Que de beautés oubliées se sont accoudées là, contemplant ce beau paysage ! Ô douces cousines que je n’ai pas connues !
Quelles légendes, quelles histoires raconteraient ces vieux chênes, s’ils avaient une voix ! Je vois surgir devant moi mille visions de mon passé, tel qu’il aurait pu être.
Vous me rappelez les femmes d’autrefois. Vous êtes noblement simple. C’est un roman, rien que de vous voir. Ne vous inquiétez pas de m’entendre divaguer ainsi. Hier vous ne me connaissiez pas, et demain vous m’aurez oublié. Laissez-moi poursuivre aujourd’hui mon rêve. Laissez-moi m’imaginer que vous êtes l’âme de toutes les mortes qui ont foulé les dalles qui gisent là comme des tablettes sépulcrales dans une église ; laissez-moi vous dire combien je suis heureux de n’être point reparti sans vous avoir vue.
C’est pour avoir été un très bon garçon que je suis devenu une épave qui se laisse emporter par tous les courants. La sagesse n’a jamais débordé en moi. Raison de plus pour suivre une voie définie, pour se créer un but quelconque. Je n’ai pas su ! Parcourez New-York et vous trouverez les lambeaux de mes sympathies et de mes sentiments accrochés à tous les buissons épineux, flottant à toutes les brises. Mon tort a été de ne croire qu’au plaisir. J’avais quelque fortune et des goûts peu vulgaires.
Je voudrais être un des vieux gentilshommes logés aux frais de l’état dans ce château et passer mes jours à me promener à travers ces salles désertes où sourient ces favorites sans adorateurs. Je sais que vous les méprisez ; moi, je les admire et les plains. Pauvres femmes, si courtisées de leur vivant, si négligées aujourd’hui, montrant leurs blanches épaules et offrant leur sourire mutin à l’inexorable solitude !
Ici l’homme n’avait rien tenté pour gâter la nature. Tout poussait, libre et sauvage, comme dans la villa d’un prince italien trop pauvre pour payer des jardiniers : jamais je n’ai vu une propriété anglaise afficher un tel air d’innocence.
La santé, c’est l’argent. La santé revenue, tout ira bien.
Le monde où je me trouvais n’était pas celui que je rêvais, voilà mon malheur. Je ne rencontrais que des angles aigus et des couleurs criardes.
Moi, tout en aimant notre nouveau monde, j’ai toujours eu un faible pour ce vieux monde dont nous foulons le sol, répondit Serle. Je suis né conservateur. J’aurais dû venir ici plus tôt, avant...
On dit que la fortune vient en dormant.