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Ibsen s'ingénie comme personne à exposer les tensions interpersonnelles que peuvent causer la vacuité d'une intériorité.
Toute la consistance dramatique de la pièce, tout son dynamisme, comme pour la logique hégélienne, provient d'un néant précisément déterminé, d'un être vide.
Tout explosera de manière imminente lorsqu'un être, gonflé à bloc d'ennui, qui persiste, par une lâche et insensible indolence à sa divertir, se met à extérioriser apathiquement son désarrois. Dès lors, la souffrance guette, imminente, l'instant de tout abolir…
Une grande pièce qui vaut vraiment le détour.
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Jørgen Tesman, historien sans grande envergure, rentre avec sa femme Heddda d'un voyage de noces de six mois, durant lequel il a surtout passé son temps à étudier. Il a choisi d'offrir à Hedda la maison, fort coûteuse, dont, croit-il, elle rêvait - on découvrira que sur ce point il se trompe lourdement -, dans laquelle ils emménagent à peine débarqués. C'est que ce mariage est quasiment une mésalliance. Si Tesman est plutôt issu de la petite bourgeoisie, Hedda appartient à la haute, voire la très haute bourgeoisie - ce qui ne va pas sans un mépris et une cruauté affichés pour ceux qui ne sont pas de sa classe. Cette union s'enracine donc dès le départ dans un différend que rendent criantes les différences sociales qui séparent les époux, ce qui ne fera que conforter le sentiment de vacuité propre à Hedda.

Chacun des personnages a un but propre : pour Tesman, c'est son travail, mais surtout la capacité à faire reconnaître les travaux d'autres chercheurs ; la tante de Tesman met toute sa vie dans son rôle de garde-malade auprès de sa soeur ; Ejlert Løvborg, ami de Tesman, est un historien qui a réussi à combattre ses démons et se voue désormais entièrement à ses travaux ; Thea Elvsted est l'amie bienveillante et la collaboratrice de Løvborg ; quant au juge Brack, son unique but est de mettre Hedda dans son lit. Hedda, elle, n'a pas de but réellement avoué, sinon la volonté d'accéder à quelque chose de pur, de beau - ce qui va à l'encontre de tout ce que lui demande la société. Or, la vie bourgeoise dans laquelle on veut l'enfermer, mais dans laquelle elle s'est également elle-même enfermée, fonctionne comme un piège. Elle n'a guère de perspective que d'être femme au foyer, mère (elle est enceinte, bien que le niant farouchement), et tout à la fois, pourquoi pas, la maîtresse discrète du juge Brack. C'est là que les didascalies d'Ibsen sont particulièrement précieuses : on va voir, au fur et à mesure des actes, l'appartement sombrer petit à petit dans l'obscurité. Les rideaux vont masquer les portes-fenêtres qui donnaient sur le jardin et laissaient passer la lumière du soleil à grands flots, la lumière des lampes va s 'amenuiser jusqu'à n'être plus qu'une très faible lueur en arrière-plan. Et les fleurs, qu'on avait parsemées à profusion dans le salon, vont disparaître.

Ce qui mettra le feu aux poudres dans l'existence de femme mariée, qui s'annonce très morne, de Hedda Tesman, ce seront les arrivées successives de Thea Elvsted et de Ejlert Løvborg. Lui, qui a longtemps gâché son talent en beuveries et autres excès, a enfin écrit un livre à succès et est sur le point de publier ce qu'il considère comme son chef-d'oeuvre. Elle, l'a pour ainsi dire accouché et s'est émancipée au point de quitter mari et enfants pour le suivre. Lui est un ancien amoureux de Hedda du temps où il ne produisait rien de bon, elle une ancienne condisciple de collège, que Hedda aimait particulièrement persécuter. Ces deux-là mettent Hedda face à sa vie bourgeoise vide de sens. La réponse sera à l'image de ce que fut la jeune Hedda Gabler et à ce qu'est toujours Hedda Tesman : cruelle. Pour autant, il lui faudra encore aller plus loin pour faire complètement fi des concessions et choisir une solution irrémédiable pour échapper à un destin médiocre. Mais la pièce ne donne pas dans les longs dialogues, ni dans les explications psychologiques. Plutôt axée sur des échanges brefs, des phrases interrompues ou allusives, elle nous emmène du côté du symbolisme avec l'aspiration à la beauté - jusque dans la cruauté - exprimée par Hedda, tout en s'insérant dans un cadre réaliste, mettant en scène non seulement des désirs et des attentes contraires et contrariés, mais prenant également racine dans une tension sociale insoluble.

