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3,94

sur 213 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est le genre de livre un peu magique qui vous emporte quasi immédiatement, proposant un récit miraculeusement lumineux alors que tout ce qui est raconté tend vers la tragédie.

Les jalons historiques sont très précis, liés à l'histoire de la Russie puis URSS, et des Allemands de la Volga venus s'y installer à l'invitation de Catherine II dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Gouzel Iakhina choisit comme décor la colonie allemande de Gnadenthal ( près de l'actuelle Saratov ), secouée par le cours de l'Histoire : guerre civile, collectivisation forcée, famines, grandes purges staliniennes, déportation au Goulag, de 1917 à 1942. Mais elle n'attaque pas ce contexte historique de front, préférant se concentrer sur le parcours intime de son personnage principal, Jakob Bach. de sa ferme en marge de la colonie, paradis utopique alternatif au kolkhoze, il se fait le témoin de la violence des hommes, simple individu balloté par une Histoire en marche dont il ne peut saisir la mécanique destructrice avant que de la vivre pour protéger sa femme et sa fille comme il le peut.

La beauté du roman naît justement de ce décalage entre une réalité historique d'une rare violence et une narration qui revêt les atours d'un conte presque naïf teinté de réalisme magique et de folklore germano-russe. La naissance de l'idylle entre Bach et Klara est d'une grâce folle, elle cachée derrière son paravent, les échanges se faisant, à défaut de regard, à travers la poésie allemande, les coeurs chavirant au rythme des scansions goethiennes. En fait, le conte est partout. Bach en écrit cent pour un journal communiste, exutoire à sa douleur, moyen de redonner un sens à sa vie … mais il écrit des contes qui étrangement se réalisent, dans le bonheur ou le malheur, préfigurant les récoltes fructueuses, annonçant l'épuisement des hommes dans le système totalitaire stalinien ou encore l'embrigadement des enfants dans les Komsomols.

Il y a bien quelques longueurs dans ces entrelacs de récits, je me suis parfois un peu lassée des mêmes procédés, mais le talent d'écriture de Gouzel Iakhina m'a à chaque fois raccrochée, stimulant l'imagination, imprimant des images fortes, comme ici lorsqu'elle raconte comment Bach est attiré par les orages :

« le ciel ventru, si gonflé de nuages qu'il en touchait presque terre, bruissait, crépitait, bourdonnait. Soudain, il s'illuminait d'un éclair blanc, poussait un sanglot passionné et bas, et s'abattait sur la steppe en grosses trombes d'eau froide. Bach déchirait les pans de sa blouse, découvrant sa poitrine malingre, levait son visage vers le ciel et ouvrait la bouche. La pluie se déversait sur son corps, passait à travers lui, ses pieds sentaient la terre trembler à chaque nouveau coup de tonnerre. Des éclairs jaunes, bleus, d'un noir violacé, flamboyaient de plus en plus souvent – au-dessus de lui ou dans sa tête ? L'effervescence de ses muscles culminait – le ciel tonnait encore une fois – et le corps de Bach éclatait en milliers de particules qui s'éparpillaient sur la steppe. Beaucoup plus tard, il recouvrait ses esprits, couché dans la boue, le visage couvert de griffures et des chardons plein les cheveux. »

Cette écriture très cinématographique et poétique fait vivre les scènes, ses descriptions témoignant d'une belle sensibilité et sensorialité pour dire la nature, omniprésente, immuable pour accompagner les drames humains, à l'image de la somptueuse Volga, charriant les cadavres des victimes du régime communiste mais permettant également de garder la mémoire des morts.


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Épuisés par la guerre de Sept Ans, par la famine et la ruine qui dévastent l'Europe, les colons allemands sont ravis d'être invités par Catherine II à s'installer sur les rives de la Volga, où ils conservent leur culture, leurs traditions, leur langue et leurs religions. Mais après la révolution russe, le territoire autonome allemand crée par Lénine est transformé en république socialiste soviétique soumise à la collectivisation, ce qui conduit au milieu du XXe siècle beaucoup de ces colons à émigrer vers l'Amérique du Nord et l'Argentine. Ceux qui restent seront déportés pendant la Seconde Guerre mondiale à la suite de l'invasion allemande de l'URSS.

