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sur 54 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Huriya a vécu deux vies.
Sa première vie, c'est l'enfance d'un petit garçon à Marrakech, élevé par ses grands-parents après avoir été abandonné par sa mère comme étant un monstre.
L'enfant est né intersexué, c'est-à-dire présentant des organes des deux sexes à la fois (comme 2 % de la population mondiale : ce n'est pas une variation si rare.)
Sa mère : une femme libre, s'habillant et aimant à l'européenne, une mère scandaleuse, dont l'enfant est né de père inconnu.
Ta mère la pute, dit la grand-mère.
La grand-mère est un personnage abominable : cupide, raciste, vulgaire, à la fois bigote et adultère. Née dans un village de montagne, devenue domestique chez un Français, elle a été épousée par son patron quand il l'a mise enceinte – quand il est tombé "dans les rets de cette mante religieuse". Depuis, c'est la guerre : elle ne cesse, et ne cessera jamais, d'insulter son mari, ce "mécréant", et se vante de le tromper et de lui soutirer son argent.
Le grand-père se réfugie dans ses livres, et dans la bouteille, noyant le manque d'amour et les horribles souvenirs de la guerre. Sa bibliothèque est son repaire, et devient celui de l'enfant qu'il initie à la littérature.
Grandi dans ce couple bancal, l'enfant se construit tant bien que mal, ne se sentant à sa place nulle part.
Sa deuxième vie commence en arrivant à Paris pour étudier ; mais aussi pour assumer son intersexuation et devenir enfin une femme, se détacher de cette différence que la grand-mère cachait au hammam (Garde tes jambes serrées) ou au fqih qui voulait le circoncire (Impossible, son père était un Juif, invente-t-elle).
C'est une autobiographie très touchante, dans une écriture à la fois descriptive, la voix d'un enfant, et pleine d'émotion malgré quelques maladresses.

LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
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Je referme ce livre avec un sentiment mitigé. La lecture de la première partie m'a pesé.

Ce mélange de fatalisme, de religieux, de mensonges, de tromperies, de dissimulations et de sexe sur lesquels l'auteur s'attarde longuement m'a ennuyée, je dirais même plus agacée.

Dès les premières pages, le ton est donné.

La mère et la grand-mère d'Huriya ne se distinguent pas par leur vertu dans un milieu où le poids de la coutume, de la religion et du qu'en dira-t-on est telllement important qu'il les amène à dissimuler, calculer, feindre, tromper, arnaquer.

L'oeil des autres, les préceptes religieux, la supertistion, le poids des interdits, le conformisme pèsent sur ces vies. Surveiller l'autre, en parler semble être pratique courante, banale et la vie des gens en est façonnée. Comme l'eau qui serait empêchée de couler ; la vie et ses élans, freinée par les interdits, se fraie un chemin clandestin, tortueux, nauséeeux.

Un personnage lumineux sort du lot, c'est le grand-père d'Huriya, un français, athée qui transmet à Huriya son amour des livres, de la vie, du sol marocain. Cet amour , il le vit aussi envers ceux qui l'entourent. Cet homme transmet ses fondamentaux à Huriya, c'est à lui qu'elle doit d'être ce qu'elle est : libre, aimante, intelligente et sensible.

La deuxième partie du roman, les derniers chapitres sont hantés par ce grand-père, par sa manière d'être en relation et de permettre à Huriya de grandir. Et cette deuxième partie me permet de nuancer mon avis sur ce livre. Huriya grossit peut-être le trait, cherche sans doute à provoquer ; elle nous amène à mesurer le poids du conformisme , des interdits religieux, de la tradition sur la construction d'une vie.

La littérature est décrite comme une fenêtre ouverte sur le monde, libératrice et contribuant à construire des personnes humaines au grand coeur, à la pensée libre et ouverte.

Je clôture donc cette chronique dans le mouvement inverse à son ouverture : si vous ne craignez pas les mots crus, la trivialité de la vie, plongez dans cet écrit et retirez en la substantifique moelle.
Lien : https://bafouilles.jimdofree..
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Ce livre est composé de 2 parties. La première où l'on voit naître celui qu'on nommera Moulay Saïd, un petit garçon. Mais ce garçon est né avec les 2 sexes et se sentira davantage femme. Petit blond aux yeux bleus. Sa mère, franco-marocaine, n'a pas voulu de lui, même si au Maroc, les garçons ont plus de valeur que les filles qui naissent. Elle ne sait même pas qui est son père car c'est une fille de joie.. Ils ont fait croire qu'ils était le fils du frère de sa grand-mère..
Moulay Saïd connaît le Coran par coeur.
Dans la deuxième partie, c'est Moulay Saïd qui est devenu lui, c'est-à-dire une femme, Huriya, et qui est en couple avec Myriam. Elles ont acheté une librairie, car la culture a toujours été importante dans la vie d'Huriya. Elle y fera venir son grand-père, avec qui elle a un beau lien, et il sera fier d'elle.

