Citations sur Passage des ombres (27)
Ces gens ne demandaient qu'à être bernés et, plus ils payaient cher, plus ils étaient disposés à avaler n'importe quelles sornettes. Par le diable, je n'arrive pas à croire à quel point c'était facile de les tromper!
Tout cela venait se mêler aux histoires d'ogresses et de géants transformés en pierre, surpris par le lever du soleil, aux nykrar, ces esprits aquatiques malfaisants qui plongeaient dans les lacs et ressemblaient à des chevaux aux sabots à l'envers, et aux tilberi, ces créatures informes qui suçaient le sang des femmes, accrochés à leurs cuisses. Ces étranges récits étaient nés de la confrontation de l'homme à une nature hostile, de la difficulté à survivre dans ce pays désolé et des peurs qu'engendrait la longue nuit hivernale.
Ces histoires décrivent souvent des difficultés liées à la condition féminine. Par exemple, lorsque les femmes ont un enfant hors mariage et qu’elles sont contraintes de s’en débarrasser. Autrefois, abandonner un nourrisson en pleine nature faisait office d’avortement. C’était évidemment une expérience traumatisante que les histoires d’elfes permettaient d’embellir tout en atténuant la souffrance. Dans ces contes, des femmes humaines ont des enfants avec des elfes d’une grande douceur et d’une grande beauté, l’exact opposé des rustauds qu’elles connaissent, et c’est aux elfes que ces femmes abandonnent leurs enfants.
Konrad descendit de voiture et s'approcha du théâtre. Il leva les yeux sur les murs anthracite, observa les orgues de basalte qui les décoraient et rappelaient les vieilles croyances populaires. Derrière ces épais murs noirs, on mettait en scène l'existence humaine, où tragédie et comédie alternaient come dans la vie elle-même. A une différence près : quand le rideau tombait, le spectacle tombait, le spectacle était terminé, dans la vraie vie, ce n'était jamais fini.
Il était allé dans sa chambre et avait sorti la photo de son ami, qui l'accompagnait depuis toujours. Elle lui rappelait des souvenirs douloureux : les jeux de cache-cache auxquels ils avaient dû se livrer, la honte que les gens de leur tendance étaient autrefois pour la société. Il avait toujours gardé cette photo dans le tiroir de sa table de nuit, les temps avaient changé, mais sa vieille habitude avait perduré. Cela lui rappelait les épreuves qu'ils avaient subies et les préjugés dons ils avaient été victimes.
Assis dans sa voiture, il fixait le recoin où on avait découvert le corp de Rosamunda. Il s'était garé le long de la Lindargata, tout près du croisement avec Skuggasund, le passage des ombres.
Flovent avait essayé de ne pas trop penser à ce qui était arrivé à Jonatan sans vraiment y parvenir, cette histoire le perturbait beaucoup. Il frappa ses pieds sur le sol et tourna la tête vers le lointain et l'autre côté du lac. L'image des deux jeunes filles revint l'envahir, la première dans ce recoin derrière le Théâtre, la seconde près des rochers de la chute de Dettifoss. On eût dit qu'elles le suppliaient de ne pas les oublier, de veiller sur elles et de les protéger comme si elles étaient les uniques joyaux de la nation qui retrouvait maintenant sa liberté.
Il y a des choses qui arrivent, vous vous retrouvez seul et démuni face à elles. les années passent et ces événements vous poursuivent toute votre vie.
À l’écart de toutes les routes, il existe une faille dont les profondeurs abritent des ténèbres éternelles et glaciales que le bruit assourdissant de la chute du n𠆚tteint pas[...] Au fond règne un silence glacial que ni les hurlements du vent ni les cris de l’oiseau ne viennent troubler. Il protège le sommeil de l’ondine infortunée qui habite ce palais.
Je crois que les contes populaires nous permettent de comprendre l'univers mental des petites gens. Ces récits nous en apprennent beaucoup sur la manière de penser de notre nation et son évolution au fil des siècles, qu'il s'agisse de sa peur de l'inconnu, de son aspiration à une vie plus confortable ou de ses rêves d'un monde meilleur. Aussi bien directement qu'indirectement, ils nous renseignent beaucoup sur la vie d'autrefois. C'est comme ça que je les envisage, et pas comme des récits réalistes.