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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Toutes les guerres sont affreuses. Oui, nous sommes d'accord. Pour autant, certaines guerres présentent un caractère particulier pour aller au-delà d'une simple vulgarisation accommodante.

L'Ukraine a été envahie par la Russie le 24 février 2022 qui a déployé un tissu de mensonges afin de justifier leurs actes inadmissibles. Ce n'est pas une opération spéciale mais bel et bien une guerre d'invasion afin de soutirer des territoires à un peuple qui s'ouvrait à l'Occident et à la démocratisation. Cette invasion est d'ailleurs considérée comme la plus importante opération militaire d'agression qu'ait connue l'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, c'est dire !

Il faut dire que la Russie ne nous aime pas. Ils n'aiment pas la démocratie en tant que telle. Poutine l'a d'ailleurs déclaré que ce système n'était pas fait pour les slaves. Ils doivent être dirigés d'une main de fer avec une orientation sur la façon de penser pour ne pas terminer empoisonner ou dans un goulag de nouveau genre en Sibérie.

Il est vrai que l'Ukraine a eu déjà à subir les foudres de Moscou dans le passé et notamment en 1932 et 1933 où Staline provoqua la mort de 3 à 5 millions de gens en les affamant pour leur faire passer leur envie d'indépendance. On n'a pas parler de génocide mais d'un terme assez barbare à savoir l'Holodomor (l'extermination par la faim).

Ce peuple qui avait déjà beaucoup souffert sous l'ère du communisme vient d'être à nouveau frapper par la Russie qui ne pardonne pas les élections de 2019 où Volodymyr Zelensky (ancien acteur comique de TV) l'a emporté avec 73,2% des voix. On a une majorité de ce peuple qui souhaite la démocratie et se tourner vers l'Occident. C'est la perte de la sphère d'influence de la Russie qui n'a pas su les attirer économiquement et idéologiquement. On voit bien que la Russie et l'Ukraine ne sont pas un seul peuple comme l'affirme Poutine dans son essai de Juillet 2021.

A noter et c'est très important, que l'Ukraine avait abandonné l'arsenal nucléaire pour le rendre aux russes en échange d'un respect de son intégrité territoriale. C'était signé dans les accords de Budapest puis réaffirmé 5 ans plus tard dans une charte de sécurité européenne. On voit ce que la Russie a fait de ces traités internationaux en les bafouant par leur acte d'agression.

La BD évoquera également la guerre éclair voulu par Poutine (les soldats n'avaient que trois jours de provision alimentaire). C'était sans compter sur l'orgueil et surtout la défense admirable et le courage de ce peuple qui a dit « non ». Certes, le conflit demeure dans le temps car il s'agit quand même de combattre le plus grand pays de la planète. L'Ukraine a réussi à repousser l'offensive russe mais ces derniers occupent encore une bonne partie du territoire notamment au sud et à l'Est.

Un passage de lecture m'a particulièrement marqué. C'est celle où des enfants ont dû assister à l'exécution publique de leurs parents avant d'être violé par des soldats russes et se retrouver dans un bus en partance pour la Pologne. Les russes ont expliqué qu'ils voulaient laisser un souvenir impérissable de leur grande patrie qui a vu naître une culture prestigieuse des oeuvres de Tolstoï et Dostoïevski. J'avoue avoir eu la nausée. Bien entendu, les détracteurs diront que c'est totalement inventé par de la propagande. Or, il faut lire cette BD pour découvrir les différents témoignages de leurs très nombreuses exactions qui ne semblent faire aucun doute.

Evidemment, le massacre de Boutcha est évoqué. Il restera comme un crime de guerre commis pendant cette invasion au nord de Kiev. On espère que Poutine sera jugée pour ses meurtres en masse et ses exécutions sommaires sans compter le viol et la torture qui ont été recensé par des témoignages accablants sans compter sur les images prises par satellite. Certes, les ukrainiens ne sont pas des anges mais ils sont victimes d'une agression et en tant que tel, c'est à prendre en considération.

La désinformation russe les a fait passer pour des nazis à la solde de l'Occident voulant s'en prendre à la Russie. Il est également dommage que cette désinformation soit relayée sur les réseaux sociaux par des complotistes. La Russie compte encore de nombreux sympathisants en France et dans le monde aussi bien politique que les riches milliardaires voulant dominer la planète. Leur influence sur l'élection présidentielle américaine de Donald Trump en ait un formidable exemple.

