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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
M. Ryder arrive un soir à l'hôtel dans une petite ville de province, en Autriche peut-être ; pianiste mondialement célèbre, il est convié pour un concert. Il semble très attendu et on dirait que tout le monde veut lui faire la conversation.
De très, très longues conversations ; des confidences, même.
Et au fur et à mesure que ces conversations deviennent de plus en plus loufoques, M. Ryder semble les accueillir, lui aussi, de façon de plus en plus loufoque.
Mais sous le loufoque se cachent beaucoup d'angoisses : élever un enfant, vieillir dignement, cesser de boire... M. Ryder, en écoutant ces tranches de vie, apporte un point de vue extérieur, bienveillant, naïf presque.
Et tout en citant des noms fantaisistes d'oeuvres contemporaines ("Amiante et fibre"), Ishiguro construit son roman à la façon d'un opéra contemporain : "Une hostilité à l'égard du ton introspectif, bien souvent caractérisée par un usage excessif de la cadence cassée. Un faible pour l'association inconséquente de passages fragmentés."
Cadence cassée, passages fragmentés : ce sont les souvenirs, les bulles de mémoire qui interrompent et perturbent sans cesse le planning de M. Ryder, au fur et à mesure que l'heure du concert approche.
Avec lui on est transporté hors du temps, voire hors de l'espace car on ne cesse de parcourir des ruelles en ville ou des routes de campagne, des lieux qui semblent totalement isolés mais qui, mystérieusement, communiquent les uns avec les autres.
Ishiguro nous balade, nous décale, nous entortille, nous perd, nous enchante.
Un roman magique.

Traduction sans faille de Sophie Mayoux.
Challenge Nobel
LC thématique octobre 2023 : "Un·e auteur·e déjà lu·e"
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C'est la deuxième fois que je lis ce roman. Pendant les 5 ans écoulés depuis ma première lecture j'avais oublié les lignes directrices de la narration, mais j'avais très bien fixé au fond de moi un grand nombre d'images. Ce roman volumineux (900 pages) nous enveloppe dans son atmosphère onirique, dans ses dialogues d'une politesse et d'une douceur excessives, dans sa trame dont on ne voit pas où elle mène, comme dans une flânerie sans but. En même temps, nous sommes trainés, à l'image du personnage principal, dans les méandres des rebondissements et contretemps, dans les méandres des lieux qui communiquent parfois entre eux de façon tout à fait invraisemblable, dans les méandres de la mémoire des personnages qui semblent parfois avoir oublié des choses essentielles de leur existence (le personnage principal est-il marié à Sophie ? Est-il le père de Boris ?), et il se produit parfois des courts-circuits dans la narration, nous ramenant brusquement dans le passé des personnages. Nous voyons surnager des personnages en attente de reconnaissance, de la part de leurs parents notamment, dans des lieux fantasmatiques : complexes de logements austères à la géométrie bizarre, salles de concerts et hôtels comprenant de nombreuses portes et méandres, dans lesquels le personnage principal se perd, de la même façon qu'il perd de vue les choses essentielles de sa vie pour se laisser détourner par de multiples sollicitations.
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Il s'agit là d'un véritable chef-d'oeuvre. Ce livre déroutant nous introduit dans un univers où rien ne se passe comme on l'attendrait, et pourtant cet univers ressemble beaucoup au nôtre. Cette lecture de notre monde est d'une grande subtilité, d'une grande profondeur, d'une grande originalité. C'est un livre passionnant de bout en bout, même dans ses passages les plus intentionnellement verbeux. La richesse littéraire de cette oeuvre est tout à fait saisissante, et en outre elle est extrêmement bien traduite. Une magnifique rareté, un pur régal.
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Quelque longue, périlleuse ou pénible en soit la lecture, j'ai souvent un faible pour les longs romans (comme j'en ai pour les nouvelles, tiens, allez comprendre). En effet, les longs romans bien faits me donnent toujours l'impression que l'auteur s'est donné du mal à les écrire, qu'il a adopté une vision ambitieuse de son projet et s'est employé à traduire cette vision au prix de longues heures de travail. Beaucoup plus satisfaisant donc, qu'un de ces romans commerciaux qui ne font que répondre à une même formule plus ou moins établie.

