Citations sur Théâtre 03 : Rhinocéros - Le Piéton de l'air - Délire à deux - .. (6)
SCÈNE À QUATRE
(La dame, dépeignée, dégrafée, essoufflée, à moitié dévêtue, s'avance vers le public, sans bras, sautillant sur une seule jambe.)
LA DAME : Mesdames, messieurs, je suis parfaitement d'accord avec vous. Ceci est tout à fait idiot.
(Rideau)
Béranger : Je suis obligé de vous faire des aveux. Je me suis toujours rendu compte que je n'avais aucune raison d'écrire.
Journaliste : C'est tout à fait compréhensible. Mais ne pas avoir de raison, ce n'est pas une raison. Il n'y a aucune raison à rien, cela nous le savons tous.
[Le piéton de l'air]
LE TABLEAU
LE GROS MONSIEUR : [...] Je ne suis pas un égoïste, contrairement à la plupart des gens qui sont arrivés, comme moi, à force de volonté, d'entêtement, d'énergie, de travail. Je viens de vous dire, Monsieur, qu'il n'y a pas de miracles. Eh bien si, Monsieur, il y a le miracle.
LE PEINTRE : Ah, le miracle?
LE GROS MONSIEUR: Si, comprenez-moi bien. un seul miracle, le vrai miracle, le miracle par excellence : le travail.
LE PEINTRE (naïf) : Ah oui, vous avez raison ; le miracle du travail.
[...]
LE GROS MONSIEUR : Je suis le fils de mes œuvres. La vie a été pour moi un long combat. La vie, c'est une lutte sans merci. On marche sur les cadavres ! Je ne sais pas si vous êtes de mon avis. [...] Une lutte sans merci, mais... honnête : la libre concurrence. [...] Finalement on y trouve une sorte de satisfaction, un plaisir amer et profond, la joie du devoir accompli... La nuit, on peut dormir, car on a la conscience tranquille. (Il ferme les yeux et ronfle....)
Premier Monsieur: Nous allons merveilleusement, nous nous portons ionescamment !
[Les salutations]
Premier Monsieur, entrant et apercevant le deuxième Monsieur et le troisième Monsieur: Bonjour, messieurs!
Deuxième Monsieur, entrant et apercevant le premier et le troisième Monsieur: Bonjour, messieurs!
Troisième Monsieur, entrant et apercevant le premier et le deuxième Monsieur: Bonjour, messieurs!
Premier (au deuxième) : Heureux de vous voir. Comment allez-vous ?
[Les salutations]
L'étendue boueuse se fait prairie, le ciel est un océan aux îles fleuries...dans les déserts voici les oasis... les rivières coulent dans les sables arides... Tu es un chemin d'aubépines... Tu me rappelles les capitales englouties dans les flots... tu me rappelles... tu me rappelles... Qu'est-ce que c'était, qu'est-ce que c'était? Je suis jeune, je bourgeonne, je verdoie... Ah, la, la, la, la, la ! et même je fleuris... (il se rapproche du tableau, caresse les bras peints.) Je fleuris. Je fleuris... Ah, je deviens poète! [...] Ooh, oooh, aaah... Je t'adore!
Le Tableau (pièce en un acte)