Il faut savoir que l'utilisation de plusieurs mots, parmi lesquels « invasion », « guerre », « bombardements de villes » ou « pertes civiles », est durement réprimée par la loi et passible de prison, tandis que les réseaux sociaux sont censurés tout comme l'ensemble des médias locaux. Les journalistes indépendants ont été pourchassé. le chef de la milice Wagner a été vraisemblablement tué. le principal opposant de Poutine est en prison dont il ne ressortira plus après avoir subi une tentative d'empoisonnement.

Cette BD qui porte sur l'invasion de l'Ukraine nous permet d'avoir les idées plus claires après lecture. Certes, il y a un parti pris mais qui s'explique aisément face à l'évidence des mensonges. J'espère que ce pays parviendra à récupérer l'ensemble de son territoire (y compris la Crimée) puis à faire partie de l'OTAN et de l'Europe pour être délivrer à tout jamais du grand mal que représente l'impérialisme de Poutine et de sa clique d'oligarques.

Pour cela, il faudrait continuer à les soutenir en fournissant notamment du matériel militaire, de la nourriture, du matériel médical et d'importantes aides financières. Il s'agirait également de renforcer les sanctions internationales contre la Russie et ses ressortissants soutenant la guerre.

D'autres pourraient penser au contraire, et je le conçois, que l'Ukraine devrait changer son régime politique (comme ce qui s'est passé malheureusement en Tchétchénie après la guerre), devenir un Etat totalement neutre, reconnaître l'appartenance de la Crimée à la Russie et déclarer l'indépendance des deux républiques populaires du Donbass.

Si la Russie gagnait et c'est également une possibilité, qui serait le prochain Etat à subir leur colère dans leurs rêves de revanche pour retrouver la grande URSS et les états frères d'Europe de l'Est ? On pense à la Moldavie (déjà divisé par une région séparatiste russe à savoir la Transnistrie) et aux Etats baltes en tout premier lieu. On ne peut décemment pas le laisser faire comme cela s'est produit dans le passé avec un certain Hitler. C'est le même combat pour la liberté des peuples.

Pour moi, le choix est très vite fait entre une dictature et une démocratie mais cela ne semble pas évident pour tout le monde. Pour rappel, le schéma est le suivant : une dictature attaque une démocratie en menaçant la paix dans le monde. Certains pays méritent plus la défiance que la confiance…

Alors, oui, cette BD qui collecte simplement les faits et témoignages sur l'invasion russe provoque ce type de réflexion personnelle ou collective. Il s'agira de suivre cette guerre qui peut encore réserver des surprises inattendues qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

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J'ai emprunté ce roman graphique parmi les nouveautés de la médiathèque afin de mieux comprendre l'actualité. Visuellement, il s'agit d'un très bel ouvrage, aéré aux dessins délicats. le sujet est difficile.

Igort est un auteur de bande-dessinée de nationalité italienne. Il a vécu en Ukraine pendant deux ans. La famille de sa femme vit dans ce pays ainsi que plusieurs de ses amis. Lorsque l'Ukraine est envahie par les Russes dans la nuit du 24 février 2022, Igort, inquiet et impuissant, reçoit des nouvelles par téléphone de ses proches. Ce livre, présenté sous forme de journal, est un témoignage sur le quotidien de la population ukrainienne jour après jour.

On ressent l'émotion de l'auteur. « Ainsi une guerre a débuté. Aujourd'hui. Avec les voix agitées au téléphone, depuis le champ de bataille. Les sanglots, les peurs qui émergent, les bribes de parole. Soudain, tout change. Il faut s'habituer à l'angoisse. Alors tu te demandes si tu peux aider, et comment. le téléphone sonne et les nouvelles s'accumulent, en désordre. Les questions fusent. de la part de ceux qui te demandent des informations qui là-bas n'arrivent sans doute pas. Alors toi, qui est loin et qui écoutes tous les reportages, lis tous les journaux, regardes toutes les émissions spéciales à la télé, tu t'informes, tu tentes de rassurer. Et tu mens. Tu t'entends donner des versions édulcorées de nouvelles qui ne sont absolument pas bonnes. Tu mens car si ton cerveau refuse d'accepter ce que tu entends et lis, comment celui qui est prisonnier de ce cauchemar pourrait-il le faire ? » le pays est envahi sur plusieurs fronts, une partie de la population tente de fuir. Mais dès le 25 février, « la loi martiale entre en vigueur. Plus un homme entre 18 et 60 ans ne peut quitter l'Ukraine ».

