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sur 201 notes
C'est peut-être un jeu de mot facile, mai ce livre est presque invisible. Bien sûr, le titre fait référence aux personnages, des gens de peu, qui vivent sur des îles isolées et qui sont donc invisibles dans l'histoire et dans la géographie. Mais pour dire ces invisibles, Roy Jacobsen utilise une écriture qui est elle-même presque invisible, tant elle est discrète et pudique, tant elle utilise le moins pour dire le plus.
Car cette famille, dont nous partageons le quotidien pendant une dizaine d'années (pendant l'entre-deux-guerres, comme le laisse deviner le contexte car ce n'est jamais précisé), est une famille de taiseux. Il y a Hans Barrøy, avec sa femme et son unique fille Ingrid, mais aussi sa soeur et son vieux père. Des gens qui disent peu, qui y réfléchissent à plusieurs fois avant de parler, et qu'il faut savoir comprendre à demi-mot.
Et pourtant, malgré cet abord un peu abrupt, on sent les sentiments affleurer, les émotions jaillir parfois d'une manière à laquelle on ne s'attendait pas. Et j'ai aimé accompagner cette famille dans sa vie, faite de hauts et de bas, faite de décisions pas toujours simples, d'espoirs parfois minuscules et parfois hors de portée.
Avec ses chapitres qui sont autant d'instantanés dans la vie de cette famille, avec sa localisation dans le temps et dans l'espace qui n'est jamais précisée, comme si tout était un peu en suspens, Roy Jacobsen a écrit un roman tout simple, d'une écriture toute en retenue, un roman qui remplit parfaitement un des rôles que l'on attribue à la littérature, celui de nous faire vivre des vies que l'on n'aurait jamais pu imaginer sans elle. J'ai beaucoup aimé ce livre, donc, et je lirai les deux suivants, autant pour retrouver les personnages que j'ai aimés que pour retrouver la plume délicate de Roy Jacobsen, même si la lecture de ce seul tome se suffit à elle-même.
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La vie simple mais aussi parfois compliquée d'une petite famille d'insulaires en Scandinavie; tel est le thème de ce remarquable roman qui séduit par son dépouillement et son rythme en accord avec les saisons, tellement déterminantes pour Hans et son clan. Pour survivre, car c'est de ça dont il s'agit, un travail constant est requis de la part de tous, enfants compris. Et que d'ingéniosité aussi pour exploiter la moindre ressource, que ce soit de la terre, des bêtes ou de la mer. Pourtant personne ne se plaint malgré les rigueurs des hivers et les mauvaises surprises que peut réserver la nature. La mort cependant viendra décimer peu à peu le clan initial; la relève, elle, réussira-t-elle à s'en sortir? Les personnages sont attachants, notamment la très courageuse Ingrid qui devra devenir adulte bien trop tôt. Histoire de famille, mais aussi histoire de gens simples, débrouillards, acharnés, et de leurs relations avec les voisins des autres îles et du village côtier. Une superbe lecture pleine de tranches de vie inspirantes et de gens courageux.
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Ingrid et sa famille vivent seuls sur une petite île de Norvège. La vie s'y déroule au fil des saisons : la pêche, la culture des pommes de terre, la récolte du duvet d'eider, la tourbe qu'il faut ramasser pour se chauffer l'hiver. Un quotidien harassant, dans un environnement peu clément mais chacun y a sa place et vit en harmonie avec la nature, avec l'océan qui nourrit mais qui emporte aussi la vie des marins quand il se déchaîne.
Ingrid a une enfance heureuse, protégée entre ses parents - Hans et Maria - son grand-père et sa tante Barbro. Enfant unique, elle est choyée et lorsqu'elle doit quitter l'île pour aller à l'école, c'est un déchirement. Puis, elle s'accommode de cela aussi.
L'auteur dans un rythme lent, mais jamais ennuyeux, décrit tout un monde de labeur et de rituels, à la fois exotique et intemporel. C'est poétique, parfois brutal, à l'image du climat, mais toujours profondément humain. Sur l'île Barrøy, du nom de la famille, on vit, on s'aime, on se tape dessus aussi parfois, on meurt en silence. J'ai beaucoup aimé le personnage de Hans, travailleur, créatif, jamais à court d'idée et de projet pour améliorer les conditions de vie de sa famille, bon père, mari aimant et frère bienveillant pour sa soeur qui ne sera jamais tout à fait adulte.
