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Citations sur Hedda Gabler (17)

LOVBORG - Oui, Hedda, - et quand je me confessais à vous ! Quand je vous racontais des choses que personne ne savait. Quand j'avouais que j'avais passé mes nuits et mes jours dans la débauche. Jour après jour. Oh Hedda, - quel pouvoir en vous m'obligeait à une telle confession ?

HEDDA - Vous croyez qu'il y avait un pouvoir en moi ?

LOVBORG - Oui, comment l'expliquer autrement ? Et toutes ces - ces questions voilées que vous me posiez.

HEDDA - Et que vous compreniez si bien.

LOVBORG - Que vous ayez pu me questionner ainsi ! Si hardiment !

HEDDA - De manière voilée, je vous prie.

LOVBORG - Et pourtant, si hardiment. Me questionner sur - ces choses là !

HEDDA - Et que vous m'ayez répondu, monsieur Lovborg !

LOVBORG - Oui, c'est ce que je ne comprends pas, - maintenant. Mais dites-moi, Hedda, - au fond, n'était-ce pas de l'amour ? N'était-ce pas comme si vous vouliez me purifier, - quand je venais me confesser à vous ? N'était-ce pas cela ?

HEDDA - Pas tout à fait.

LOVBORG - Qu'est-ce qui vous poussait, alors ?

HEDDA - Vous paraît-il si étrange qu'une jeune fille, - si cela se passe - comment dire - en secret...

LOVBORG - Eh bien ?

HEDDA - Qu'elle puisse avoir envie de jeter un regard dérobé sur un monde que...

LOVBORG  - Que...?

HEDDA  - ... qu'elle n'a pas le droit de connaître ?
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BRACK. - Je crois que le défaut gît ailleurs.
HEDDA. - Où donc ?
BRACK. - Vous n'avez jamais rien connu de vraiment stimulant.
HEDDA. - Rien de sérieux, voulez-vous dire ?
BRACK. - Eh oui ! Si vous voulez ! Mais cela pourrait changer maintenant.
HEDDA, hochant la tête. - Ah ! Vous parlez de tous les ennuis que suscite ce misérable poste de professeur ! Cela ne regarde que Tesman. Je n'y songe seulement pas.
BRACK. - Non, non, ne parlons pas de cela. Mais s'il vous incombait des devoirs sérieux, ce qu'on appelle en style élevé de graves responsabilités ? (Souriant.) Enfin, de nouveaux devoirs, ma petite madame Hedda.
HEDDA, avec colère. - Taisez-vous ! Cela n'arrivera jamais !
BRACK, d'un air réfléchi. - Nous en reparlerons dans un an, au plus tard.
HEDDA, d'un ton bref. - Je n'ai pas la vocation, monsieur le juge. Qu'on ne vienne pas me parler de devoirs, à moi.
BRACK. - Quoi ! Vous n'auriez pas, comme la plupart des femmes, de vocation pour...
HEDDA, près de la porte vitrée. - Ah ! Taisez-vous, vous dis-je ! Il me semble souvent qu'il n'y a pour moi qu'une profession au monde.
BRACK, s'approchant d'elle. - Laquelle, si j'ose vous le demander ?
HEDDA, regardant dehors. - Celle de m'ennuyer à mort, puisque vous voulez le savoir.

