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EAN : 9782757891445
336 pages
Points (21/04/2023)
3.58/5   54 notes
Résumé :
"Une langue furieuse d'amour et de lucidité que l'on dirait libre, en écho à son propre nom". Le Monde Né intersexe dans le Maroc des années 1970, Huriya est élevée par ses grands-parents, après avoir été abandonnée par sa mère. L'enfant grandit au sein d'un couple divisé sur tous les sujets (éducation, sexualité, religion), qui n'a qu'un seul point commun, Huriya. Ce récit est celui d'une enfance nourrie par des identités plurielles et des valeurs parfois antagonis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 54 notes
Huriya a vécu deux vies.
Sa première vie, c'est l'enfance d'un petit garçon à Marrakech, élevé par ses grands-parents après avoir été abandonné par sa mère comme étant un monstre.
L'enfant est né intersexué, c'est-à-dire présentant des organes des deux sexes à la fois (comme 2 % de la population mondiale : ce n'est pas une variation si rare.)
Sa mère : une femme libre, s'habillant et aimant à l'européenne, une mère scandaleuse, dont l'enfant est né de père inconnu.
Ta mère la pute, dit la grand-mère.
La grand-mère est un personnage abominable : cupide, raciste, vulgaire, à la fois bigote et adultère. Née dans un village de montagne, devenue domestique chez un Français, elle a été épousée par son patron quand il l'a mise enceinte – quand il est tombé "dans les rets de cette mante religieuse". Depuis, c'est la guerre : elle ne cesse, et ne cessera jamais, d'insulter son mari, ce "mécréant", et se vante de le tromper et de lui soutirer son argent.
Le grand-père se réfugie dans ses livres, et dans la bouteille, noyant le manque d'amour et les horribles souvenirs de la guerre. Sa bibliothèque est son repaire, et devient celui de l'enfant qu'il initie à la littérature.
Grandi dans ce couple bancal, l'enfant se construit tant bien que mal, ne se sentant à sa place nulle part.
Sa deuxième vie commence en arrivant à Paris pour étudier ; mais aussi pour assumer son intersexuation et devenir enfin une femme, se détacher de cette différence que la grand-mère cachait au hammam (Garde tes jambes serrées) ou au fqih qui voulait le circoncire (Impossible, son père était un Juif, invente-t-elle).
C'est une autobiographie très touchante, dans une écriture à la fois descriptive, la voix d'un enfant, et pleine d'émotion malgré quelques maladresses.

LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
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« Huriya par Huriya » se déroulant au Maroc, pourrait être une invitation au voyage, au dépaysement. Mais la vie d'Huriya a été bien loin d'être un long fleuve tranquille, étant née intersexe, courant des années 70.

Sa première existence se déroule donc au Maroc, où elle naît, abandonnée par sa mère, qui pratique le plus vieux métier du monde, confiée à ses grands-parents maternels, un couple dysfonctionnel où le mépris de l'autre s'égrène dans chaque situation du quotidien.

Huriya se retrouve élevée par sa grand-mère, une femme vénale, ne cachant pas ses relations extra-conjugales et par son grand-père, un homme un peu fantasque, ancien soldat français et amoureux de la littérature. Celui-ci lui inculquera l'amour des mots et des livres.

Ensuite, sa seconde existence débute lors de son départ vers la France. C'est d'ailleurs cette deuxième partie qui m'a le plus plu dans le livre.

Il est incontestable que l'autrice a dû doublement se battre pour trouver sa place dans la société. C'est un Maroc, encore très traditionaliste qui est dépeint dans ce bouquin, bien loin des cartes postales et de l'ouverture d'esprit. le fanatisme s'y déploie à chaque coin de rue.

Par contre, je n'ai pas accroché au langage usité tout au long du récit, parsemé de nombreuses injures et propos assez « crus ». Je pense que ça matche direct ou non avec le lecteur. Non que j'aie été moi-même choquée (j'en ai lu d'autres) mais je pense sincèrement que ce n'est pas un livre à mettre entre toutes les mains. Ainsi, l'hypersexualisation pourra agacer plus d'un lecteur.