Un voyage apaisant, un très joli roman, des personnages forts et tendres qui luttent contre l'adversité sans jamais abdiquer.
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Ce premier volume d'une trilogie prometteuse a pour héroïne Ingrid Barroy, dont le lecteur suit ici les pas de son plus jeune âge jusqu'à l'adolescence.
L'histoire débute dans la 1ère partie du XXème siècle sur une petite île de la Norvège septentrionale, non loin des Lofoten. L'auteur décrit l'âpreté d'une vie quotidienne qui a pour cadre la mer, sa rudesse et sa beauté. La famille Barroy vit seule sur cette île perdue, repliée sur elle-même, du travail de la pêche et de l'agriculture, un labeur difficile sous ces latitudes. le partage constant des tâches, une entraide familiale parfois délicate, vont faire grandir très vite la jeune Ingrid qui, alors qu'elle est à peine majeure, se retrouve propriétaire de la propriété et ses dépendances.
Ce roman a l'originalité de se dérouler comme une succession de brèves scènes de vie, celle vécue par ces îliens habitués à ne compter que sur eux-mêmes, et qui, éloignés de tout, sont quasi "invisibles" pour les autres. Entre la 1ère et la dernière de ces scènes, plusieurs années se sont lentement écoulées avec ses joies et ses drames, mais la dernière image laissée au lecteur porte en elle un symbole qui va illuminer le paysage et devenir peut-être riche de promesses pour l'avenir.
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Ingrid est une petite fille née en Norvège, sur une petite île. Elle grandit entre ses parents Hans et Maria Barroy, et auprès de son grand-père et de sa tante Barbro, jeune femme un peu déficiente.
Seule la famille Barroy vit sur cette île. Pour se rendre dans un village, pour faire des achats, pour rencontrer le pasteur, il faut prendre le bateau.
Au milieu d'une nature magnifique et hostile, la famille lutte pour la survie, Hans pêche et toute la famille cultive un lopin de terre. L'élevage des brebis et des poules rapporte un peu d'argent, avec le poisson.
De saison en saison, pluie neige orages et tempêtes succèdent à l'implacable soleil. Les conditions de vie sont difficiles, et Ingrid bientôt doit se rendre à l'école...
Ce livre d'à peine 200 pages, je ne l'ai pas très vite avalé. Il m'a fallu souvent revenir sur des descriptions, des dialogues. Roy Jacobsen offre ici une belle réflexion sur l'influence de la nature sur l'existence, et analyse avec beaucoup de finesse la psychologie et les rapports des membres d'une famille vivant en huis clos.
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La vie en autarcie, au fil des saisons, au fil des générations. le monde qui évolue et qui arrive par petites touches, petits souffles ténus jusqu'à l'île Barroy.
Le vent qui n'arrête pas de souffler, les brebis qui agnellent, la mer qui amène ses déchets parfois intéressants, la morue qui sèche, les hivers glacés, les petits et grands travaux pour améliorer le quotidien.
Le grand-père qui vieillit, le père qui devient le patriarche quand son temps arrive.
Une famille survit grâce aux liens qui unit chaque membre avec les autres.
La vie sur une île au début du siècle, une famille.
Des petites scènes qui se succèdent et dévoilent discrètement les secrets et les souffrances...
On naît sur une île, invisible sur la carte, on peut la quitter un moment, mais pour y revenir.
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Un petit chef d'oeuvre d'émotion et de poésie, comme savent si bien les écrire les nordiques. Des descriptions magnifiques des paysages arides et de l'utilité de ces iliens aux rapports très particuliers avec la mer et la terre. Un auteur que j'ai plus envie de découvrir et un livre que je recommande.
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J'ai aimé passionnément le décor, au point de négliger – presque – les personnages. Un roman de terroir norvégien. Une ile-confetti située tout au nord, habitée par une unique famille en quasi autarcie, au début du 20è siècle.