Une histoire que je découvre avec ce formidable roman de Gouzel Iakhina qui entre descriptions féeriques de la nature et réalité atroce de ces Allemands de la Volga nous plonge dans la vie de Bach, maître d'école dans le petit village perdu de Gnadenthal. Un homme, sauvé du chagrin et du désespoir à la mort de sa femme aimée grâce à sa passion des mots, qui nous entraîne dans le monde fascinant de ses contes, souvent prophétiques des malheurs à venir de la communauté.
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Merci à l'opération Masse critique privilégiée et aux éditions Noir sur Blanc pour l'envoi de ce livre. Cet éditeur m'a déjà fait découvrir de nombreux joyaux de littérature slave et ce livre en est un nouveau !

J. 'avais déjà été conquis par le précédent livre de Gouzel Iakhina, Zouleikha ouvre les yeux, et ai donc été ravi de recevoir ce nouveau roman.

Roman aux multiples facettes, inscrit dans un contexte historique que je connaissais peu, celui des colons allemands venus en Russie à l'invitation de Catherine II, ceux-ci recevant après la révolution une reconnaissance officielle de part de Lénine : la création par Lénine de la République soviétique des Allemands de la Volga, avant de connaître la déportation sous Staline à la montée du Nazisme en Allemagne. Cet aspect historique, de 1918 à 1938, est sous-jacent.

le récit principal s'attache à Jakob Bach, Schulmeister (instituteur) dans le village de Gnadenthal au bord de la Volga. Les habitants y parlent allemand et sont peu informés de ce qui se passe dans l'immense Russie hors de leur environnement immédiat.
De la trame, je me contenterai de vous inciter à lire la quatrième de couverture, je ne souhaite pas en dévoiler davantage !

le personnage de Jakob est complexe, et bien développé par l'auteure, ses réactions devant les événements paraissent parfois étonnantes, mais il est absolument fascinant.
Son amour pour Klara et Anntche est beau et touchant, sa recherche d'isolement du monde extérieur est particulière.
J'ai particulièrement aimé sa relation à l'écriture, il y a de très belles pages à ce propos. Jakob s'y révèle véritablement.
Ses récits sont surtout des contes qui se révèlent prophétiques mais il couche également sur papier des réflexions sur le monde et les événements - guerre civile, famine, oppression, kolkhozes.

J'ai aimé les autres personnages de ce roman, Klara notamment, ses premières rencontres avec Jakob sont surprenantes, mais aussi Hoffmann, commissaire envoyé par le Parti à Gnadenthal, Anntche, petite fille très éveillée, curieuse et téméraire et enfin Vasska, le petit Kirghize. Je vous laisse les découvrir.

le Petit père des peuples - Staline n'est pas nommément cité - intervient dans quelques chapitres, sans qu'il n'y aie aucune rencontre avec Jakob. Staline y est présenté de manière surprenante, dans des situations inhabituelles mais où l'on perçoit toujours la crainte qu'il suscite.

Jakob crée son propre calendrier des événements, il ne donne pas de dates à ceux-ci mais les évoque en leur donnant un nouveau nom : l'année des Maisons ruinées, l'année de la Faim, l'année de la Grande lutte, etc

Roman aux multiples facettes, je le répète ! Il ne se laisse pas enfermer dans une catégorie précise, on y trouve des bribes de roman historique, de roman d'amour, de roman psychologique, de roman fantastique. Cet aspect fantastique apparaît dans des récits oniriques parfois effrayants…

Deux cartes permettent de situer les lieux et la traductrice dans une note initiale retrace brièvement l'histoire des Allemands de la Volga

Un roman que j'ai aimé, très différent de Zouleikha ouvre les yeux cependant, il confirme la talent d'écrivain de Gouzel Iakhina !