Je ressors donc mitigée de ce livre. La seconde partie m'a plus touchée et a « sauvé » ma lecture. J'y ai moins eu l'impression de me trouver dans le « trop ».

Malgré cela, je salue le courage d'Huriya d'avoir livré ce témoignage, chose qui a dû être terriblement difficile.

Ceci n'est, bien sûr, que mon humble avis personnel. Je ne peux que vous inciter à lire ce livre et à vous forger votre propre opinion.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Lu dans le cadre de l'élection du meilleur roman Points 2024 :

J'adore les biographies et les autobiographies ! Recevoir ce lire à donc été une grande joie. N'en ayant jamais entendu parler avant, je me suis donc plongé à l'aveugle dans ce récit, et je n'ai pas été déçue. Loin d'être une vie ordinaire, Huryia à su me transporter dans un Maroc très personnel, et très dur. Une fois le décor géographique planté, c'est le décor familiale que j'ai découvert, et avec horreur. Comment une grand-mère peut être aussi marâtre et horrible avec son petit-enfant ?!? Je peux comprendre qu'à l'époque, la citation devait être dur, et l'ouverture d'esprit, et la connaissance de cette identité n'était pas évident. Il est donc facile pour moi de donner mon jugement de femme du XXIe siècle sur cette femme d'un autre temps. Mais tout de même. J'étais bien contente pour Huryia quand elle a pu partir et faire ses études à Paris. Enfin, contente, avant de découvrir tout le reste qui l'attendait. Je suis passé par beaucoup d'émotion dans ce roman, et j'ai beaucoup aimé apprendre de son expérience de vie.
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Tout d abord merci masse critique pour la sélection . Si l'on se fie aux quelques informations contenues dans la présentation de l'autrice dans la
quatrième de couverture, et l'on prend en compte le titre à caractère autoréflexif, Huriya
par Huriya, on peut dire qu'il s'agit d'un roman à caractère autobiographique. Comme
l'autrice, l'héroïne qui porte le même prénom, un pseudonyme, que l'autrice, est née à
Marrakech et a quitté son pays natal, le Maroc, à l'âge de 17 ans. C'est un livre dense, je
dirais presque cathartique puisque la narratrice dévoile et raconte son histoire en livrant ses
sentiments le plus intimes. Huriya use en les alternant de deux styles : l'un très poétique,
imagé, voire parfois à connotation philosophique, certains passages sont très beaux, et un
autre très familier voire parfois vulgaire, quand il s‘agit de décrire des réalités quotidiennes
ou de rapporter des conversations de son entourage. L'histoire est très intéressante malgré
quelques lourdeurs dues essentiellement à des répétitions nées je crois de cette volonté de
saisir tous les détails des personnages. Des personnages croqués sans complaisance dont la
description confine parfois au manichéisme : une grand-mère marocaine, à forte
personnalité, analphabète, superstitieuse, sans morale et vouant une haine sans limite aux
Français, anciens colonisateurs, et un grand-père français, sensible, passif, lettré et
amoureux des livres, de la littérature et de la langue françaises qui fait découvrir à Huria cet
univers qui la sauvera des affres d'un Maroc sclérosé où la femme subit au quotidien toute
sortes de supplices et d'humiliation. Quand on lit ce roman, on comprend pourquoi l'autrice
ne révèle pas sa vraie identité. La charge menée contre toutes sortes d'hypocrisie et
dogmatisme, surtout dans le domaine religieux, et plus précisément dans le monde
musulman, est tellement féroce que cela peut choquer beaucoup de croyants.
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&#xNaNC'était le protectorat. La France était sûre d'elle-même. Arrogante, elle a imposé sa puissance. C'était une époque rugissante où les Français faisaient ce qu'ils voulaient sous prétexte d'une "oeuvre civilisatrice"&#xNaN

Première chronique pour le prix du meilleur roman des @editionspoints et... Comment réussir à parler de ce livre correctement ?