Ibsen, on le sait, est toujours allé à contre-courant des idées-reçues de la société de son temps. Hypocrisie des élites, euthanasie, inceste, émancipation des femmes : il a traité de tout cela, et plus encore. Ici, il attaque un autre tabou, celui de la maternité, qui n'est vécue comme Hedda que comme un carcan supplémentaire que lui impose la société, et non comme une occasion d'épanouissement. Il y avait là de quoi déranger à une époque où les femmes étaient avant tout considérées comme des mères - mais je suis persuadée qu'Ibsen dérange encore beaucoup de nos jours. Son sujet fut toujours la question de l'émancipation de l'individu, et Hedda Gabler ne fait pas exception à la règle.


Challenge Théâtre 2017-2018
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Voici la pièce d'Ibsen que j'ai voulu lire après Une maison de poupée.
C'est le portrait d'une femme difficile à comprendre. Après une liaison platonique avec un homme brillant mais qui se révèlera faible, Hedda fille orgueilleuse d'un général a épousé un historien assez falot qui ponctue tous ses discours de “hein !” “Dis donc” “Pense donc” et agace sa femme qui a souvent du mal à se maîtriser.
D'une façon tout à fait différente de la Nora d'une maison de poupée, Hedda est coincée dans une vie bourgeoise qui l'ennuie.
Bien qu'il semble que ce soit elle qui ait rompu elle saisit l'occasion de se venger de son ancien amoureux mais aussi d'une ancienne condisciple de couvent qui a su influer sur la destinée d'un homme, justement cet ancien amoureux devenu alcoolique et qu'elle a aidé à travailler sur un nouvel ouvrage savant. Insupportable pour elle qui souffre de n'avoir aucun rôle.
Manipulant sans scrupule son entourage elle agit sans donner vraiment l'impression d'un but clair ni à ses yeux, ni aux nôtres.

Décidément il eut été dommage de ne pas connaître Ibsen.


Challenge Théâtre 2017-2018
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Après - Une maison de poupée -, j'avais envie de retrouver l'univers de Henrik Ibsen, "inventeur" du théâtre moderne.
Ce dramaturge norvégien nous livre dans - Hedda Gabler - un drame en quatre actes dans lequel on retrouve quelques-uns des thèmes qui lui sont chers : l'image de la femme, le rapport très patriarcal entre les deux sexes, la volonté émancipatrice de celui qu'on qualifie à tort de faible, les hypocrisies de la société bourgeoise, la sauvegarde à tout prix des apparences, le rôle déterminant de l'argent et celui non moins prééminent du pouvoir. Sans oublier la volonté du dramaturge de s'inscrire dans un réalisme, un rapport au réel que l'on retrouve dans les dialogues, dépourvus de tout lyrisme, de toute emphase et des personnages en symbiose avec la vérité de leur être.
Dans cette pièce que l'on peut lire en faisant appel ( pour les têtes bien pourvues ) à plusieurs clés de lecture, je me suis pour ma part contenté d'en utiliser deux ... faute d'en avoir davantage.
La première, très littérale, est la vengeance d'Hedda Gabler.
La seconde, un petit peu plus "subtile", tient dans l'opposition entre un romantisme qui n'a plus sa place face à un réalisme qui impose l'évidence de sa domination sur le passé et le recours à une vie plus rêvée que vécue.
En dehors du fait que la pièce est séquencée en quatre actes, ce qui n'est pas le cas dans - Une maison de poupée -, les ressorts auxquels Ibsen a recours sont à peu près identiques.
À l'exception de l'absence d'enfants - et pour cause...- et de leur nounou, les personnages sont ici à peu près au même nombre que dans - Une maison de poupée -, et leurs "fonctions", pas leurs rôles sont les mêmes.
Il y a Hedda Gabler, épouse Tesman. Jeune et belle femme, brillante, forte personnalité, passionnée ou exaltée... choisissez l'adjectif qui vous convient. Elle a fait un mariage de "raison", une mésalliance, elle fille d'un général, habituée au luxe, à l'argent, à un monde où tout vous est donné sans qu'on n'ait rien à payer en retour a épousé un terne professeur désargenté. Hedda aime monter à cheval et tirer au pistolet...
Son mari, personnage falot, besogneux ambitieux, un médiocre de bonne volonté, est un spécialiste de l'histoire des civilisations.
Pour offrir à sa femme le train de vie qu'exige une femme de son rang, il compte sur l'obtention d'une chaire universitaire qui lui semble ( semblait...) promise.
Il a été élevé par ses deux tantes : Julianne Tesman, soeur de Jochum, père de Jörgen, ( mari d'Hedda ), une femme de 65 ans qui vit avec sa soeur Rina, impotente, dont elle s'occupe avec dévouement.
Le juge Brack est l'ami de la famille. Naturellement sa présence dans la pièce est multifonctionnelle - c'est l'intrigant au service de l'intrique - mais vous dire qu'il veuille faire d'Hedda sa maîtresse ne surprendra personne.
Ejlert Lövborg est, comme Jörgen Tesman, un spécialiste de l'histoire des civilisations. Lui et Hedda ont été naguère très proches. de grands amis ; Hedda ayant rompu avec l'homme qu'elle avait idéalisé pour ne pas gâcher l'idéal romantique que ce dernier incarnait et qu'il risquait de trahir en pressant Hedda de franchir le seuil au-delà duquel l'amitié entre un homme et une femme... "s'altère"(?). Lövborg n'est pas un idéaliste, c'est un sensuel, un jouisseur, un débauché, un ivrogne... repenti(?), qui vient de connaître un grand succès de librairie après avoir écrit un livre dont tout le monde parle.
Mme Elvsted, une jolie petite blonde aux yeux bleus, est la femme du préfet.
De condition sociale inférieure à Hedda, d'une personnalité moins flamboyante, elle va en être à son insu la rivale... Car elle vient de quitter son mari, après avoir été la secrétaire de Lövborg, que le couple a longtemps hébergé. Elle est tombée amoureuse de l'idéal masculin d'Hedda.
Aucune pièce de cette époque, ne pourrait se passer d'une Berte, la domestique du couple Tesman... réalisme et théâtre obligent...