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Je suis perplexe ! Difficile de dire si j'ai aimé ou pas ! Mon intérêt a fait le yoyo tout le temps de la lecture. Un style étrange qui oscille entre le merveilleux comme un conte et le sinistre comme la réalité !

Il s'agit de la vie de Bach, pas le musicien, mais un instituteur, allemand de la Volga, dans une des colonies installées par Catherine la Grande, le long de la Volga. Etrange homme avec une étrange vie dans un monde étrange !

Dans le roman nous suivons sa vie et celle de la Russie depuis la guerre civile jusqu'en 1938 ; ponctué par des jalons historiques qui, pour nous, le raccroche à la réalité !

La nature est un personnage à part entière et ses sautes d'humeur régissent tous les humains qui gravitent autour de la Volga au rythme des contes que Bach se remémore.

Entre rêve et cauchemar il faut malgré tout avoir un minimum de connaissances sur la Russie du début 20ème siècle, mais je pense être assez hermétique à ce genre de littérature qui ne sait pas se situer dans un genre.

Je vais apprécier d'avoir les avis d'autres lecteurs, j'ai la nette impression d'avoir raté plein de choses !

#LesenfantsdelaVolga #NetGalleyFrance #rentreelittraire2021

Challenge MAUVAIS GENRE 2021
Challenge PAVES 2021
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Tout d'abord mes remerciements aux Éditions Noir et Blanc pour avoir envoyé ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio (merci aussi à Déborah Zitt de m'avoir sollicité).

Ce long récit, un roman fleuve comme la Volga, nous fait découvrir un peu de la vie d'une enclave allemande dans la Russie, dont l'instigatrice est Catherine II qui les fit venir au 18ème siècle pour cultiver ce territoire.

Mais c'est surtout l'histoire émouvante, romancée sur fond d'histoire vraie (comme la post-face nous l'explique) d'un instituteur du village de Gladenthal, le Schulmeister Jakob Bach, dans la première partie du 20ème siècle. Ce qui fait qu'en toile de fond, la Révolution russe, et les débuts de l'ère soviétique sous Staline sont évoqués.

La vie morne de ce vieux garçon va être bouleversée par la rencontre de Klara, jeune fille dont le père tyrannique demande à Bach de lui donner des leçons d'allemand, de géographie, d'histoire, etc…, leçons données derrière un paravent, car ce père ne veut pas que Bach voir sa fille.
Klara va fuir son père lors d'un voyage de retour en Allemagne , et venir vivre avec Bach. le bonheur de ces deux là, revenus dans le domaine de Klara, va connaître une fin tragique pour cette dernière, d'abord violée par des brigands puis qui meurt lors de l'accouchement.
Bach, qui est devenu aphasique depuis le viol de Klara, va s'efforcer d'élever seul la petite Anna, surnommée Annetche, en échangeant lait et nourriture contre l'écriture de Contes pour un Commissaire du Peuple, Hoffmann.
Puis arrive dans son domaine un jeune orphelin vagabond, Vasska, qui va bouleverser la vie de Bach et sa fille Anna. Grâce à Vasska, Annetche va s'épanouir aux dépends de Bach, apprendre à parler. Cette transformation, l'ancien instituteur va progressivement s'y résoudre, y contribuer même en apprenant à Vasska diverses choses, comme l'écoute musicale.
Les enfants grandissants se séparent de Bach, en entrant dans un pensionnat. Mais leur « père » vient leur rendre visite tous les dimanches.
La fin, que je ne raconte pas, suggère que le vieil instituteur organise son domaine pour un autre usage, et s'en va sous d'autres cieux sous la contrainte.

Le récit magnifie l'amour apparu chez un homme qui n'était pas prêt, d'abord à sa femme Klara, puis surtout envers sa fille Annetche, et le petit vagabond Khirgize Vasska. Et la beauté de la nature, des saisons, la puissance omniprésente de la Volga, qui le sépare du monde des humains. le lecteur est touché par la rudesse de la vie campagnarde, autant que par l'amour viscéral de Bach pour sa fille, et par l'éveil de celle-ci au contact du jeune orphelin.