On apprend des us et coutumes marocaines dans ce livre. Cela parle parfois crûment de sexe.
On voit qu'il existe des femmes marocaines modernes qui ne se laissent pas marcher sur les pieds et sont complètement indépendantes (il est dit que le Maroc est le Moyen-Age déguisé en modernité).

Une belle histoire.
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Tout d abord merci masse critique pour la sélection . Si l'on se fie aux quelques informations contenues dans la présentation de l'autrice dans la
quatrième de couverture, et l'on prend en compte le titre à caractère autoréflexif, Huriya
par Huriya, on peut dire qu'il s'agit d'un roman à caractère autobiographique. Comme
l'autrice, l'héroïne qui porte le même prénom, un pseudonyme, que l'autrice, est née à
Marrakech et a quitté son pays natal, le Maroc, à l'âge de 17 ans. C'est un livre dense, je
dirais presque cathartique puisque la narratrice dévoile et raconte son histoire en livrant ses
sentiments le plus intimes. Huriya use en les alternant de deux styles : l'un très poétique,
imagé, voire parfois à connotation philosophique, certains passages sont très beaux, et un
autre très familier voire parfois vulgaire, quand il s‘agit de décrire des réalités quotidiennes
ou de rapporter des conversations de son entourage. L'histoire est très intéressante malgré
quelques lourdeurs dues essentiellement à des répétitions nées je crois de cette volonté de
saisir tous les détails des personnages. Des personnages croqués sans complaisance dont la
description confine parfois au manichéisme : une grand-mère marocaine, à forte
personnalité, analphabète, superstitieuse, sans morale et vouant une haine sans limite aux
Français, anciens colonisateurs, et un grand-père français, sensible, passif, lettré et
amoureux des livres, de la littérature et de la langue françaises qui fait découvrir à Huria cet
univers qui la sauvera des affres d'un Maroc sclérosé où la femme subit au quotidien toute
sortes de supplices et d'humiliation. Quand on lit ce roman, on comprend pourquoi l'autrice
ne révèle pas sa vraie identité. La charge menée contre toutes sortes d'hypocrisie et
dogmatisme, surtout dans le domaine religieux, et plus précisément dans le monde
musulman, est tellement féroce que cela peut choquer beaucoup de croyants.
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Ce roman proposé par Huriya est paru aux éditions Points en avril 2023.
Il semble s'agir d'une autobiographie mais rien n'indique que l'histoire est vraie à 100 %. Cette non précision est dommage car dans ce récit l'auteure n'est pas avare de détails et en tant que lectrice j'aurais apprécié pouvoir démêler le vrai de la fiction.

Ce roman est scindé en deux parties. Dans la première, l'auteur relate sa petite enfance au Maroc. Né inter-sexe, l'enfant est assigné garçon. Enfant fruit de la prostitution, il est élevé par ses grands-parents. Sa grand-mère est musulmane, elle est décrite comme une femme hypocrite et tyrannique. Son grand-père est français, athée, il a connu les traumatismes de la guerre et s'est réfugié dans l'alcool. Dans la seconde partie, il part étudier à Paris et peut enfin devenir femme. Huriya peut alors vivre pleinement sa vie de femme et s'épanouit tant professionnellement que sentimentalement. Un jour cependant, elle doit retourner au Maroc…

Mon avis sur ce roman est plutôt très positif.

Tout d'abord j'ai beaucoup apprécié la densité et le rythme lent de ce livre qui m'ont permis d'apprécier chaque personnage et de les retrouver avec grand plaisir au fil des pages. J'ai trouvé que l'histoire de cette personne était passionnante.

L'auteure écrit sans langue de bois. Malgré quelques idées répétitives et un peu trop appuyées, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Elle est très critique et très cash par rapport aux moeurs de son pays mais on ressent malgré tout son attachement à sa terre natale. J'aurais peut-être aimé connaitre un peu mieux le cheminement intellectuel de l'auteur par rapport aux événements qu'elle a vécu mais cela ne m'a pas manqué plus que cela.

La seule chose que je n'ai pas aimé par contre, c'est les trop nombreuses insistances sur la sexualité des gens. Ainsi, j'ai trouvé dommage que l'auteure ne parle de son amante que sur le plan sexuel au détriment des sentiments.
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Huriya est élevée par sa grand-mère berbère très religieuse et par son grand-père le "francaoui" grand lecteur et alcoolique, un mécréant aux yeux de cette grand-mère. Huriya est né avec les deux sexe mais est elevé comme un garçon, néanmoins le genre n'est pas au coeur du livre. Le/la narrateur/trice dresse un portrait très critique des moeurs marocaines où fanatisme religieux et hypocrisie dominent. La grand-mère est absolument odieuse mais cela réserve d'assez grands moments de comique, vers le milieu du livre, entre elle et le grand-père.
Le langage est parfois cru et peut mettre mal à l'aise mais dans l'ensemble c'est un roman autobiographique réussi. Je me demande pourquoi dans l'édition Points le titre à été changé puisque le titre initial est "Entre les jambes".
Livre lu dans le cadre du prix du roman Points.
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Une écriture féroce !