Acte deuxième (Traduction de Moritz Prozor)
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MADEMOISELLE TESMAN, changeant tout à coup de ton. —Non ! Mais quand on pense que te voici marié, Jorgen ! Et que c'est toi qui as conquis la charmante Hedda Gabler ! Songe donc ! Elle qui avait tant de jeunes cavaliers autour d'elle !
TESMAN, fredonnant un peu, avec un sourire de contentement. —Oui, je crois que, çà et là, en ville, j'ai quelques amis qui m'envient. Hein ?
MADEMOISELLE TESMAN.—Et ce long voyage de noces que tu as fait ! Plus de cinq, près de six mois.
TESMAN.— Hein ! Il faut dire que, pour moi, cela a été en même temps une espèce de voyage d'études. Toutes ces archives à compulser ! Et tant de livres à lire, si tu savais !
MADEMOISELLE TESMAN.—Oui, c'est très bien tout cela. (Confidentiellement, baissant la voix.) Mais, écoute donc, Jorgen, n'as-tu pas quelque chose, quelque chose de particulier à m'apprendre ?
TESMAN.— Au sujet de notre voyage ?
MADEMOISELLE TESMAN. — Oui.
TESMAN.— Non, rien que je sache, en dehors de ce que je vous ai écrit. Ma promotion au grade de docteur ; je t'en ai parlé hier, n'est-ce pas ?
MADEMOISELLE TESMAN.—Oui, tout cela, je le sais. Mais je veux dire n'as-tu pas, n'as-tu pas —voyons ! —quelques espérances ?
TESMAN.— Des espérances ?
MADEMOISELLE TESMAN.—Mon Dieu, Jorgen, ne suis-je pas ta vieille tante ?
TESMAN.—Certes, certes, j'ai des espérances.
MADEMOISELLE TESMAN.—Vraiment ?
TESMAN.—Les meilleures espérances d'être nommé professeur un de ces jours.
MADEMOISELLE TESMAN.—Professeur, oui, je sais bien.
TESMAN.— Ou plutôt, j'ose dire que j'en ai la certitude. Mais, ma bonne tante Juliane, tu sais cela aussi bien que moi !
MADEMOISELLE TESMAN, souriant. —Oui, oui, certainement. Tu as raison. (Changeant de ton.) Mais nous parlions du voyage. Il a dû te coûter beaucoup d'argent, dis, Jorgen ?
TESMAN.—Mon Dieu, oui. La bourse qu'on m'a donnée a couvert une bonne partie des frais.
MADEMOISELLE TESMAN.—Oui, mais ce que je ne comprends pas, c'est que cela ait pu suffire pour deux.
TESMAN.— Non, non, ce n'est pas si facile à comprendre, n'est-ce pas ? Hein ?
MADEMOISELLE TESMAN.—Et quand on voyage avec une dame encore. C'est que cela coûte infiniment plus cher, à ce que j'ai entendu dire.
TESMAN.— Oui, bien entendu, cela coûte un peu plus cher. Mais, vois-tu, tante, il fallait que Hedda fît ce voyage ! Il le fallait vraiment. Cela n'aurait pas été convenable autrement.
MADEMOISELLE TESMAN.—Non, non, peut-être bien. Aujourd'hui, un voyage de noces, cela appartient pour ainsi dire aux convenances. Mais, dis-moi, commences-tu à bien te reconnaître dans ta maison ?
TESMAN.—Je crois bien. Je suis sur pied depuis la pointe du jour pour passer tout en revue.
MADEMOISELLE TESMAN. — Et cela te plaît-il ?
TESMAN.—Beaucoup ! Énormément ! Il n'y a qu'une chose que je ne puis comprendre : que veux-tu que nous fassions de ces deux chambres vides entre la pièce du fond et la chambre à coucher de Hedda ?
MADEMOISELLE TESMAN, souriant. —Oh ! mon cher Jorgen, on trouvera bien à les employer avec le temps.
TESMAN.—C'est vrai, tu as bien raison, tante Juliane. Plus tard, quand j'aurai augmenté ma bibliothèque, je... Hein?
MADEMOISELLE TESMAN.—C'est cela, mon cher enfant. J'ai pensé à ta bibliothèque.