Mais, j'ai moins apprécié le mélange entre les différents aspects de la narration, qui hésite entre différents registres, « romanesque », historique, magique avec cet épisode étrange des Contes qui annoncent les événements à venir, onirique avec cette visions des cadavres dans le fond de la Volga.

Et puis, il y a ces quelques chapitres qui s'intercalent, et qui font apparaître Staline, qui, à mon sens, n'apportent que peu au fil du roman, et sont plutôt une gêne.

En conclusion, un beau récit émouvant et poétique, qui ne laisse pas indifférent, mais qui à mon avis souffre de quelques défauts de construction et de choix du registre narratif.
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Comme dans "Zouleikha ouvre les yeux", Gouzel Iakhina retrace dans ce roman un aspect particulier de l'Histoire de la Russie. Dans son premier roman, elle parlait du Goulag. Dans celui-ci, elle dépeint la vie d'une communauté dont j'ignorais tout : les Allemands de la Volga.
C'est l'impératrice Catherine de Russie qui, au 18ème siècle, a attiré sur des terres désertes une communauté allemande qui s'est maintenue, et a conservé sa langue et ses traditions, jusqu'au milieu du 20ème siècle. Ces colons ont même eu une éphémère République soviétique autonome.
"Les enfants de la Volga" m'a aussi rappelé un autre roman, polonais celui-ci, "Dieu, le temps, les hommes et les anges" d'Olga Tokarczuk. de la même façon, ce roman-ci raconte des décennies d'Histoire, incarnées dans un village, Gnadenthal, et dans des personnages touchants.
On s'attache tout de suite à ce maitre d'école amateur de poésie, à cette jeune fille éprise de contes, à cette enfant d'une insatiable curiosité, à ce jeune vagabond.
Mais le personnage principal, c'est peut-être la majestueuse Volga, qui sépare les steppes de la rive gauche, cultivées avec acharnement, des falaises et des immenses forêts de la rive droite.
Volga qui constitue l'axe de ce monde, la voie de communication entre les deux rives, en barque l'été, en raquettes l'hiver sur ses eaux gelées.
Volga qui voit passer, imperturbable, tous les soubresauts de l'Histoire : révolution de 1917, guerre civile, collectivisation...
Un très beau roman.
Parfaite traduction de Maud Mabillard.
Challenge ABC 2022-2023
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Au début de ce roman, on fait connaissance avec Bach, le personnage principal, un homme qui aime la solitude et la nature. Il est craintif, angoissé, bégaie même.
Bach est instituteur. Il vit à Gnadenthal, sur la rive gauche de la Volga, entre Samara et Volgograd, entouré de paysans Kirghizes, qui lui paraissent bien austères.

« Les Enfants de la Volga » est un récit très romanesque, mais qui se réfère à l'Histoire.
Dès la 2e moitié du XVIIIe siècle, sur l'invitation de la tzarine Catherine II, beaucoup d'allemands sont venus coloniser les environs de l'actuelle ville de Saratov, pour cultiver les rives de la Volga. Ils ont conservé leur langue et leur culture jusqu'au milieu du XXe siècle.
Ainsi, tout comme Jacob Bach, nombre d'habitants de Gnadenthal sont allemands.