La pièce se déroule dans l'appartement des Tesman.
Le couple rentre d'un voyage de noces de six mois.
L'un et l'autre n'ont évidemmet pas vécu le même voyage.
Jörgen a passé son temps dans les bibliothèques.
Hedda a passé le sien à s'ennuyer.
La tante attend avec impatience le récit de son neveu... auquel elle a rapporté ses chères pantoufles.
Elle questionne Jörgen sur leur voyage... espérant l'annonce d'un "heureux évènement".
Suite de quiproquos, le pauvre garçon est un "pantouflard", un "mari"...
Hedda de son côté a la gâchette leste et la malheureuse tante est la première à y goûter.
Le juge Brack rend visite au couple et leur donne des nouvelles de Lövborg. le succès de son livre paru et son séjour chez les Elvsted.
Hedda est contrariée.
Elle va l'être davantage encore lorsque Madame Elvsted va lui rendre visite, lui confier que Lövborg a écrit un manuscrit révolutionnaire... qui traître du futur de la civilisation et que ce manuscrit est appelé à devenir un énorme succès. Elle a été celle à qui Lövborg a dicté le manuscrit en question ; c'est "leur enfant". D'ailleurs ne s'est-elle pas enfuie de chez elle pour suivre Lövborg dont elle est amoureuse !...
Hedda fulmine.
Jusqu'à la rencontre avec son ancien ami... qu'elle continue à idéaliser mais à opposer à son réalisme qui ne mène qu'à la déconvenue, son romantisme, son idéal d'une vie rêvée.
Ces deux mondes sont-ils réconciliables ? Sont-ils compatibles ?
Une nuit et un manuscrit plus tard, vous aurez la réponse à ces questions...

Il y a un peu d'Emma Bovary et un peu d'Antigone dans le personnage d' Hedda Gabler.
Il y a aussi bien d'autres facettes que chacun interprètera selon sa sensibilité et ses connaissances.
On ne peut certes pas rester insensible à ce personnage... même de manière symbolique.
La pièce d'Ibsen est de qualité.
La lecture est plaisante.
Jörgen Tesman et ses "hein ?" innombrables, ses " pense donc..." font "regretter" de lire plutôt que d'écouter assis dans un fauteuil au théâtre les répliques de ce peronnage particulièrement bien travaillé par l'auteur.
J'ai moins aimé que - Une maison de poupée -... mais ça reste du grand Ibsen.
Et puis je me sens bien en compagnie de ces gens qui, comme moi, pensent que la vie est plus ridicule que désespérante.
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Un très beau personnage, Hedda Gabler, trouble, complexe, surprenant, plein de recoins obscurs et de braises, qui nous bringuebale d'un sentiment à l'autre. Hedda Gabler est terrible, cruelle, destructrice, mais on la comprend, elle nous touche, son incapacité à supporter la médiocrité, la laideur, le ridicule de la vie. Elle s'ennuie Hedda, elle s'ennuie à mourir, coincée dans une vie qui ne lui va pas, qui n'est pas à sa taille, elle part en vrille. Il y a en elle des aspirations, des exigences qui se heurtent violemment au monde qui l'entoure, elle est à la fois bourreau et victime, elle nous choque par sa noirceur mais on la plaint. Comme si sa conviction que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue la plaçait au-delà du bien et du mal. Comme si les tensions entre les carcans des conventions, l'étroitesse de ce que la vie lui propose, et ses désirs profonds ne pouvaient que produire une force explosive.