Acte premier
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HEDDA, regardant devant elle. - Mon Dieu ! Je ne sais pas pourquoi je serais heureuse. Pourriez-vous me le dire, vous ?
BRACK. - Mais, entre autres, parce que vous avez eu ce que vous désiriez. Je parle de votre maison.
HEDDA, le regarde et sourit. - Vous y croyez donc aussi, à cette histoire de désir réalisé ?
BRACK. - Comment ? Il n'y aurait rien de vrai là-dedans ?
HEDDA. - Si, une seule chose.
BRACK. - Quoi ?
HEDDA. - C'est que j’avais besoin de Tesman pour me reconduire chez moi l'été dernier, quand je sortais le soir.
BRACK. - Hélas ! Je devais prendre un autre chemin... que vous.
HEDDA. - C'est vrai. Vous suiviez un autre chemin... l'été dernier.
BRACK, souriant. - Vous n'avez pas honte, madame Hedda ! Mais voyons. Nous disions donc que Tesman et vous ?...
HEDDA. - Oui. Nous passions un soir par ici. Mon pauvre Tesman se tordait d'embarras : il ne trouvait rien à dire. C'est alors que j'ai e pitié de l'infortuné savant.
BRACK, avec un sourire de doute. - Vraiment ? Hem.
HEDDA. - Je vous prie de le croire. Alors, pour lui tendre la perche, j'eus l'étourderie de dire que j'aimerais demeurer dans cette villa.
BRACK. - Rien de plus ?
HEDDA. - Pas ce soir-là.
BRACK. - Mais plus tard, n'est-ce pas ?
HEDDA. - Oui, mon cher juge, mon étourderie a eu des suites.
BRACK. - Hélas ! C'est le cas de la plupart de nos étourderies, madame Hedda.
HEDDA. - Merci ! Mais vous voyez que c'est par une admiration commune pour la villa de Mme Falk que notre entente a commencé. Les fiançailles, le mariage, le voyage de noces et le reste n'ont été qu'une suite. Oui, oui, mon cher juge, j'allais presque dire : comme on fait son lit, on se couche.

Acte deuxième (Traduction Moritz Prozor)
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Hedda (près de la porte vitrée)
Oh! Taisez-vous, je vous dis...! Bien des fois, je trouve que je n'ai de dispositions que pour une seule chose au monde.

Brack (se rapproche)
Et pour quoi donc, si je peux me permettre?

Hedda (se rapproche)
Pour m'ennuyer à mourir. Voilà, vous le savez.
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MADAME ELVSTED, avec inquiétude, regardant sa montre. - Mais, chère madame Tesman..., j'avais l’intention de m'en aller maintenant.
HEDDA. - Oh ! Vous n'êtes certainement pas si pressée. Eh bien? Dites-moi un peu comment vous vous plaisez, là-haut, chez vous.
MADAME ELVSTED. - Ah ! C'est justement là ce dont je n'aimerais pas parler.
HEDDA. - Voyons ! Avec moi, chère... Mon Dieu, ne sommes-nous pas camarades de pension ?
MADAME ELVSTED. - Oui, mais vous étiez dans une classe au-dessus de moi. Oh ! que j'avais peur de vous en ce temps-là !
HEDDA. - Peur de moi ?
MADAME ELVSTED. - Oui. Horriblement peur. C'est que, en me rencontrant dans l'escalier, vous aviez l'habitude de me tirer les cheveux.
HEDDA. - Vraiment ?
MADAME ELVSTED. - Oui. Une fois même, vous m'avez dit que vous voudriez me les brûler.

Acte premier (Traduction de Moritz Prozor)
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"Le génie tient souvent à cette volonté de se faire reconnaître par ceux-là mêmes qui vous ont rejeté, comme pour mieux leur envoyer au visage le constat de leur erreur et les mettre à distance à leur tour. Ce n'est pas nouveau, les critiques incultes empoisonnent souvent de leur faux savoir et de leur prétention l'existence des vrais intellectuels. Ceux-ci ne sont pas ceux qui écrivent - ils sont légion - mais ceux qui créent."

(Introduction de Michel MEYER)
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HEDDA : Vous trouvez vraiment extraordinaire qu’une jeune fille ait envie de pénétrer dans un monde qui lui est interdit ? De connaître ce qu’on veut lui cacher ? Je voulais tout savoir.
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HEDDA (le regardant). - Ainsi, je suis en votre pouvoir, monsieur le juge. A partir de maintenant, je suis à votre merci.

BRACK (baissant encore la voix). - Ma chère Hedda, - ayez confiance, - je ne profiterai pas de la situation.

HEDDA. - A votre merci tout de même. Dépendante de vos exigences et de vos volontés. Prisonnière. Prisonnière ! ( Se levant ; avec véhémence.) Non, - je n'en supporterai pas l'idée ! Jamais !

BRACK (la regardant d'un air moqueur). - D'habitude, on supporte l'inévitable.
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HEDDA (jetant un cahier dans le poêle ; murmurant à elle-même). - Maintenant je brûle ton enfant, Thea ! (Jetant d'autres cahiers dans le poêle.) Ton enfant et celui d'Ejlert Lövborg. (Jetant le reste des cahiers.) Maintenant, je brûle, - je brûle l'enfant.
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