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EAN : 9782754835169
168 pages
Futuropolis (23/11/2022)
4.31/5   62 notes
Résumé :
Igort a vécu en Ukraine, la famille de son épouse y vit toujours. Après avoir raconté les racines de ce conflit dans Les Cahiers ukrainiens et Les Cahiers russes, il revient sur ce sujet pour donner une voix à ceux que généralement on entend peu : les gens ordinaires qui vivent et subissent les conséquences d'une guerre insensée et brutale. Un récit écrit en temps réel qui témoigne de l'horreur : une vie sous les bombardements, dans les villes assiégées... et puis l... >Voir plus
Que lire après Les Cahiers ukrainiens : Journal d'une invasionVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Toutes les guerres sont affreuses. Oui, nous sommes d'accord. Pour autant, certaines guerres présentent un caractère particulier pour aller au-delà d'une simple vulgarisation accommodante.

L'Ukraine a été envahie par la Russie le 24 février 2022 qui a déployé un tissu de mensonges afin de justifier leurs actes inadmissibles. Ce n'est pas une opération spéciale mais bel et bien une guerre d'invasion afin de soutirer des territoires à un peuple qui s'ouvrait à l'Occident et à la démocratisation. Cette invasion est d'ailleurs considérée comme la plus importante opération militaire d'agression qu'ait connue l'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, c'est dire !

Il faut dire que la Russie ne nous aime pas. Ils n'aiment pas la démocratie en tant que telle. Poutine l'a d'ailleurs déclaré que ce système n'était pas fait pour les slaves. Ils doivent être dirigés d'une main de fer avec une orientation sur la façon de penser pour ne pas terminer empoisonner ou dans un goulag de nouveau genre en Sibérie.

Il est vrai que l'Ukraine a eu déjà à subir les foudres de Moscou dans le passé et notamment en 1932 et 1933 où Staline provoqua la mort de 3 à 5 millions de gens en les affamant pour leur faire passer leur envie d'indépendance. On n'a pas parler de génocide mais d'un terme assez barbare à savoir l'Holodomor (l'extermination par la faim).

Ce peuple qui avait déjà beaucoup souffert sous l'ère du communisme vient d'être à nouveau frapper par la Russie qui ne pardonne pas les élections de 2019 où Volodymyr Zelensky (ancien acteur comique de TV) l'a emporté avec 73,2% des voix. On a une majorité de ce peuple qui souhaite la démocratie et se tourner vers l'Occident. C'est la perte de la sphère d'influence de la Russie qui n'a pas su les attirer économiquement et idéologiquement. On voit bien que la Russie et l'Ukraine ne sont pas un seul peuple comme l'affirme Poutine dans son essai de Juillet 2021.

A noter et c'est très important, que l'Ukraine avait abandonné l'arsenal nucléaire pour le rendre aux russes en échange d'un respect de son intégrité territoriale. C'était signé dans les accords de Budapest puis réaffirmé 5 ans plus tard dans une charte de sécurité européenne. On voit ce que la Russie a fait de ces traités internationaux en les bafouant par leur acte d'agression.

La BD évoquera également la guerre éclair voulu par Poutine (les soldats n'avaient que trois jours de provision alimentaire). C'était sans compter sur l'orgueil et surtout la défense admirable et le courage de ce peuple qui a dit « non ». Certes, le conflit demeure dans le temps car il s'agit quand même de combattre le plus grand pays de la planète. L'Ukraine a réussi à repousser l'offensive russe mais ces derniers occupent encore une bonne partie du territoire notamment au sud et à l'Est.

Un passage de lecture m'a particulièrement marqué. C'est celle où des enfants ont dû assister à l'exécution publique de leurs parents avant d'être violé par des soldats russes et se retrouver dans un bus en partance pour la Pologne. Les russes ont expliqué qu'ils voulaient laisser un souvenir impérissable de leur grande patrie qui a vu naître une culture prestigieuse des oeuvres de Tolstoï et Dostoïevski. J'avoue avoir eu la nausée. Bien entendu, les détracteurs diront que c'est totalement inventé par de la propagande. Or, il faut lire cette BD pour découvrir les différents témoignages de leurs très nombreuses exactions qui ne semblent faire aucun doute.