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« Hedda Gabler » est l'une des trois pièces les plus connues du dramaturge norvégien Henrik Ibsen avec « La maison de poupée » et « La dame de la mer ».

La pièce s'ouvre sur le retour d'un long voyage de noce. Hedda et Jorgen se sont absentés pendant 6 mois. Elle est fille de général, lui aspire à devenir professeur à l'université. Il croit la rendre heureuse en les installant dans une belle et grande maison. Ce n'est pas un mariage d'amour. Hedda croyait épouser un homme ayant une situation aisée. Mais Jorgen n'est pas à la hauteur, contrairement à un ancien amant d'Hedda qui réapparaît soudain et qui lui est en passe de connaître le succès et devient un concurrent pour le poste brigué par Jorgen, et donc un danger pour les ambitions d'Hedda. Les rivalités entre les uns et les autres, la jalousie, l'orgueil et l'ennui d'Hedda les mèneront tous au drame.

"Hedda Gabler" fit scandale à sa sortie et ne fut jouée en Norvège qu'après sa création en Allemagne en 1890. On reproche à Ibsen de dresser le portrait d'une femme trop libre, trop fantasque, trop cruelle. Voilà qui ne convient pas au puritanisme nordique. Elle est en fait le destin tragique d'une femme qui n'a pas su donner un sens à sa vie.

Ibsen a créé ici l'un des grands rôles féminins du théâtre moderne. La personnalité d'Hedda est complexe, sombre, multiple, offrant à toute comédienne un terrain fertile pour exploiter les tourments de l'âme et donner libre cours à toutes les forces de la dramaturgie. Dans une atmosphère de huis clos étouffant, Hedda se fait calculatrice, manipulatrice, enjôleuse, douce ou violente.

« Hedda Gabler » s'inscrit dans la continuité de l'oeuvre d'Ibsen, analyse sociale et sociétale faite par un dramaturge classé parmi les naturalistes. Celui-ci excelle à décrire les tréfonds de l'âme tout en interpellant le spectateur sur les fondements de la société. Ici c'est de la place des femmes qu'il est question avec ce personnage qui n'accepte pas le rôle que sa condition lui impose. Si le texte prête moins à scandale aujourd'hui, il contribue à inscrire Ibsen dans un tournant dans l'écriture théâtrale et l'ancrant dans la modernité.
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Une pièce très accessible et très complexe à la fois, mettant en scène une sublime figure de femme, une femme qui se heurte à la pauvreté des possibles dans sa vie: être une épouse, être une mère. Et point barre. ça fait pitié, je la comprends...

Vous l'aurez compris, j'ai adoré cette pièce (même s'il semble que ce ne soit pas pour les bonnes raisons, celles des universitaires émérites, érudits, éclairés, ééé...et caetera.).
Le personnage féminin central, Hedda, est magnifique... d'une complexité dont on ne peut venir à bout, alors que l'ensemble est d'une telle limpidité... Se lit très vite, n'a pas cette pesanteur habituelle des pièces, qui nous rappelle à chaque page que ce texte n'est pas fait pour être lu mais pour être joué. Peu de personnages, une situation a priori simple. Et 3000 ambiguïtés. 10000 Interprétations. Tout ce que j'aime.

Les époux Tesman rentrent de voyage de noce. Lui est un intellectuel qui étudie l'histoire de la culture Elle, elle l'a épousé en connaissance de cause, mais ne parvient à se satisfaire de cet être terne et trop insignifiant. Elle rêve de grandes choses, mais sans parvenir à leur donner de contours précis, d'où une grande frustration...

Hedda Gabler (de son nom de jeune fille) est une femme qui ne demande qu'à vivre, mais souffre de n'avoir, en tant que femme, qu'une emprise médiocre sur le monde. Ne sachant (n'osant?) aimer, elle est en partie "défaite" du rôle type d'épouse, qui la dégoûte. Aucune autre possibilité ne s'offre à elle qu'un insatisfaisant et stérile jeu de séduction, dans lequel elle ne trouve pas son compte.

