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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Antoine Compagnon, dans l'histoire de la littérature française à laquelle il a collaboré, sous la direction de Jean-Yves Tadié, décrit avec justesse la crise que le roman traverse dans les dernières années du XIX°s, à la fin du naturalisme. Il signale que "l'écriture romanesque a donc été tentée de s'éloigner de la présentation dramatique de la vie. Sur le modèle de L'Education Sentimentale, on a rêvé d'un roman où il ne se passait rien, à l'envers du roman d'aventures.(...) Avec Huysmans, toutes sortes de développements non narratifs ont pu s'intégrer au roman, comme les chapitres de critique littéraire dans A Rebours (1886) ; dans Là-Bas (1891) et En Route (1895), le truchement de la fiction servait à l'écrivain pour faire part de ce qui lui tenait à coeur : le satanisme, l'histoire de Gille de Rais, la religion, tandis que les personnages restaient vagues." (La littérature française, dynamique et histoire, tome II, p. 605). C'est aussi le cas des "Trois Villes" de Zola, ou de ses "Quatre évangiles", ses très médiocres derniers produits.

Ceci vaut pour la Cathédrale, roman où il ne se passe absolument rien. Durtal, le héros converti du tome précédent, a suivi son père spirituel à Chartres et il contemple la cathédrale. Il la décrit par le menu, en détaille tous les motifs, toutes les statues, tous les symboles, en compagnie d'un abbé local dont c'est la passion. Ceci est donc moins un roman qu'un traité d'architecture et de symbolique médiévales, et si l'on veut à toute force trouver un fil narratif, ce sera celui des hésitations du héros à transformer sa conversion (relatée dans "En Route") en vocation monastique. Mais même ces tergiversations d'une âme à entendre Dieu manquent singulièrement d'énergie, puisque Durtal est définitivement passé du bon côté, le péché tel que nous le connaissons n'ayant plus de prise sur lui.

Reste, de ce roman raté, la splendeur de la prose, qui est l'écho fin de siècle du Génie du Christianisme. Je crois qu'il faut une érudition phénoménale et une attention de tous les instants pour bien comprendre "La Cathédrale" et j'ai toutes les chances d'être passé complètement à côté, car j'attendais, en somme, le roman d'une âme, comme Bernanos en fit plus tard. C'est plutôt ici le poème d'un édifice, de la foi manifestée dans la pierre, d'un Moyen-Age rêvé et célébré en couleurs, lumières et mots.
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Alors que Durtal, le personnage récurrent de Huysmans ne pensait guère au Divin au cours de ses frasques parisiennes ou de ses recherches sur le satanisme exposées dans l'ouvrage « Là-bas », il fut saisi par Dieu, capté pour son amour de l'art, du plain-chant et de la mystique. « En route » relate ensuite comment il fut habilement conduit par son confesseur vers une trappe et comment après bien des tergiversations, son âme se rendit au Très Haut.
Dans « La cathédrale », quittant Paris pour poursuivre sa quête mystique et ses écrits sur l'art, il s'installe à Chartres et y fait la connaissance d'un autre prêtre érudit. Ensemble ils vont décrypter minutieusement les symboles utilisés par les artisans imagiers du moyen-âge.
Ouvrage d'érudition artistique et religieuse, exposé sur l'art des primitifs flamands, détours par quelques hagiographies peuvent lasser les plus dévots des quelques lecteurs qui le seraient encore. Fort heureusement soutenu par la beauté et la poésie du style de Huysmans, on poursuit son chemin avec Durtal pour compagnon. L'ironie, le regard amusé de l'auteur sur les extravagances de la piété féodale alternent avec les remuements et contorsions d'âme d'un homme qui ne sait encore s'il doit céder à Dieu ses conforts et curiosités de vie pour s'encloîtrer à jamais.

