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Citations sur Convoi pour Samarcande (51)

Deïev était un homme simple qui aimait les choses simples. Il aimait quand on disait la vérité. Quand le soleil se levait. Quand un enfant inconnu souriait d'un sourire rassasié et insouciant. Quand les femmes chantaient, et les hommes aussi. Il aimait les vieux et les enfants : il aimait les gens. Il aimait se sentir appartenir à quelque chose de grand : l'armée, le pays, toute l'humanité. Il aimait poser la main sur le flanc d'une locomotive et sentir battre le cœur mécanique contre sa peau.
II n'aimait pas les blessures et le sang. Il n'aimait pas qu'on tue, les siens, les autres, peu importe. IIn'aimait pas souffrir de la faim et voir les autres souffrir de la faim. Et le mot "ersatz". Les gens enflés, gisant. Les cimetières de bétail et les cimetières humains.
En d'autres termes, il aimait la vie et n'aimait pas la mort.
Mais les circonstances avaient fait que d'aussi loin qu'il se souvienne, il s'était retrouvé plongé dans cette mort comme une mouche dans le lait, sans pouvoir en sortir; et tous ses camarades se débattaient pareillement, et tout le jeune Etat soviétique.
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- Vous êtes dans un train sanitaire de la République soviétique, retentissait la voix dans le wagon. Vous vous rendez dans le Turkestan fertile et chaud. Non pas parce que vous êtes particulièrement merveilleux. Mais parce que le pouvoir soviétique prend soin de tous ses enfants, même les plus médiocres et les plus désespérés.
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Les loups ont d’abord couru derrière nous, puis à notre hauteur, puis ils nous ont encerclés. Et on ne pouvait plus avancer ni reculer, de tous les côtés, les gueules jaunes montraient leurs dents. Il y en avait beaucoup.
Alors ma mère a détaché ma sœur de son dos et l’a assise sur le chemin. Les loups se sont approchés d’elle. Ma mère m’a pris par la main et s’est mise à courir – elle n’avait encore jamais couru aussi vite. J’ai couru aussi, et je n’avais encore jamais couru aussi vite. J’ai voulu me retourner pour voir ma sœur – il n’y avait que les animaux qui grondaient, se battaient, mais pas de sœur.
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A l’aube, les sommets aigus s’embrasaient comme des feux sur l’océan bleu des pierres, pour brûler à nouveau au coucher du soleil. L’océan minéral prenait des reflets dorés dans la lumière chaude du soleil, argentés sous les rayons glacés de la lune. Seules, les crevasses béantes, exhalant un froid immuable, gardaient nuit et jour le même ton violet tirant sur le noir.
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…il n’avait pas le loisir d’y réfléchir. Les longues réflexions, c’était bon pour les vieillards, eux avaient tout le temps du monde.
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Il devait conduire ce chargement vers l’ouest, par les forêts de la Volga, jusqu’à Arzamas. Puis vers le sud et l’est, jusqu’à la mer d’Aral. Puis à nouveau vers le sud  : traversant les déserts de Kyzyl-Koum et de la steppe de la Faim, jusqu’à Tachkent. Puis en repartir vers l’ouest, passer les chaînes du Tchimgan et de Zeravchan, jusqu’à Samarcande.
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[...] – Ça te plaît ici, Fatima ?
Et elle répondait à nouveau comme dans un livre de poésie :
– Je voudrais voyager sans fin dans ce train.
[...] – Ce n’est pas un train, mais une arche de Noé.
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N’ayant aucune possession, même pas des habits ou des chaussures, privés de parents et de maison, et souvent même de souvenirs d’enfance, les enfants n’étaient maîtres que d’une chose : la langue. C’était leur richesse, leur patrie et leur mémoire. Ils l’inventaient. Ils y mettaient tout ce qu’ils avaient trouvé en chemin.
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- Partout, les gens s'entretuent, encore plus que pendant la guerre civile ! Les soldats du ravitaillement des villes tuent les paysans ! Les paysans tuent les comnmunistes ! Les communistes tuent les koulaks ! Les koulaks tuent les tchékistes ! Les tchékistes tuent les bandits blancs ! Et les bandits tuent tous les gens qui leur tombent sous la main. Parce qu'ils ont tous la guerre dans leurs coœurs ! Elle n'est pas au Turkestan, ni à Orenbourg, mais dans les cœurs.
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Ce n'était pas de la charité aveugle, comme le lui avait reproché Blanche. Ni à cause de sa culpabilité pour les femmes tuées au centre de stockage, comme l'avait décidé Boug. C'était un sentiment de fraternité humaine, qui était plus fort que la pitié et que la culpabilité...
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