Au cours ce ce journal, l'auteur effectue des retours en arrière sur les événements de 2014. C'est intéressant pour mieux comprendre les enjeux actuels. Par contre j'ai trouvé que cela coupait un peu la trame narrative du journal. Igort évoque aussi des événements marquants du XXème siècle tels que la famine de 1932-1933 ou la figure de Stepan Bandera, chef de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) dans les années 1940.

Mais le récit est surtout centré sur la violence et la peur qui régissent la vie quotidienne des civils au cours des premiers mois de la guerre de 2022. Les exécutions, viols, tortures lors des massacres de Boutcha m'ont glacée et j'ai refermé ce livre assez éprouvée par cette lecture.
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L'invasion de l'Ukraine par les troupes de Poutine, voilà bientôt trois ans que nous en suivons le déroulement via nos journaux et la télévision…
Ce roman graphique, où le texte revêt autant d'importance que l'image, nous la présente sous un angle différent : la guerre est ici vécue par des civils ordinaires qui nous parlent de la vie sous les bombardements, de leurs contacts avec l'envahisseur, des pénuries, de leur fuite.

Igor Tuveri est Italien mais à été baigné dans la culture et la littérature russe, son prénom l'atteste, son épouse, Galya, est Ukrainienne et il a des amis et de la famille dans ce pays.

Son livre rassemble, sous forme de journal, au jour le jour, tous les coups de téléphone, tous les témoignages de ses connaissances dès le début de l'invasion.

Tout cela est une leçon d'Histoire composée d'histoires individuelles, et c'est poignant !

Tant les textes que les dessins nous plongent dans ce cauchemar.

Pour la clarté de ses lecteurs, l'auteur insère de temps à autre quelques repères historiques : l'holodomor, la guerre en Géorgie, la prise de la Crimée, la sécession dans le Donbass, délaissant l'emploi de la couleur pour le Noir et Blanc pour les pages les plus sombres.

J'ai apprécié qu'il apporte des nuances, n'hésitant pas à aborder des épisodes peu reluisants pour l'Ukraine : la mort de russophones à Odessa, la corruption et le tristement célèbre Simon Bandera.

Ce livre s'est imposé à moi car j'ai deux grandes amies ukrainiennes et le sort de leur pays m'importe.

Je ne regrette pas ma lecture
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Cette bande-dessinée regroupe plusieurs témoignages sur cette guerre qui n'en ai pas une pour les Russes mais qui coche toutes les cases des atrocités d'un conflit moderne.
La force de ces récits, c'est de témoigner d'une guerre dont on pense - nous occidentaux - tous connaitre grâce aux médias. Mais la télévision ou les autres médias ne mettent pas en évidence les atrocités de cette guerre avec des milliers de morts, des déportations, des arrestations arbitraires, des tortures, des intimidations, des pillages… l'armée Russe est entrée en Ukraine pour mettre au pas une population civile sans aucune intention de respecter les conventions internationales.
On découvre donc le vrai visage de cette guerre mais on se rend compte aussi qu'elle ne s'arrêtera pas comme cela ; que c'est un conflit qui durera et qu'il sera difficile de réconcilier Ukrainiens et Russes tant les seconds oppriment les premiers. Il y a de nombreux témoignages très durs dans ce livre qui montrent toutes les atrocités qui émaillent ce genre de guerre, et encore plus quand elle est idéologique.
L'ouvrage présente plutôt bien aussi les tenants et les aboutissements de ce conflit en revenant notamment sur le principal responsable de cette guerre : Vladimir Poutine.
Bref, c'est un ouvrage qui livre un témoignage bouleversant sur cette guerre à deux pas de chez nous. Un témoignage indispensable pour comprendre que ce conflit n'est pas une simple guerre entre 2 armées mais une véritable tragédie.
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Je ne suis pas une habituée des BD historiques mais celle-ci m'a semblé incontournable. J'ai beaucoup apprécié le graphisme de l'auteur. Par contre j'ai très vite été perdue dans le déroulé de l'histoire, ou plutôt l'absence de déroulé. le script passe de 2022 à 2014, à la famine des années 30', puis retour en 2008... C'est dommage.
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