Le climat, tantôt très hostile, tantôt clément ; la nature et les bêtes dans toute leur splendeur. C'est tout le contraire d'un page-turner, j'avance lentement car j'aime m'imprégner de détails. Envoutant.


Sans doute, je fais tort aux personnages d'en parler si peu - ces vaillants laboureurs de la mer et de la terre. Hé oui - ce roman s'appelle Les Invisibles.


Pour les Norvégiens, cette oeuvre de R Jacobsen est un chef d'oeuvre moderne, un succès critique et un bestseller.


Merci à HordeDuContrevent pour son excellente critique.
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Les invisibles, les habitants d'une petite île norvégienne, vivent au rythme des saisons, de la pêche, de la récolte du foin ou encore des ouvrages à réaliser pour cohabiter avec les éléments naturels. Les êtres humains ne sont qu'invités et doivent perpétuellement trouver un équilibre fragile pour vivre sur terre au plus proche de la mer et de ses richesses.

Roy Jacobsen propose un livre puissant, rempli d'émotions parfois contradictoires, écrit sans fioritures inutiles mais avec des passages d'une grande poésie.

A conseiller pour s'évader en se rapprochant de l'essentiel.
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Traduit par Alain Gnaedig

En attendant les nouveautés de janvier, je pioche dans ma bibliothèque. Il y trônait ce roman norvégien, Les invisibles, depuis plusieurs mois, d'un auteur que je ne connaissais pas.
Un petit voyage au large des Lofoten, dans des îles minuscules me tentait bougrement ! Me voilà donc partie sur l'île de Barrøy, du nom de la famille qui en est propriétaire. le chef de clan est Hans, qui vit là avec son père, le vieux Martin, sa femme Maria et ses filles Ingrid et Barbro. Un caillou aride d'un kilomètre à peine, où l'on cultive un carré de pommes de terre, on fait du foin quand c'est possible, on ramasse la tourbe, on trait quelques vaches mais on vit surtout de la pêche, celle que l'on ramène et que l'on vend ou bien celle de l'Usine, qui nous fait vivre.

La vie et le décor semblent immuables, entre blizzard, tempête, et ...canicule ! Pas de date, quelques allusions vagues. La nature dicte sa loi et les hommes font avec. Sur Barrøy, on disparaît et réapparaît - parfois. On devient père et mère sans avoir eu d'enfants, on devient adulte alors qu'on n'est qu'un enfant. On oublie d'aller à l'école. Et puis on y retourne. On construit des rafiots et des pontons. On s'engueule, on se bat et on se réconcilie. On est hors du grand tumulte du monde, on est invisible.

Cependant, le lecteur observe, subjugué la vie de ce microcosme à la beauté magnétique du froid. On est une famille indéfectiblement liée, avec ses secrets à peine esquissés sur la page d'encre. On a parfois voulu partir mais Barrøy en a décidé autrement.

Roy Jacobsen peint avec une minutie incroyable la vie de ses personnages confronté à Dame Nature, elle aussi un personnage à part entière. J'ai eu du mal à m'immerger dans le roman pendant une trentaine de pages (peut-être parce que les conditions n'étaient pas réunies). Il faut dire que l'écrivain est assez avare en virgules, et préfère la description et le discours rapporté au dialogue au style direct (ce qui au demeurant ne me pose aucun problème). Puis j'ai plongé et j'ai dévoré les pages pour suivre cette saga familiale au confin du monde. J'ai même retardé la fin parce que justement je ne voulais pas quitter ces gens ! 299 pages, c'est bien court !

Quelques petites remarques : j'aurais bien voulu en savoir plus sur le père de Lars, le fils "illégitime" de Barbro, lui même demi-frère de Felix, fils adoptif d'Ingrid. Pourquoi les femmes disparaissent avant de réapparaître ou deviennent folles ? C'est passé sous silence par Roy Jacobsen mais il s'amuse un peu avec elles. Quant aux hommes, ils meurent de leur belle mort ou carrément bêtement.

J'ai eu des soucis avec la traduction, parfois : ça m'a fait sourire de trouver des pies huîtrières. Je ne connais que l'huitrier pie, c'est-à-dire l'huitrier avec un plumage de deux couleurs dont du blanc. Seuls les connaisseurs de l'échassier (qui ne mange pas d'huître !) trouveront étrange de le voir rebaptisé.  Quant à "ce bref moment où l'île est le plus grande, où l'on peut marcher sur du sable blanc" = ???? coquille !....  ; ou "la mer (...) noire et lisse comme de la colle sous un ciel sans étoiles"... j'ai beau eu lire et relire, je n'arrive pas à imaginer ce que c'est de la colle sous un ciel sans étoiles ! Il manque une virgule, non ? - même si j'ai bien compris que c'est la mer dont il est question, mais balancé comme ça, ce n'est pas clair !  Peu de virgules chez Roy Jacobsen, c'est vrai... Bref, j'ai fini par trouver qu'il manquait un travail de correcteur dans ce texte (ce qui relève de l'éditeur). Cela dit, ça n'a pas gâché mon plaisir, mais un peu agacée à la longue. J'ai lu le livre en version poche chez Folio, composition du 4 février 2019 n°d'imprimeur  234335. Edité chez Gallimard pour le grand format.

Malgré ces remarques qui ne feront pas plaisir à tout le monde, Les invisibles est un  magnifique roman pour ceux qui aiment l'air froid et iodé, les tempêtes, les coins sauvages, et les sagas familiales. La bonne nouvelle est  qu'il y a une suite, Mer blanche !

Les Invisibles, mon coup de coeur nordique de fin d'année.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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