Cinquante nuances de Grey/
El James
Eu égard au tapage médiatique dont a bénéficié ce livre je me devais d'aller y voir de plus près afin de me faire une idée plus précise.
En effet, avec plus de 6700 notes publiées sur Babelio on peut parler de phénomène de société et j'ai donc choisi de lire ce pavé de près de 700 pages (pour le tome I ; il y en a 3 autres par ailleurs : mais je m'arrêterai au premier et vous comprendrez pourquoi quand vous aurez lu la suite de mon propos !).
En fait, les cent cinquante premières pages sont plutôt soporifiques. Tout est absolument convenu et très aseptisé. C'est la mise en place des personnages marionnettes pour le grand guignol qui va suivre.
Après, on ouvre un oeil quand Christian l'adonis fait visiter son laboratoire de plaisir à la pauvre Ana. Et la suite fait ouvrir les deux yeux. Tout de même ! Mais on retombe vite dans un récit hypnagogique ou le thème ne se prête qu'à des variations limitées.
Je sais bien que les millions de personnes qui ont lu ce livre ne cherchaient pas à retrouver les mémoires de Casanova ou les écrits licencieux de Mirabeau,
Sade ou
Diderot, mais quand même, notre auteur aurait pu faire un effort sur le style : bâclé, il est d'une pauvreté affligeante pour ne pas dire d'une vulgarité rédhibitoire qui n'était pas indispensable je crois et ce pour des dialogues totalement inconsistants.
Le second défaut de ce livre, c'est que c'est vraiment long ! Pour deux ou trois passages érotiques pittoresques, (et encore : ils n'ont rien de révolutionnaires ! Peut faire mieux !), il faut supporter des bavardages d'une platitude consternante, sans aucune subtilité, sans aucun intérêt pour une intrigue qui n'existe pas du reste.
Inspiré de la série Twilight de S.Meyer, ce roman vendu à des millions d'exemplaires traduit bien à mon sens le désert affectif, érotique et intellectuel d'une grande partie des lectrices. Alors Messieurs ! Il va falloir se réveiller !
Abordons le thème quand même : une jeune étudiante en lettres anglaises rencontre un jeune homme d'affaires d'une beauté qui la fait littéralement chavirer : Christian Grey, directeur d'une société employant 40 000 personnes et oeuvrant sans relâche pas seulement dans le sexe mais aussi dans le caritatif.
Une liaison sulfureuse s'instaure avec ce surhomme doté de toutes les qualités et de tous les biens marques de richesse : moult voitures (Audi surtout), hélicoptère, appartements somptueux, joue du piano comme Rubinstein, écoute la Traviata en donnant la fessée à Ana…
La pauvrette, Ana, la narratrice de surcroit (ce qui explique en partie le désert littéraire), est complètement larguée, timide, rougissant au moindre mot un peu chaud, et se mord les lèvres d'inquiétude à chaque paragraphe. Mais que va-t-il donc m'arriver ? Elle doit avoir les lèvres en lambeau !
La répétitivité des situations et des atermoiements de Ana qui finalement toute volonté abolie comme un zombie, cède au désir ( le sien et celui de Christian, ce qui est quand même le minimum !) à chaque chapitre parce que Christian est beau, mystérieux et sait la faire grimper aux rideaux, - cette répétitivité donc est lassante.
Rien n'est crédible dans cette histoire mal construite et aux personnages stéréotypés.
Je crois qu'il n'y a pas de temps à perdre : lisez autre chose. Des bons romans érotiques, il y en a !
Mais me direz-vous, pourquoi l'avez-vous lu, vous ? Eh bien, pour faire ce commentaire qui peut rendre service à quelques uns et vous qui me lisez en premier lieu. Et par curiosité, je l'avoue. On en parle tellement ! Curiosité tellement déçue, je le concède.