Un jour, Bach reçoit une lettre lui demandant de se rendre à un RDV… Intrigué et curieux, il décide d'y aller… l'adresse est celle d'un fermier, Udo Grimm, un personnage très bourru et autoritaire.
Il a appelé Bach, pour qu'il donne des cours privés d'allemand à sa fille Klara, qu'il qualifie de « gourde » !
Klara est une jeune fille de 17 ans, très timide, privée de l'affection maternelle et souffrant de l'étouffante autorité paternelle.
Il s'avère que Jacob Bach va devoir dispenser ses cours d'allemand sans voir Klara, qui se trouve cachée derrière un paravent, selon l'exigence de son père !
« Privé de la possibilité d'observer son visage,
il se concentrait sur sa voix – douce, grêle, souvent tremblante … »
Enseignant et élève sont aussi sensibles et vulnérables l'un que l'autre.
Généralement, en société, Jacob Bach « rentrait en lui-même – comme une tortue rentre sa tête et ses pattes sous sa solide carapace – pour éviter d'être offensé par quelque maladroit.
A présent, il se retrouvait contraint de jouer le rôle
inverse : écouter attentivement les plus petites nuances dans l'intonation de Klara, pour détecter à temps les premiers signes de désarroi ou de tristesse ; réfléchir longuement à la question qu'il allait poser, puisant dans toutes ses ressources de tact et de douceur innée. »

On est tenus en haleine.
On aimerait savoir si Bach et Klara pourront se voir.
Bach imagine Klara de plein de façons.
Est-elle jolie, laide, aveugle, ou mutilée ?
En tout cas, la voix de son élève l'envoûte…
Klara écrit au crayon sur un livre de Goethe que lui passe Bach par-dessous le paravent…
Elle pose ainsi discrètement des questions à son professeur…
Puis un jour, au début de l'année scolaire, voici Klara qui se présente elle-même à la porte du logement de Bach !
Elle lui raconte comment elle s'est échappée de la maison familiale…
Elle veut Bach pour mari ! Mais elle est encore bien jeune et n'a aucun document à fournir, et de ce fait, ils ne peuvent être mariés…
Les villageois de Gnadenthal ont des regards réprobateurs à leur encontre… Les rumeurs et commérages vont bon train… Ils deviennent un peu victimes d'ostracisme.
Klara et Bach décident de quitter Gnadenthal.
Ils traversent la Volga pour retourner à la ferme de Udo Grimm, qui est inhabitée maintenant, car le père de Klara est parti vivre en Allemagne…
C'est la guerre, et le village s'est vidé progressivement de ses habitants…
Bientôt, Klara va être enceinte, mais pas de Bach !
Mais pour Bach, le plus important, c'est que Klara soit heureuse; elle qui semblait être infertile, aura une fille, Anntche, que seul, bientôt, Bach devra élever tant bien que mal…
Je n'en dévoilerai pas davantage.
Tout ce début de roman est admirablement écrit de façon très sensible et poétique.

« Les Enfants de la Volga » est un roman fleuve de près de 500 pages.
Beaucoup de personnages, d'événements et de péripéties interviennent dans le récit.
Un jour, des traineaux décorés jaillissent sur la Volga, prise par les glaces et se rapprochent de Bach… Ce sont des colons ivres qui lui annoncent qu'il doit se réjouir !
On est le 6 janvier 1924.
La République soviétique des Allemands de la Volga vient d'être crée par Vladimir Ilitch Lénine.
Lénine avait une passion pour l'Allemagne. Il imaginait une révolution mondiale pour pouvoir diriger la révolution socialiste dans la lointaine Allemagne. Des communistes dévoués parmi les colons de la Volga furent secrètement envoyés sur les rives du Rhin avec pour objectif de détruire le régime impérialiste de l'intérieur. Et pour lutter contre l'émigration des colons de la Volga, la décision fut prise de donner l'autonomie aux Allemands soviétiques.

Mais avec la mort de Lénine, la pérennité de la République soviétique des Allemands va être remise en question par Staline !
Le récit raconte comment les Allemands de la Volga ont souffert des réquisitions de céréales et de bétail, comment ils ont souffert de la famine, provoquant ainsi la fuite de nombreux habitants.
Il nous relate aussi les nombreuses répressions qui culminèrent avec les purges staliniennes !
Joseph Staline, 2 mois après l'invasion allemande en U.R.S.S. ordonna la déportation massive vers la Sibérie et le Kazakhstan, de tous les Allemands de la Volga, craignant que les Allemands locaux ne s'allient avec l'armée nazie !
La Volga tient une place très importante dans ce roman.
Elle est d'une beauté trompeuse, qui cache une immense laideur. C'est un fleuve gorgé de mort.
Bach découvrira que son fond est couvert de cadavres...