Huriya, s'il fallait décrire ce livre, exercice de haute voltige tant il est dense, serait un concentré d'émotions à l'état brut. Un mélange de férocité et de force qui prend aux tripes.

Huriya né intersexe se raconte. D'abord son enfance, petit garçon balloté entre deux cultures et deux religions dans un Maroc que je ne connaissais pas sous ce visage si noir, cruel, impitoyable, fourbe, asphyxié. Puis sa vie à Paris, belle femme blonde, assumée et enfin elle. A sa place.

Huriya est avant tout une galerie de magnifiques portraits. La grand-mère, cruelle manipulatrice, que l'on se prend à détester. le grand-père, mon coup de coeur, alcoolique, victime consentante qui ne vit sa vie que par procuration dans les récits de ses auteurs fétiches. Et enfin le Maroc, personnage à part entière, bien laid. J'ose espérer que le point de vue de l'auteur influencé par son ressenti n'est pas le reflet du peuple marocain. Certains clichés culturels m'ont quand même sauté aux yeux.

Le style est cru, sans fard, l'auteur parle beaucoup de sexualité. Parfois les descriptions de scènes ont été trop hard pour moi, parfois je les ai lues sans même m'y attarder, habituée, résignée... Je m'interroge cependant, le récit aurait-il perdu de sa force en allégeant ses passages si crus ? Je ne suis pas sûre, bref, assurément un livre à ne pas mettre dans toutes les mains quand même.

Huriya m'a éclairé sur la religion musulmane et j'ai trouvé très intéressant de lire un point de vue de l'intérieur. 

A lire pour se faire sa propre opinion. (Âme prude s'abstenir !)
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Mektoub, la destinée, la fatalité au Maroc. Celle de Huriya qui présageait le malheur peut elle être inversée?
Huriya, l'enfant intersexe est une malédiction pour sa mère qui l'abandonne. Elles ne se reverront jamais.
L'enfant sera élevé par sa grand-mère berbère et son grand -Père français: Une famille improbable où vont s'affronter deux conceptions de la vie et peser sur l'éducation de Huriya qui s'appelle encore Moulay.
D'une part une éducation musulmane où le poids de la religion et des coutumes imposée par la grand- mère prévalent, une grand- mère décrite méchante, égoïste, vénale, raciste dont le seul acte de générosité aura été d'élever cet enfant .
D'autre part le grand -père athée, alcoolique, l'inscrit à l'école française et lui fait découvrir la littérature. A 9 ans, Mulay lisait les fleurs du Mal.
La seconde partie de cette autobiographie raconte le départ en France pour poursuivre des études et la renaissance en Huriya.
Mektoub!
En filigrane, on découvre Marrakech et la société marocaine post colonisation, bien loin de l'image de carte postale destinée aux touristes.

J'aurai aimé comprendre pourquoi la grand-mère, si soucieuse du qu'en dira t-on, si égoïste et qui ne retient de la religion que ce qui l'arrange, avait accepté cet enfant. Il est vrai que dans ce pays comme le dit Huriya, on ne sait pas dire « je t'aime ».

Une lecture qui ne laisse pas, indifférent et que je vous recommande.
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Comment traiter des sujets compliqués tels que le racisme, le mariage mixte, l'archaïsme de la part des dictats religieux, la dualité sexuelle, les droits de la femme...? Huriya par Huriya a réussi ce pari et avec l'idée de partager une liberté de croire, de penser, d'agir et de se respecter. Bel hommage à la condition humaine.
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Je me suis très rapidement attachée à Huriya, abandonné par sa mère et confié aux bons (?) soins de ses grands-parents, écartelé entre deux cultures, deux religions, des croyances et des pratiques différentes, baignant dans un monde où la sexualité dégouline, entre tabous et hypocrisie sous couvert de religion. Pour Huriya, c'est le choc des cultures (et un peu pour moi aussi). Heureusement qu'il peut compter sur son grand-père pour qui j'ai eu un coup de coeur. Né intersexe et élevé comme un garçon au Maroc, Huriya ne deviendra lui, ne s'affranchira qu'une fois en France.
Je sors enrichie de cette lecture qui dépeint une fresque du Maroc à la période post-colonisation. Une histoire puissante qui va me marquer et qui ouvre les yeux. Un récit important pour toutes les femmes.
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