(suite sur Tale me more)
Elle va jalouser/envier/désirer une autre femme, Théa, qui, elle, a su influencer la destinée d'un autre homme, Loveborg, en faisant d'un noceur un homme nouveau, "nettoyé", auteur d'un livre à succès. Hedda connaissait Loveborg, elle en était très proche, mais la réputation sulfureuse de celui-ci et la crainte d'Hedda de perdre en respectabilité les ont séparés (enfin, c'est un peu moins clair que ça, je sais que je me trompe en l'écrivant...).

Hedda comme elle le dit si justement elle-même en prenant place sur le canapé, va vouloir se mettre entre eux deux. Elle peut sembler méchante, froide, manipulatrice... mais ça sonne plutôt comme la rage du désespoir. Ce qui est magnifique, c'est qu'elle ne souhaite au fond que vivre quelque chose de beau.
Et quand ce beau n'arrive pas... Quand les médiocres semblent avoir le dessus et triompher sans elle...
Lien : http://talememore.hautetfort..
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Écrit en 1890, Hedda Gabler est un moment fort de la vie créative d'Ibsen. Bien que les "drames sociaux" de sa période de prose dépeignent des personnages corsés et crédibles, Ibsen a atteint une profondeur psychologique dans Hedda Gabler que ses oeuvres ultérieures n'ont jamais dépassée. Après avoir enquêté sur le caractère féminin dans une société orientée vers les hommes dans Une maison de poupée, Ibsen a élargi son examen pour englober toute la pathologie de la femme sociale. Bien que Hedda Gabler soit un exemple de féminité pervertie, sa situation éclaire ce qu'Ibsen considérait comme une société dépravée, résolue à sacrifier à son propre intérêt la liberté et l'expression individuelle de ses membres les plus doués.

Le problème de Hedda Gabler éclaire le problème universel de la femme dans une société construite par les hommes. Comme Mme Alving et Nora Helmer, Hedda doit prendre une décision indépendante sur sa vie. Les femmes, cependant, dans toutes les sociétés sauf les plus progressistes, sont empêchées de participer au monde en dehors de leur foyer et ne sont pas équipées pour l'indépendance en dehors de leur famille. Ainsi, Hedda Gabler, malgré un profond désir d'indépendance, n'a aucune ressource personnelle pour réaliser sa propre responsabilité.

Ayant le désir, mais pas la capacité, d'un effort constructif d'autodétermination, Hedda devient une Médée moderne, exprimant sa frustration dans des tentatives destructrices de réalisation de soi. N'ayant aucune influence positive dans le monde, Hedda Gabler ne peut se définir que négativement : elle détruit ce qu'elle ne peut accepter. Saper son mari avec sa froideur, nier sa grossesse, détruire l'oeuvre de la vie de Thea, brûler le produit créatif de Lövborg, ruiner le manuscrit de l'enfant et enfin, se suicider sont autant de tentatives perverses pour satisfaire son "envie de vivre". En dépeignant la pathologie d'une femme frustrée dans Hedda Gabler, Ibsen proclame sa protestation la plus puissante contre la société du double standard.
Une pièce de plus qui fait d'Ibsen un des grands dramaturges de notre histoire, à côté des tragiques grecs et de Shakespeare...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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L'histoire en apparence est assez simple (schéma classique du trio amoureux: le mari, la femme convoitée, le prétendant), mais le génie d'Ibsen tient dans la profondeur des personnages. En glissant des indices çà et là, il donne une véritable existence à ces êtres, bien au-delà de la pièce, il leur donne un passé, une profondeur, des caractères, et des émotions complexes. Je repense souvent à Hedda Gabler. Il m'arrive encore aujourd'hui de mieux comprendre mon personnage ou de réaliser que je le jouerai différemment. C'est donc une belle pièce, et à raison, une des plus célèbres de ce grand dramaturge norvégien. (Plus sur Instagram)
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Tout juste revenue du voyage de noces, méprisante et dépensière, Hedda s'ennuie. Sa vie de bourgeoise en province ne lui convient guère. Quand réapparaît son ancien amoureux, elle en fait son jouet et déclenchera une mécanique qui lui échappera.

Texte joué et vu au théâtre ; mise en scène par Roman Polanski
Incarnation magnifique d'Helda Gabler par Emmanuelle Seignier
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