J'avais découvert Arnaldur Indriđason par l'adaptation cinématographique de son roman Jar City. Je m'étais promis de lire l'auteur de cette étrange histoire.
L'inspecteur Erlendur est appelé sur les lieux d'un crime commis dans les sous-sols d'un grand hôtel de Reykjavik à quelques jours de Noël. le portier de l'hôtel a été trouvé poignardé dans le réduit qu'il occupait, le pantalon de sa tenue de Père Noël tire-bouchonné autour des chevilles et un préservatif sur le sexe. Erlendur décide de s'installer sur place, autant par commodité que pour fuir son appartement désert et sinistre. L'inspecteur se sent abattu en cette veille de Noël, sa fille Eva Lin se débat pour ne pas retomber dans la drogue, son fils a coupé les ponts depuis bien longtemps et sa vie sentimentale est un fiasco. La neige qui tombe lentement lui rappelle la disparition de son frère, autrefois, au cours d'une tempête qui avait surpris les deux enfants sur la lande.
Qui a tué Gudlaudur, l'employé si serviable de l'hôtel, un homme insignifiant, sans famille, sans attache ? Personne ne semble le fréquenter et il faudra beaucoup d'imagination pour reconnaître sous les traits de ce quinquagénaire négligé l'ancien choriste prodige des années 60. Petit à petit, l'histoire de Gudlaudur prend du relief, son enfance triste, les heures de travail acharné sous la férule d'un père décidé à faire de son rejeton une vedette, la perte brutale de sa voix à la puberté, la rébellion contre les diktats paternels, la naissance perturbante de sa sexualité...
Arnaldur Indriđason tisse habilement son histoire entre l'enquête et ses avancées, le récit d'une affaire traitée en parallèle de mauvais traitements à enfant, les réminiscences angoissées d'Erlendur et son quotidien sombre. Il nous offre le décor formidable d'un hôtel à un moment d'intense activité touristique et le personnel de l'établissement fournit à lui seul une bonne quantité de suspects, car les magouilles et les petits arrangements vont bon train derrière une façade de respectabilité. le style est sec, le ton monotone, mais il en émane une sorte de désespoir humaniste, ce qui n'est pas sans rappeler le Suédois
Henning Mankell.