Evidemment, le massacre de Boutcha est évoqué. Il restera comme un crime de guerre commis pendant cette invasion au nord de Kiev. On espère que Poutine sera jugée pour ses meurtres en masse et ses exécutions sommaires sans compter le viol et la torture qui ont été recensé par des témoignages accablants sans compter sur les images prises par satellite. Certes, les ukrainiens ne sont pas des anges mais ils sont victimes d'une agression et en tant que tel, c'est à prendre en considération.

La désinformation russe les a fait passer pour des nazis à la solde de l'Occident voulant s'en prendre à la Russie. Il est également dommage que cette désinformation soit relayée sur les réseaux sociaux par des complotistes. La Russie compte encore de nombreux sympathisants en France et dans le monde aussi bien politique que les riches milliardaires voulant dominer la planète. Leur influence sur l'élection présidentielle américaine de Donald Trump en ait un formidable exemple.

Il faut savoir que l'utilisation de plusieurs mots, parmi lesquels « invasion », « guerre », « bombardements de villes » ou « pertes civiles », est durement réprimée par la loi et passible de prison, tandis que les réseaux sociaux sont censurés tout comme l'ensemble des médias locaux. Les journalistes indépendants ont été pourchassé. le chef de la milice Wagner a été vraisemblablement tué. le principal opposant de Poutine est en prison dont il ne ressortira plus après avoir subi une tentative d'empoisonnement.

Cette BD qui porte sur l'invasion de l'Ukraine nous permet d'avoir les idées plus claires après lecture. Certes, il y a un parti pris mais qui s'explique aisément face à l'évidence des mensonges. J'espère que ce pays parviendra à récupérer l'ensemble de son territoire (y compris la Crimée) puis à faire partie de l'OTAN et de l'Europe pour être délivrer à tout jamais du grand mal que représente l'impérialisme de Poutine et de sa clique d'oligarques.

Pour cela, il faudrait continuer à les soutenir en fournissant notamment du matériel militaire, de la nourriture, du matériel médical et d'importantes aides financières. Il s'agirait également de renforcer les sanctions internationales contre la Russie et ses ressortissants soutenant la guerre.

D'autres pourraient penser au contraire, et je le conçois, que l'Ukraine devrait changer son régime politique (comme ce qui s'est passé malheureusement en Tchétchénie après la guerre), devenir un Etat totalement neutre, reconnaître l'appartenance de la Crimée à la Russie et déclarer l'indépendance des deux républiques populaires du Donbass.

Si la Russie gagnait et c'est également une possibilité, qui serait le prochain Etat à subir leur colère dans leurs rêves de revanche pour retrouver la grande URSS et les états frères d'Europe de l'Est ? On pense à la Moldavie (déjà divisé par une région séparatiste russe à savoir la Transnistrie) et aux Etats baltes en tout premier lieu. On ne peut décemment pas le laisser faire comme cela s'est produit dans le passé avec un certain Hitler. C'est le même combat pour la liberté des peuples.

Pour moi, le choix est très vite fait entre une dictature et une démocratie mais cela ne semble pas évident pour tout le monde. Pour rappel, le schéma est le suivant : une dictature attaque une démocratie en menaçant la paix dans le monde. Certains pays méritent plus la défiance que la confiance…

Alors, oui, cette BD qui collecte simplement les faits et témoignages sur l'invasion russe provoque ce type de réflexion personnelle ou collective. Il s'agira de suivre cette guerre qui peut encore réserver des surprises inattendues qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

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J'ai emprunté ce roman graphique parmi les nouveautés de la médiathèque afin de mieux comprendre l'actualité. Visuellement, il s'agit d'un très bel ouvrage, aéré aux dessins délicats. le sujet est difficile.

Igort est un auteur de bande-dessinée de nationalité italienne. Il a vécu en Ukraine pendant deux ans. La famille de sa femme vit dans ce pays ainsi que plusieurs de ses amis. Lorsque l'Ukraine est envahie par les Russes dans la nuit du 24 février 2022, Igort, inquiet et impuissant, reçoit des nouvelles par téléphone de ses proches. Ce livre, présenté sous forme de journal, est un témoignage sur le quotidien de la population ukrainienne jour après jour.

