos assez « crus ». Je pense que ça matche direct ou non avec le lecteur. Non que j'aie été moi-même choquée (j'en ai lu d'autres) mais je pense sincèrement que ce n'est pas un livre à mettre entre toutes les mains. Ainsi, l'hypersexualisation pourra agacer plus d'un lecteur.

Je ressors donc mitigée de ce livre. La seconde partie m'a plus touchée et a « sauvé » ma lecture. J'y ai moins eu l'impression de me trouver dans le « trop ».

Malgré cela, je salue le courage d'Huriya d'avoir livré ce témoignage, chose qui a dû être terriblement difficile.

Ceci n'est, bien sûr, que mon humble avis personnel. Je ne peux que vous inciter à lire ce livre et à vous forger votre propre opinion.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
Commenter  J’apprécie          220
Je referme ce livre avec un sentiment mitigé. La lecture de la première partie m'a pesé.

Ce mélange de fatalisme, de religieux, de mensonges, de tromperies, de dissimulations et de sexe sur lesquels l'auteur s'attarde longuement m'a ennuyée, je dirais même plus agacée.

Dès les premières pages, le ton est donné.

La mère et la grand-mère d'Huriya ne se distinguent pas par leur vertu dans un milieu où le poids de la coutume, de la religion et du qu'en dira-t-on est telllement important qu'il les amène à dissimuler, calculer, feindre, tromper, arnaquer.

L'oeil des autres, les préceptes religieux, la supertistion, le poids des interdits, le conformisme pèsent sur ces vies. Surveiller l'autre, en parler semble être pratique courante, banale et la vie des gens en est façonnée. Comme l'eau qui serait empêchée de couler ; la vie et ses élans, freinée par les interdits, se fraie un chemin clandestin, tortueux, nauséeeux.

Un personnage lumineux sort du lot, c'est le grand-père d'Huriya, un français, athée qui transmet à Huriya son amour des livres, de la vie, du sol marocain. Cet amour , il le vit aussi envers ceux qui l'entourent. Cet homme transmet ses fondamentaux à Huriya, c'est à lui qu'elle doit d'être ce qu'elle est : libre, aimante, intelligente et sensible.

La deuxième partie du roman, les derniers chapitres sont hantés par ce grand-père, par sa manière d'être en relation et de permettre à Huriya de grandir. Et cette deuxième partie me permet de nuancer mon avis sur ce livre. Huriya grossit peut-être le trait, cherche sans doute à provoquer ; elle nous amène à mesurer le poids du conformisme , des interdits religieux, de la tradition sur la construction d'une vie.

La littérature est décrite comme une fenêtre ouverte sur le monde, libératrice et contribuant à construire des personnes humaines au grand coeur, à la pensée libre et ouverte.

Je clôture donc cette chronique dans le mouvement inverse à son ouverture : si vous ne craignez pas les mots crus, la trivialité de la vie, plongez dans cet écrit et retirez en la substantifique moelle.
Lien : https://bafouilles.jimdofree..
Commenter  J’apprécie          40
Ce livre est composé de 2 parties. La première où l'on voit naître celui qu'on nommera Moulay Saïd, un petit garçon. Mais ce garçon est né avec les 2 sexes et se sentira davantage femme. Petit blond aux yeux bleus. Sa mère, franco-marocaine, n'a pas voulu de lui, même si au Maroc, les garçons ont plus de valeur que les filles qui naissent. Elle ne sait même pas qui est son père car c'est une fille de joie.. Ils ont fait croire qu'ils était le fils du frère de sa grand-mère..
Moulay Saïd connaît le Coran par coeur.
Dans la deuxième partie, c'est Moulay Saïd qui est devenu lui, c'est-à-dire une femme, Huriya, et qui est en couple avec Myriam. Elles ont acheté une librairie, car la culture a toujours été importante dans la vie d'Huriya. Elle y fera venir son grand-père, avec qui elle a un beau lien, et il sera fier d'elle.

On apprend des us et coutumes marocaines dans ce livre. Cela parle parfois crûment de sexe.
On voit qu'il existe des femmes marocaines modernes qui ne se laissent pas marcher sur les pieds et sont complètement indépendantes (il est dit que le Maroc est le Moyen-Age déguisé en modernité).