Disons les choses franchement, je suis ressortie très très déstabilisée, déçue et même écoeurée de cette lecture. Pourtant j'en espérais beaucoup de choses sur le papier : récit intime d'une personne intersexe née au Maroc dans les années 70, abandonnée par sa mère et élevée par sa grand-mère berbère et son grand-père françaoui. J'imaginais une histoire sur L Histoire justement, sur les rapports familiaux complexes mais réalistes, sur le poids de la (dé)colonisation, sur ce que c'est de grandir dans une société qui a été occupée et qui reprend ses droits.

Je n'ai eu que très peu de ça. A contrario, je suis tombée sur un texte d'une crudité et d'une vulgarité gênante. Était-ce volontaire de la part d'Huriya pour choquer et cracher sa détresse face à une société traditionaliste mais hypocrite ? Était-ce une licence artistique de sa part ? Toujours est-il que je n'ai pas su adhérer à ce mode d'écriture, qui m'a mise profondément mal à l'aise. Peut-être était-ce là la volonté d'Huriya ? Nous confronter à nos contradictions, à nos certitudes et à leur foutre une claque monumentale à base de vocabulaire cru ?

Au final, l'autrice / narratrice se dévoile très peu, à l'exception de quelques passages dans la deuxième partie, mais qu'il a été difficile de créer un lien à son encontre ! D'ailleurs je n'ai pas réussi. Je garde de cette lecture une impression très mitigée, je me suis sentie écoeurée à bien des reprises, le summum étant sans doute lorsque son grand-père (alcoolique, de 65 ans) entame une liaison avec la bonne de 16 ans. Pourtant ce n'était, au départ, pas le pire des personnages 🫠

Bref, je sais déjà que ce livre n'aura pas mon vote et qu'il ne restera pas sur mes étagères.

&#xNaN Aurais-tu des romans sur le Maroc à me recommander ? Penses-tu quand même te laisser tenter par Huriya ?
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- Je suis proustien, dit-il aussi.
- C'est quoi être proustien ?
- Être proustien, c'est ne pas avoir des jambes courtes et dodues, comme ta grand-mère. Tu verras plus tard, une longue phrase proustienne, c'est comme une belle femme. Ça doit évoquer des jambes longues, fines et interminables.
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La détresse sereine, grand-père passe ses journées assis sous le patio à panser ses plaies. Il tient un livre comme d'autres tiennent le Coran. Seulement, tous ces livres qui l'entourent ne servent qu'à colorer la tristesse qui enduit son visage. Il se réfugie dans du papier pour échapper à son mouroir. Il tourne une page et se laisse caresser par quelque chose. Il en tourne une autre et se laisse bercer par autre chose. Mais qu'attend-t-il donc ? Qu'un autre avenir sorte d'une page ? Il aurait dû comprendre que ce qu'il cherchait ne se trouvait pas dans les yeux de cette femme berbère. Plus tard, il me dira qu'il lit une phrase par jour. Une seule. Pas plus. Mais une belle. Puis plus rien, le reste de la journée; le silence et une cavale de l'âme.
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Le destin s'était présenté à grand-père sous la parure d'une femme berbère. Une folle ardeur l'avait poussé dans les rets de cette mante religieuse et les malveillances du hasard ont dicté la suite (...) C'était la guerre sous un toit.
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Devant mes yeux, une pute donne un billet de cinquante dirhams à un policier en civil qui s'empresse de mettre l'argent dans sa poche. Le policier s'éloigne. Un mendiant tend la main au policier qui lui donne une pièce. C'est une bonne action, dit-on. Tout s'achète ici ! Même le Paradis.
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Elle ne sait ni lire ni écrire. Elle sait seulement déchiffrer l'heure et compter l'argent. Ça, compter l'argent, tous les Marocains savent le faire. C'est ce qu'on apprend en premier. Ici, dès le plus jeune âge, on vous apprend le Coran et à compter l'argent. Beaucoup d'entre nous finissent par compter leur misère.
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