On ressent l'émotion de l'auteur. « Ainsi une guerre a débuté. Aujourd'hui. Avec les voix agitées au téléphone, depuis le champ de bataille. Les sanglots, les peurs qui émergent, les bribes de parole. Soudain, tout change. Il faut s'habituer à l'angoisse. Alors tu te demandes si tu peux aider, et comment. le téléphone sonne et les nouvelles s'accumulent, en désordre. Les questions fusent. de la part de ceux qui te demandent des informations qui là-bas n'arrivent sans doute pas. Alors toi, qui est loin et qui écoutes tous les reportages, lis tous les journaux, regardes toutes les émissions spéciales à la télé, tu t'informes, tu tentes de rassurer. Et tu mens. Tu t'entends donner des versions édulcorées de nouvelles qui ne sont absolument pas bonnes. Tu mens car si ton cerveau refuse d'accepter ce que tu entends et lis, comment celui qui est prisonnier de ce cauchemar pourrait-il le faire ? » le pays est envahi sur plusieurs fronts, une partie de la population tente de fuir. Mais dès le 25 février, « la loi martiale entre en vigueur. Plus un homme entre 18 et 60 ans ne peut quitter l'Ukraine ».

Au cours ce ce journal, l'auteur effectue des retours en arrière sur les événements de 2014. C'est intéressant pour mieux comprendre les enjeux actuels. Par contre j'ai trouvé que cela coupait un peu la trame narrative du journal. Igort évoque aussi des événements marquants du XXème siècle tels que la famine de 1932-1933 ou la figure de Stepan Bandera, chef de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) dans les années 1940.

Mais le récit est surtout centré sur la violence et la peur qui régissent la vie quotidienne des civils au cours des premiers mois de la guerre de 2022. Les exécutions, viols, tortures lors des massacres de Boutcha m'ont glacée et j'ai refermé ce livre assez éprouvée par cette lecture.
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Auteur italien marié à une ukrainienne, Igort avait sorti chez Futuropolis en 2010, sa première bande dessinée reportage avec “Les Cahiers Ukrainiens - Mémoires du temps de l'URSS”. Il s'en était suivi une suite sur la Russie et trois tomes sur le Japon. Mais avec les évènements récents en Ukraine, le quotidien italien La Republica l'a incité à écrire une suite sur l'Ukraine. Si le premier tome revenait beaucoup sur les évènements des annés 1930 qui s'apparentent à un génocide, et sur la période soviétique, ce deuxième tome est le témoignage d'une actualité particulièrement brûlante.
Le dessin est ici en retrait, plusieurs témoignages téléphoniques ou épistolaires n'étant juste retranscrits en prose, mais les parties en bandes dessinées sont toujours très justes et efficaces. Si graphiquement il a moins d'impact que le tome de 2010, c'est sans doute que certains propos ne pouvaient être dessinés, c'est de la violence d'aujourd'hui, brute et crue, sans. le récit est objectif, tout peut être sujet à caution, mais le ton ne cherche jamais la surenchère indécente du grand spectacle, c'est juste la vie en Ukraine sous la guerre.
Ce livre n'est pas agréable à lire, vous vous en doutez, certains témoignages, certains mots nous nouent les tripes, mais contrairement au premier tome, dont les faits peuvent toujours être niés, faute de preuves, celui-ci à le statut de mots qui resteront à jamais, de faits posés sur le papier, de témoignages sincères et malheureusement si réels, c'est l'horreur au jour le jour, inacceptable, c'est un récit qui est en train de se dérouler au moment même où il se raconte. C'est le genre de livre qui a le mérite d'avoir été écrit, accusateur et nécessaire.
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C'est un roman graphique éprouvant sur les premiers mois de la guerre en Ukraine. Cette « opération spéciale » qui devait durer trois jours (les soldats n'avaient d'ailleurs dans leurs sacs que trois jours de rations…) s'est rapidement enlisé, enfoncé dans l'horreur des bombardements (celui du théâtre de Marioupol par exemple), des exactions (la ville de Boutcha), des sacrifices de soldats russes jetés comme chair à canon pour avancer de quelques mètres. Et tout ça pour quoi, pour qui ? Un homme qui n'a jamais accepté la chute de l'URSS.

