Ainsi se clôt la première "trilogie" du "Chat qui...", puisque
Lilian Jackson Braun n'écrivit que trois romans dans les années soixante, pour interrompre ensuite la série pendant une vingtaine d'années. Je débuterai par un conseil : ne lisez pas les trois à la suite, ils se ressemblent beaucoup trop et une légère lassitude risque de vous envahir. Mieux vaut se contenter, à mon sens, d'un
Lilian Jackson Braun de temps à autre, en évitant les excès !
Ici, alors que nous faisons enfin connaissance avec la nouvelle venue, Yom-Yom, Qwilleran déménage pour la troisième fois en peu de temps pour s'installer, cette fois, à Came-Village, un quartier de brocanteurs. La période des fêtes de fin d'année étant arrivée, à charge à notre journaliste d'écrire une série d'articles dans l'esprit de Noël pour le "Daily Fluxion". Évidemment, la mort accidentelle, mais - forcément - suspecte d'un brocanteur viendra bousculer ce paisible projet, suivie d'un second décès dans des circonstances tout aussi douteuses... aux yeux de Qwilleran, car à Came-Village, personne ne semble avoir envie d'entendre parler de meurtre.
Comme d'habitude, le dénouement sera initié par les agissements de Koko, aidé cette fois de Yom-Yom. Décidément, notre Qwilleran n'est pas très malin ; il est incapable de prouver quoique ce soit tant que ses chats ne se mêlent pas de l'enquête. le comble pour un journaliste autrefois spécialisé dans les affaires criminelles ! Peut-être est-ce dû au fait qu'il a tendance à fréquenter d'un peu trop près toutes les jolies femmes un peu stylées qu'il rencontre... J'avoue que cette volonté de l'auteure, sans doute dans le but de plaire à son lectorat, à faire de son héros un irrésistible séducteur à moustache m'agace assez (trois femmes différentes séduites en trois romans), et si Qwilleran, Dieu merci, n'a pas la manie du héros de "Millenium", à savoir aller fouiner sous absolument tous les jupons qui se présentent, je lui préfère nettement un personnage dans le genre du Jonathan Argyll de
Iain Pears.
Cela dit, le roman se lit une fois de plus plaisamment, même si je regrette que
Lilian Jackson Braun n'ait pas davantage travaillé l'atmosphère de son roman : un quartier de brocanteurs, l'approche de Noël, tout était réuni pour créer une ambiance délicieuse, où le crime viendrait semer le désordre. Sans doute l'écrivain préfère-t-elle s'en tenir à son procédé habituel, duquel elle ne déviera d'ailleurs jamais par la suite, et c'est certainement, je pense, ce qui fait le succès de cette série : on y retrouve ses habitudes et le confort d'un vieil édredon, chaud et moelleux à souhait.