J'ai eu le plaisir de lire ce livre pour le site Littérature audio.com. Vous en trouverez les fichiers téléchargeables gratuitement ici : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/huysmans-joris-karl-la-cathedrale.html
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Durtal, alter ego de Huysmans, après avoir tâté de la vie monastique, quitte Paris et, sur les conseils de l'abbé Gévresin, s'installe à Chartres pour être au plus près des rites liturgiques anciens et de l'art religieux élevé à son plus haut niveau. La cathédrale de Chartres trouve dans ces pages un de ses plus fameux hommages et l'auteur y décortique sa grandiose histoire, des péripéties de sa construction aux plus infimes détails de ses statues et de ses retables peints. Traité d'architecture, de peinture, de symbolisme, de mysticisme, La Cathédrale offre aussi d'intéressantes et curieuses hagiographies. Je poursuis mon incursion dans cet univers que j'avais depuis longtemps occulté avec L'Oblat.
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Joris-Karl Huysmans de son vrai nom Charles Marie Georges Huysmans, est un écrivain et critique d'art français (1848-1907). Huysmans était le descendant par son père, d'une lignée d'artistes peintres hollandais. Certains tableaux du plus célèbre de ses ancêtres, Cornelius Huysmans, peintre à Anvers au XVIIe siècle, figurent aujourd'hui au Louvre et c'est pour mieux évoquer ses origines hollandaises, que Huysmans adopta le prénom de Joris-Karl.
A partir de 1876, Huysmans collabore en tant que chroniqueur d'art, à différents journaux pour lesquels il rédige des comptes rendus des Salons de peinture. Il prend la tête du combat visant à imposer l'Impressionnisme au public. Après sa conversion au catholicisme vers 1895 et relatée dans son roman En Route, il publie en 1898 La Cathédrale.
Durtal a suivi à Chartres son ami et confesseur l'abbé Gévresin qui essaie de l'aider à traverser une crise spirituelle. Là, il fait la connaissance de l'abbé Plomb avec lequel il explore la cathédrale, pas à pas, tout en menant des discussions très instruites sur l'architecture des lieux. Taraudé par l'idée de se consacrer plus pleinement à la vie religieuse mais hésitant à franchir le pas, il envisage de faire une retraite à l'abbaye de Solesmes. Quand le roman s'achève, sans que rien ne soit réellement décidé de son avenir, Durtal accepte de se rendre à Solesmes avec l'abbé Plomb pour une courte période d'essai.
Le héros du roman, Durtal, est un avatar de J.K. Huysmans qui vient de se convertir au catholicisme depuis quelques années à peine. Ses tourments sont ceux de l'écrivain qui après s'être retiré dans plusieurs monastères quittera Paris en 1899 pour s'installer définitivement dans le petit village de Ligugé, près de Poitiers dans la Vienne, où il s'est fait bâtir une demeure à proximité de l'abbaye bénédictine Saint-Martin. Là, il partagera la vie quotidienne des moines et se préparera à devenir oblat. Mais en 1901, la loi sur les congrégations vient dissoudre la communauté de Saint-Martin, poussant les moines à l'exil et obligeant Huysmans à rejoindre Paris.
Roman complexe et érudit, la cathédrale – qui donne son titre à l'ouvrage – est le centre de ce récit. C'est ici, en ses murs, que Durtal vient chercher le repos de l'âme et les réponses aux questions qui l'obsèdent sur la force de sa foi et le vide qu'il ressent au plus profond de lui-même. Protection des murs mais surtout présence réconfortante de la Vierge à laquelle la cathédrale de Chartres est dédiée.
Les longues discussions avec l'abbé Plomb sont prétextes à aborder la symbolique sous toutes ses formes, qu'elle soit architecturale ou bien envisagée sous l'aspect des couleurs, des pierreries, des vitraux, du bestiaire etc. Conversations pointues entre experts, exposition de théories esthétiques, la lecture du roman nous plonge dans un débat intellectuel et mystique de haute tenue qui m'a souvent dépassé je l'avoue. Cette avalanche de documentation et de savoir, à laquelle il faut ajouter l'utilisation de mots rares, en font un bouquin pour public averti.
Mais au-delà de cet aspect, il y a aussi cette interrogation spirituelle de l'écrivain qui le pousse à se consacrer de plus en plus complètement à sa foi sans trop savoir comment. Coincé entre son intellectualité qui le pousse à analyser froidement les faits, et la foi totale qui nécessite un abandon quasi naïf, Durtal ne sait sur quel pied danser et c'est ce qui fait toute la saveur de ce texte.
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Compendium assez fastidieux sur la symbolique architecturale (mettant en lumière la différence entre le roman et le gothique, l'art mystique et l'art religieux). Après on ne lit pas Huysmans pour le sujet mais pour l'écriture elle-même. C'est un professeur d'écriture. On lit Huysmans pour apprendre la langue française.
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