Ce roman graphique est fait de témoignages d'Ukrainiens pris dans la nasse et qui tentent de survivre, de rappel de faits historiques (la famine orchestrée par Staline dans les années 30, le nationaliste controversé Bandera, la guerre du Donbass en 2014) qui nous permettent de saisir ce que vit ce peuple fort et résistant. Les civils sont les cibles privilégiées mais les morts ne font que renforcer l'esprit de résistance. Face à eux, des tueurs impitoyables comme ceux de la 64ème brigade de fusiliers motorisés, stationnés à Boutcha, qui ont éliminé « sans distinction et avec la seule intention punitive » tous ceux et celles qu'ils ont pu trouver avant de fuir la ville. le Kremlin les a décorés puis les a tout de suite renvoyés en première ligne. « de toute évidence, les protagonistes d'une opération gênante peuvent être sacrifiés. Mieux vaut qu'ils disparaissent ». Face à eux, de jeunes soldats endoctrinés projetés dans un pays qu'ils croyaient délivrer, « de quoi ? » leur a rétorqué une vielle dame. A cette question, aucune réponse, car ils n'en avaient pas. Face à eux, des soldats mal commandés, mal rationnés et qui pillent, violent, tuent ou sont tués. L'armée russe ne ramasse pas les corps, ils sont portés disparus pour leurs familles, ainsi ils ne sont pas comptés dans les pertes.

Le texte d'Igort vous prend à la gorge et ses illustrations réalistes resteront dans ma mémoire. Cette guerre est le fait de Poutine que l'auteur interpelle à la fin : « Et maintenant ? Et maintenant, monsieur Poutine, que votre défaite politique est évidente, que vous reste-t-il ? » Un roman graphique à lire et à faire partager.
Challenge Multi-défis 2023
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L'invasion de l'Ukraine par les troupes de Poutine, voilà bientôt trois ans que nous en suivons le déroulement via nos journaux et la télévision…
Ce roman graphique, où le texte revêt autant d'importance que l'image, nous la présente sous un angle différent : la guerre est ici vécue par des civils ordinaires qui nous parlent de la vie sous les bombardements, de leurs contacts avec l'envahisseur, des pénuries, de leur fuite.

Igor Tuveri est Italien mais à été baigné dans la culture et la littérature russe, son prénom l'atteste, son épouse, Galya, est Ukrainienne et il a des amis et de la famille dans ce pays.

Son livre rassemble, sous forme de journal, au jour le jour, tous les coups de téléphone, tous les témoignages de ses connaissances dès le début de l'invasion.

Tout cela est une leçon d'Histoire composée d'histoires individuelles, et c'est poignant !

Tant les textes que les dessins nous plongent dans ce cauchemar.

Pour la clarté de ses lecteurs, l'auteur insère de temps à autre quelques repères historiques : l'holodomor, la guerre en Géorgie, la prise de la Crimée, la sécession dans le Donbass, délaissant l'emploi de la couleur pour le Noir et Blanc pour les pages les plus sombres.

J'ai apprécié qu'il apporte des nuances, n'hésitant pas à aborder des épisodes peu reluisants pour l'Ukraine : la mort de russophones à Odessa, la corruption et le tristement célèbre Simon Bandera.

Ce livre s'est imposé à moi car j'ai deux grandes amies ukrainiennes et le sort de leur pays m'importe.

Je ne regrette pas ma lecture
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critiques presse (2)
LeMonde
03 mars 2023
C’est bien à la vie quotidienne en temps de guerre que s’intéresse le dessinateur dans ce livre poignant, écrit à partir de conversations téléphoniques.
Lire la critique sur le site : LeMonde
BoDoi
27 février 2023
Comme pour ces précédents ouvrages, ce nouveau Cahier fait entrer Igort au Panthéon des auteurs de bandes dessinées engagés tout en demeurant une œuvre d’utilité publique inconditionnelle. Un titre incontournable de ce début d’année.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
L'Ukraine, au territoire bien plus étendu que beaucoup d'autres anciennes Républiques soviétiques, est aussi très riche de ressources naturelles.

À la seconde place en Europe pour les réserves de gaz, elle possède :
10 % des réserves mondiales de fer,
6% du titane,
20% du graphite,
Et elle a les huitièmes réserves au monde de manganèse, les neuvièmes d'uranium.