Aussi, lire un de ces types de longs romans, de surcroît écrit par le maître Kazuo Ishiguro, génie incontesté de la littérature contemporaine (et dont je conseille vivement la lecture de deux chefs-d'oeuvre, "Les Vestiges du jour" et "Auprès de moi toujours"), fut pour moi un réel plaisir.

Je remarque tout d'abord le travail minutieux mené par M. Ishiguro sur la peinture d'une intrigue que l'on suit de manière scrupuleusement linéaire, comme en un long plan-séquence cinématographique. Une action, une mini-péripétie en appelle une autre, les personnages se font écho mutuellement, et tout cela se suit presque comme une scène, en temps réel, jour après jour, ce qui nous permet de nous immerger tout à fait dans l'esprit du narrateur.

Autre grand point fort du roman, c'est bien sûr son atmosphère profondément onirique. On retrouve au fil des pages de nombreux phénomènes anormaux, souvent comiques (mais pas toujours), qui nous rappelleront tous des expériences vécues dans nos propres rêves ou cauchemars : une temporalité distordue, des lieux qui se rejoignent anormalement, des déjà-vus, des situations absurdes... L'égrènement de ces événements nous plonge véritablement dans une ambiance très particulière, étrange mais paradoxalement reconnaissable. Tout appelle à l'analyse, à la décortication, comme dans un film de Kaufman ou Lynch par exemple - sans pour autant décourager le lecteur qui n'aurait pas envie de se prêter à cet exercice : l'histoire se suit du reste très aisément.

Bref, il vous faudra certainement de la résilience (... il m'a fallu 1 mois et demi...) pour achever cette prose volumineuse, mais avec une once d'ouverture d'esprit, vous vous laisserez sûrement prendre à travers ce labyrinthe narratif. Il faut accepter de se perdre en même temps que le narrateur au fil de ses péripéties saugrenues, de ne pas comprendre tout ce qui est dit en sous-main (rien de grave là-dessus !), et de respirer toute l'énergie de cet Inconsolé, dont la toute fin vous laissera, je l'espère, un grand sentiment de satisfaction.
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Je considère ce livre comme un chef d'oeuvre.
Son écriture, sa construction , sa forme onirique m'ont enchanté.
Contrairement à ce que je lis ici ou là ce livre ne m'a pas paru long. J'étais dans le rêve de l'auteur.
Je n'ai qu'un mot encore : fabuleux pour les grands enfants comme moi.
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J'ai donc terminé mon "cycle Ishiguro" par l'Incosolé. En effet en 9 mois j'aurais donc lu tout Ishiguro, découvert avec Klara et le soleil en Juin 2023, j'ai ensuite lu ses principaux romans pendant l'été entrecoupés de pauses avec d'autres auteurs (Yoko Ogawa, Leonardo Padura). Je laisse pour l'instant "de côté" Vestiges du jour car le film est encore trop présent dans ma mémoire... J'ai terminé ce mois ci avec les nouvelles de Nocturnes... que j'ai trouvées admirables pour ensuite attaquer le "gros morceau" et les 900 pages de l'inconsolé. En 60 pages ou en 900 le talent de Ishiguro est le même, cette capacité à nous entraîner dans une cascade d'aventures emboîtées dont on ne sait pas comment les protagonistes vont sortir indemnes (ou pas) ! Là, je dois dire que l'on souffre pour ce M. Ryder qui est bousculé d'intrigues en intrigues, parfois en spectateur en assistant à ce qui se dit de lui en sa présence absente. Beaucoup d'humour et de brio pour retomber sur ses pieds dans une carte du territoire de cette ville assez incompréhensible. Un vrai rêve en effet mais qui permet tant de réflexions profondes sur la vie, l'amour, la transmission, l'art et la musique, le pouvoir, les relations humaines. Lancez-vous et lisez comme moi Nocturnes avant l'inconsolé, le thème commun en est la musique.
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