Après la guerre, les Allemands ne sont jamais rentrés sur leurs terres près de Saratov.
Les noms des villages ont été russifiés et aujourd'hui, seules quelques églises protestantes peuvent encore attester de leur histoire.
L'impératrice Catherine II, dans son discours, appelait
« mes enfants », les colons qu'elle avait fait venir d'Allemagne.
C'est la raison précise du choix du titre de ce livre.
Dans ce roman fleuve, amour, mélancolie, tristesse, courage, s'entremêlent avec l'Histoire.
Et dans l'épilogue, on apprend ce que sont devenus tous les personnages principaux de ce récit.

Bien que j'aie trouvé ce roman intéressant, je ne lui ai attribué que 3 étoiles et 1/2, car de nombreuses descriptions et énumérations m'ont paru parfois interminables, trop copieuses, alourdissant un récit déjà bien touffu.
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En littérature, comme en amour, parfois la deuxième rencontre ne vaut pas la première et engendre même un début de déception. Prenez Gouzel Iakhina, dont Zouleikha ouvre les yeux avait enthousiasmé et que nous retrouvons avec Les enfants de la Volga, un nouveau roman qui se déroule, grosso modo, de la fin de la première guerre mondiale au début de la seconde, dans un endroit très spécifique de l'URSS, un territoire peuplé par des Allemands d'origine, qui devient même république socialiste soviétique autonome des Allemands de la Volga en 1924. Au sein de cette communauté, le livre (un roman fleuve, donc, au sens premier des termes) raconte l'histoire d'un maître d'école, amoureux fou d'une élève à laquelle il dispense des leçons particulières. La suite ? Elle ne se résume pas, empruntant des routes souvent inattendues, autant contemplatives, dans les longues descriptions de la nature proche du grand fleuve russe, que rocambolesques, voire fantastiques et magiques; où le maître d'école devient en même temps père, voleur de lait puis écrivain de contes (qui préfigurent la réalité), tout en perdant la parole lors de circonstances tragiques. Gouzel Iakhina essaie à la fois de nous passionner pour un destin individuel et pour une époque d'espoir et de souffrance et quelques chapitres intercalés s'éloignent de l'intrique principale pour nous montrer Staline en différents lieux et à différentes périodes. Ces intermèdes, malheureusement, cassent un peu la rythmique du roman. Dans l'ensemble, peut-être est-ce une question de dosage, quelque chose ne fonctionne pas dans Les enfants de Volga. Sans doute que, après Zouleikha ouvre les yeux, l'attente était trop forte, aussi bien pour l'écrivaine que pour le lecteur qui reste un peu sur sa faim, malgré quelques passages saisissants.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Embarquement immédiat !

Il est bien difficile de définir ce roman. Entre conte et roman historique, entre fantastique et réalité sordide, Gouzel Iakhina vous embarque sur les rives de la Volga au début du XXème siècle. A Gnadenthal plus précisément. Dans cette zone, une communauté d'allemands est venue peupler la Russie au XVIIIème siècle à la demande de l'impératrice Catherine II.

Notre héros, l'instituteur Jakob Bach est l'un d'eux. La vie est dure à Gnadenthal. Bach est reconnu pour être un très bon instituteur. il a également pour mission de faire sonner la cloche de l'église chaque jour. Il s'assure de disposer d'assez de bois pour chauffer la classe avant l'arrivée des élèves. La vie de Bach s'écoule lentement autour de ses repères : l'église, le poêle à charger de bois et l'école. Ses journées sont entièrement consacrées à l'enseignement.