Le pays détient aussi de gigantesques gisements d'oxyde de lithium, estimés à 500 000 tonnes, des mines de nickel, cobalt, chrome, tantale, niobium, béryllium, zirconium, scandium, molybdène, d'or et de graphite. Ses immenses étendues de terre noire, la plus fertile au monde, lui permettent une production massive et l'exportation de blé et d'huile de tournesol.

Les ports de Marioupol et Odessa lui offrent un débouché direct sur la mer Noire pour l'exportation d'acier et de matières premières. Et Ukraine possédait auparavant Yalta et la Crimée, la perle touristique arrachée par l'invasion des soldats sans insignes et un réferendum bidon qu'aucune puissance internationale n'a reconnu.

C'est précisément pour ces raisons, et pour la réalisation de ce dessein hégémonique, que l'Ukraine ne devait pas être autorisée à se tourner vers l'Ouest. Poutine ne pouvait le permettre. Et que la population ukrainienne désire des accords de libre-échange avec l'Europe et se soit clairement exprimée à ce sujet durant les journées de révolution sur la place Maidan, voilà qui a fini par donner naissance à une blessure de dix ans que le Kremlin voulait soigner avec le seul remède de sa connaissance : la guerre.
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Mes parents étaient amoureux de la culture russe, de la littérature russe, de la musique russe.
J’ai grandi en écoutant les histoires des grands écrivains par la voix de ma grand-mere, avant même que j’apprenne à lire.
Les grands écrivains étaient comme les oncles d’une famille nombreuse, sondant l’âme humaine dans ses moindres recoins. Je me souviens de la lumière dans les yeux admiratifs de ma grand-mere. Ils étaient les maîtres qui enseignent à comprendre qui nous sommes.
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Marioupol

Lentes et désespérées coulent les heures de l'agonie de Marioupol, la ville des fantômes. Des dizaines de milliers de civils retenus en otage, contraints d'habiter les sous-sols d'une ville désormais rasée à 90 %. Sans eau ni nourriture, sans gaz ni électricité, forcés de faire fondre la neige ou d'aller chercher l'eau des radiateurs pour étancher leur soif.

"Ma ville n'existe plus", me dit Yulia à travers les larmes. Elle parle de Marioupol, située dans le sud-est de l'Ukraine, à laquelle on a attribué la sinistre appellation de "ville martyre". Il fut un temps où elle comptait environ 450 000 habitants, aujourd'hui, entre les morts et les déplacés, il est difficile de savoir.

Marioupol assiégée, ville stratégique en raison de sa position géographique. Maillon unissant le Donbass à la Crimée, dont la conquête apparaît cruciale pour l'avancée de l'armée des envahisseurs. Voilà pourquoi elle résiste obstinément. Sous la pluie des bombes, elle voit s'écrouler ses bâtiments civils, ses écoles, ses crèches, ses hôpitaux, jusqu'à ses maternités. Elle est défendue par un bataillon de marines ukrainien et par le bataillon Azov.
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Boutcha. La maison de la célèbre violoniste Tatiana Monko a été dévastée. Tatiana et sa famille avaient été expulsées en mars et leur maison occupée par des militaires russes. Comme d'habitude, ces derniers ont saccagé l'intérieur, pillé ce qu'ils pouvaient et vandalisé tout le reste, mais étrangement pas le piano sur lequel Darinka, sa fille de dix ans, s'exerçait. Ses prix étaient toujours là, comme avant la guerre, sur le dessus du piano. Elle a essayé de jouer mais a remarqué que certaines touches ne fonctionnaient pas. Ses parents ont eu des doutes et ont appelé le responsable militaire du quartier. La maison a été évacuée et l'équipe de déminage est arrivée. lls ont trouvé une grenade VOG-25P encastrée dans le piano.
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Une guerre entre le plus vaste pays du monde, la Russie, puissance nucléaire, mais peu peuplée, et un pays de la taille d'un Etat européen. Un pays 28 fois plus grand que l'autre n'a que 100 millions d'habitants en plus.
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Vidéo de  Igort
Voici les ouvrages qui vous attendront dès le 8 février 2023 en librairie ! de l'actualité la plus chaude avec Igort qui raconte la guerre en Ukraine au jour le jour, à celle anticipée par Jared Muralt dans La Chute, vous passerez par un documentaire passionnant sur les corvidés (les oiseaux noirs, quoi) dans La Femme Corneille, et une fiction française et rurale dans La Meute !
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