Une belle histoire.
Commenter  J’apprécie          40
Tout d abord merci masse critique pour la sélection . Si l'on se fie aux quelques informations contenues dans la présentation de l'autrice dans la
quatrième de couverture, et l'on prend en compte le titre à caractère autoréflexif, Huriya
par Huriya, on peut dire qu'il s'agit d'un roman à caractère autobiographique. Comme
l'autrice, l'héroïne qui porte le même prénom, un pseudonyme, que l'autrice, est née à
Marrakech et a quitté son pays natal, le Maroc, à l'âge de 17 ans. C'est un livre dense, je
dirais presque cathartique puisque la narratrice dévoile et raconte son histoire en livrant ses
sentiments le plus intimes. Huriya use en les alternant de deux styles : l'un très poétique,
imagé, voire parfois à connotation philosophique, certains passages sont très beaux, et un
autre très familier voire parfois vulgaire, quand il s‘agit de décrire des réalités quotidiennes
ou de rapporter des conversations de son entourage. L'histoire est très intéressante malgré
quelques lourdeurs dues essentiellement à des répétitions nées je crois de cette volonté de
saisir tous les détails des personnages. Des personnages croqués sans complaisance dont la
description confine parfois au manichéisme : une grand-mère marocaine, à forte
personnalité, analphabète, superstitieuse, sans morale et vouant une haine sans limite aux
Français, anciens colonisateurs, et un grand-père français, sensible, passif, lettré et
amoureux des livres, de la littérature et de la langue françaises qui fait découvrir à Huria cet
univers qui la sauvera des affres d'un Maroc sclérosé où la femme subit au quotidien toute
sortes de supplices et d'humiliation. Quand on lit ce roman, on comprend pourquoi l'autrice
ne révèle pas sa vraie identité. La charge menée contre toutes sortes d'hypocrisie et
dogmatisme, surtout dans le domaine religieux, et plus précisément dans le monde
musulman, est tellement féroce que cela peut choquer beaucoup de croyants.
Commenter  J’apprécie          20
S'agissant d'une biographie romancée, je salue le témoignage sûrement difficile de l'auteure.
Néanmoins, j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher au personnage de Huriya dont on parle finalement très peu et qui se dévoile seulement au détour de considérations générales.
J'aurais aimé comprendre le choix de devenir femme et les étapes de sa construction.
Je regrette aussi l'hypersexualisation de tous les rapports que les personnes qui entourent Huriya entretiennent entre eux, donnant l'impression de coquilles vides guidées par leurs pulsions.
L'auteure fais la part belle à la religion, le patriarcat, les coutumes et tout ce qui peut l'empêcher de se sentir libre au point qu'on s'y perd un peu…

En bref, un roman auquel je n'ai pas adhéré et qui semble plus être une satire de la société marocaine que le récit assumé d'un choix de vie.

Lien : https://www.instagram.com/Ne..
Commenter  J’apprécie          20
Je découvre cette autrice dans le cadre du prix du meilleur roman 2024. Huriya est abandonnée par sa mère. Elle est élevée par ses grand-parents que tout oppose. C'est le récit des hypocrisies de la religion et des pièges qui se referment sur les femmes. J'ai adoré ce livre et bien sur, j'en conseille la lecture. C'est une histoire inoubliable. Sylvain.
Commenter  J’apprécie          10
&#xNaNC'était le protectorat. La France était sûre d'elle-même. Arrogante, elle a imposé sa puissance. C'était une époque rugissante où les Français faisaient ce qu'ils voulaient sous prétexte d'une "oeuvre civilisatrice"&#xNaN

Première chronique pour le prix du meilleur roman des @editionspoints et... Comment réussir à parler de ce livre correctement ?

Disons les choses franchement, je suis ressortie très très déstabilisée, déçue et même écoeurée de cette lecture. Pourtant j'en espérais beaucoup de choses sur le papier : récit intime d'une personne intersexe née au Maroc dans les années 70, abandonnée par sa mère et élevée par sa grand-mère berbère et son grand-père françaoui. J'imaginais une histoire sur L Histoire justement, sur les rapports familiaux complexes mais réalistes, sur le poids de la (dé)colonisation, sur ce que c'est de grandir dans une société qui a été occupée et qui reprend ses droits.