Jusqu'au jour où une étrange demande va bouleverser son rythme, et sa vie.
Un message signé d'Udo Grimm lui demande de le rejoindre dans sa ferme de l'autre coté de la rive de la Volga pour une affaire importante.
D'abord un peu effrayé, Bach décide de s'y rendre. Après une traversée difficile, il arrive à la ferme et découvre Udo Grimm, un homme rustre ayant peu d'estime pour sa fille et une vieille femme fileuse, mystérieuse et peu aimable.
Udo Grimm souhaite que Bach enseigne l'allemand à sa fille Klara âgée de 17 ans.
Bach accepte mais va vite découvrir que ces leçons ne se dérouleront pas normalement. En effet, Klara a interdiction de se montrer et doit rester cacher derrière un paravent. Bach d'abord réticent, refusera de donner cours dans ces conditions ; toutefois il n'aura guère le choix - les éléments extérieurs (la forêt, les rochers, le vent..) vont se liguer contre lui l'empêchant de rentrer à son domicile - il devra donc retourner à la ferme et faire cours sans voir la jeune fille.
De ce jour, la vie de Bach, plutôt insipide jusque là, va prendre une tournure romanesque et tragique.

Nous allons suivre la vie de Bach pendant près de 20 ans et en même temps l'évolution historique et politique de la Russie.
Gouzel Iakhina nous fait découvrir les traditions, et les contes de sa Russie natale. C'est tout à la fois l'évocation de forces obscures et malignes et celle de la beauté des sens et des sentiments. Ces contes racontés par Bach vont prendre vie dans le petit village de Gnadenthal.

L'écriture de Gouzel Iakhena est fluide, lente, poétique et très descriptive. La nature y prend une place prépondérante. Son univers est étrange : entre repères historiques et évènements fantastiques, le lecteur est envouté.

Un voyage en terre inconnue !

Un grand merci à Babelio et Masse critique et aux éditions Noir sur Blanc pour cette découverte.



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Il avait créé de ses mains la Commune allemande sur les rives de la Volga - une sorte de petite Allemagne domestiquée, soumise au gouvernement de Moscou. Dans une certaine mesure, on peut dire qu'il avait réalisé le rêve du guide de la révolution." (P. 134)
Jakob Ivanovitch Bach, est l'un de ces descendants d'exilés allemands venus s'implanter au bord de la Volga, invité par Catherine II, dans les années 20.

Il est instituteur dans l'école primaire du village de Gnadenthal, au bord de la Volga, ce grand fleuve qu'il traverse à la rame. Instituteur dans une petite école chauffée parce que les gamins et gamines doivent porter chauqe matin une bûche.

Klara Grimm est quant à elle une gamine vivant seule avec son père, sur l'autre rive de la Volga. Elle ne vient pas à l'école, c'est l'école qui vient à elle, puisque chaque jour Jakob Ivanovitch Bach traverse le fleuve pour venir lui donner des leçons...une traversée qui se fait en barque à la rame en été, ou à pied, en marchant sur la glace qui craque en hiver.

Le livre a un petit côté "conte"...comment ne pas l'être avec une gamine qui s'appelle Grimm...L'instituteur et la gamine tomberont amoureux l'un de l'autre. Au fil des années, les pouvoirs politiques changeront, leurs conditions de vie en seront très durement affectées.

Gouzel Iakhina nous conte cette folie des hommes, de ces timbrés communistes, remplissant le Goulag, la folie de ce Staline jouant au billard...mais aussi cette faim qui torture les ventres, ce froid qui gèle la Volga. Etre allemand en Russie, alors que le Petit Père des Peuples trônait n'était pas simple.

Gouzel Iakhina nous conte cette folie des hommes, de ces timbrés communistes, remplissant le Goulag, la folie de ce Staline jouant au billard...mais aussi cette faim qui torturait les ventres, et ce froid qui gèle la Volga, cette misère pesante.

J'ai été séduit par l'histoire, par cette découverte d'un pan de la Grande Histoire des Peuples et des pays, par cette critique du pouvoir soviétique mais également, perturbé par des longueurs...ces longueurs parfois agaçantes des grands romans russes.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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