Je n'ai eu que très peu de ça. A contrario, je suis tombée sur un texte d'une crudité et d'une vulgarité gênante. Était-ce volontaire de la part d'Huriya pour choquer et cracher sa détresse face à une société traditionaliste mais hypocrite ? Était-ce une licence artistique de sa part ? Toujours est-il que je n'ai pas su adhérer à ce mode d'écriture, qui m'a mise profondément mal à l'aise. Peut-être était-ce là la volonté d'Huriya ? Nous confronter à nos contradictions, à nos certitudes et à leur foutre une claque monumentale à base de vocabulaire cru ?

Au final, l'autrice / narratrice se dévoile très peu, à l'exception de quelques passages dans la deuxième partie, mais qu'il a été difficile de créer un lien à son encontre ! D'ailleurs je n'ai pas réussi. Je garde de cette lecture une impression très mitigée, je me suis sentie écoeurée à bien des reprises, le summum étant sans doute lorsque son grand-père (alcoolique, de 65 ans) entame une liaison avec la bonne de 16 ans. Pourtant ce n'était, au départ, pas le pire des personnages 🫠

Bref, je sais déjà que ce livre n'aura pas mon vote et qu'il ne restera pas sur mes étagères.

&#xNaN Aurais-tu des romans sur le Maroc à me recommander ? Penses-tu quand même te laisser tenter par Huriya ?
Commenter  J’apprécie          10
Dans une langue merveilleuse et un style de feu, l'autrice nous offre un très grand livre. Huriya nous raconte son enfance à Marrakech dans une société post-coloniale. J'ai adoré le grand-père qui m'a fait pleurer à la fin du livre. Il faut absolument lire ce livre et Huriya est une très grande écrivaine. J'attends avec impatience son prochain livre. J'ai lu HURIRA PAR HURIYA dans le cadre du prix du meilleur roman 2024. Je vote bien-sûr pour Huriya. Caro.
Commenter  J’apprécie          10
Ce roman proposé par Huriya est paru aux éditions Points en avril 2023.
Il semble s'agir d'une autobiographie mais rien n'indique que l'histoire est vraie à 100 %. Cette non précision est dommage car dans ce récit l'auteure n'est pas avare de détails et en tant que lectrice j'aurais apprécié pouvoir démêler le vrai de la fiction.

Ce roman est scindé en deux parties. Dans la première, l'auteur relate sa petite enfance au Maroc. Né inter-sexe, l'enfant est assigné garçon. Enfant fruit de la prostitution, il est élevé par ses grands-parents. Sa grand-mère est musulmane, elle est décrite comme une femme hypocrite et tyrannique. Son grand-père est français, athée, il a connu les traumatismes de la guerre et s'est réfugié dans l'alcool. Dans la seconde partie, il part étudier à Paris et peut enfin devenir femme. Huriya peut alors vivre pleinement sa vie de femme et s'épanouit tant professionnellement que sentimentalement. Un jour cependant, elle doit retourner au Maroc…

Mon avis sur ce roman est plutôt très positif.

Tout d'abord j'ai beaucoup apprécié la densité et le rythme lent de ce livre qui m'ont permis d'apprécier chaque personnage et de les retrouver avec grand plaisir au fil des pages. J'ai trouvé que l'histoire de cette personne était passionnante.

L'auteure écrit sans langue de bois. Malgré quelques idées répétitives et un peu trop appuyées, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Elle est très critique et très cash par rapport aux moeurs de son pays mais on ressent malgré tout son attachement à sa terre natale. J'aurais peut-être aimé connaitre un peu mieux le cheminement intellectuel de l'auteur par rapport aux événements qu'elle a vécu mais cela ne m'a pas manqué plus que cela.

La seule chose que je n'ai pas aimé par contre, c'est les trop nombreuses insistances sur la sexualité des gens. Ainsi, j'ai trouvé dommage que l'auteure ne parle de son amante que sur le plan sexuel au détriment des sentiments.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (86) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1722 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..