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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
S'il est un livre à retenir dans l'ancestral silence.
S'il est un livre piédestal de la littérature.
S'il est un livre souverain, invincible.
Ce livre, le voici : « La fille du sculpteur » de Tove Jansson, traduit du suédois par Catherine Renaud.
L'olympien au garde-à-vous dans l'ampleur d'une écoute spéculative, « La fille du sculpteur » est un classique à l'aube-née.
On aime cette voix enfantine conter l'heure sacrée de sa vie passée sur une île celle de Nyttisholmen dans l'archipel de Porvoo. Rarement un livre a une telle grâce. Dans cette capacité hors norme d'octroyer au lecteur le chemin labyrinthique vers sa propre intériorité. Ce récit est une fleur éternelle.
« Ensuite grand-père et grand-mère ont construit une grande maison avec un toit mansardé, de nombreuses pièces, fleurs et arbres, jusqu'à ce que la prairie devienne un jardin d'Éden. » « En vérité, en vérité, je te le dis, a déclaré Karin. Les élus seront toujours couronnés. »
Cette fillette qui s'éveille dans un antre privilégié est l'espace même de nos espérances. L'île de l'archipel de Porvoo :
« C'était comme un aquarium brillant dans la nuit, c'était la mangeoire de Bethléem ou la plus grande émeraude du monde. » « Et alors mon iceberg s'est éloigné de moi en glissant doucement. »
Temps de règne, quintessence, l'enfant observe, touchante et intuitive. Florinna (c'est son prénom) tient en main le plus beau parchemin pour s'émanciper, l'art en diapason.
« Maman dessinait chaque jour dans la véranda et envoyait ses illustrations à Borgà par le bateau qui vendait des harengs. » « Papa l'a regardée, puis est allé inspecter le hangar à bateaux. Pour finir, il s'est rendu en ville récupérer sa selle de sculpteur, sa caisse d'argile, les armatures de fer et tous ses outils à modeler. »
Florinna s'épanouit. Éveil formateur, paraboles, cette fillette approuve le langage d'un imaginaire exalté. Tove Jansson dépeint plus qu'une famille, une île, mais les mouvements et les contre-chants, les merveilles de la création et l'amour encerclant cette idiosyncrasie regain et salvatrice. A l'instar d'un respect pour les uns et les autres et, dans cette joie pleine, l'aube façonnée de ses mains se renouvelle subrepticement.
« Les samedis, Fanny était la personne la plus importante de toute la baie, et c'est pour cela qu'elle chantait pour elle-même avec une voix monotone et aiguë. » « Les hiboux ont volé et les lutins ont traversé la scène. »
Voyez cette intrinsèque trame, cette écriture flamboyante et posée qui m'a bouleversée et fait pleurer sous la sève de beauté absolue. Assignée à cet espace-monde où Florinna gravite, marche après marche l'apothéose des sculptures symboliques : « de grandes femmes blanches ». Ce qui est délicieux, c'est l'imprévisibilité des regards de cette enfant poète et perspicace. Cette constance d'élévation, la satisfaction de ressentir le glacé de la pierre à tailler. Métaphorique sens à fleur de main. Une créature à édifier pour le champ du monde.
« Les sculptures de papa se déplaçaient doucement autour de nous dans la lumière du feu. »
Écriture millénaire, Porvoo essentialiste, ce texte magistral est le modèle même du summum vital. Retenir cet hédonisme chantant, cette enfant lumineuse.
« Mieux vaut ne pas trop y penser, mais dès que possible tout régler avec une bonne action. » « Je veux dire, n'importe qui peut laisser s'échapper le danger, mais l'astuce consiste alors à le déplacer. »
Transcendant, bleu nuit, solaire, « La fille du sculpteur » est culte. Publié par les majeures Éditions La Peuplade.
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L'histoire d'une enfance rêvée, librement inspirée des propres souvenirs de l'autrice lors des vacances d'été passées sur une île en Finlande. On retrouve dans ce texte magnifique l'onirisme, la naïveté teintée de clairvoyance et la tendresse des personnages qui peupleront plus tard les célèbres aventures des Moomins. Entre un père sculpteur, victime du syndrome de Noé, et une mère illustratrice, la jeune fille découvre le monde qui l'entoure, source des histoires qu'elle s'imagine déjà...
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La fille du sculpteur Tove Jansson
Editions La peuplade

« Parfois, je crois que tous les sentiments forts commencent dans le ventre. du moins pour moi. »

Une voix enfantine, touchante et drôle, dont on devine le balancement d'une moue boudeuse à grâcieuse, raconte sa famille, cette île de l'archipel de Porvoo où ses étés s'étirent, les merveilles de la création, les règles marines, l'atelier de sculpture du père.

Enfant imprévisible et impétueuse, fine observatrice elle conte son quotidien ; sa resplendissante perspicacité d'enfant poète secoue. Elle distille tant de beautés dans chacune de ces scénettes, que ses petites leçons ont des airs de préceptes philosophiques. le monde est à couper le souffle à hauteur de petite fille. La magie et le réel se fondent en une langue poétique unique et inoubliable.

« Fêtes

Parfois, j'étais réveillée au milieu de la nuit par la plus belle des musiques qui soit : la balalaïka et la guitare. Papa jouait de la balalaïka et Cawén, de la guitare. Ils jouaient ensemble tout doucement, comme un murmure, tous les deux s'éloignant puis se rapprochant avant de se laisser la place l'un à l'autre, si bien que parfois, c'était la guitare qui me parvenait et parfois, la balalaïka.
C'étaient des chansons légères et mélancoliques sur des choses qui se répètent encore et encore et pour lesquelles personne ne peut rien faire. Puis elles devenaient tumultueuses, et Marcus cassait son verre. Mais il n'en cassait jamais plus d'un, et papa s'assurait qu'on lui ait toujours donné un verre bon marché. Sous le plafond, au-dessus du lit étagère où je dormais, il flottait une brume grise de fumée de tabac qui renforçait l'aspect irréel du moment. Nous étions en mer ou peut-être au milieu des hautes montagnes, je les entendais se crier dessus à travers la brume, les objets tombaient bruyamment et, derrière ces bruits, la balalaïka et la guitare formaient des vagues de plus en plus faibles ou de plus en plus fortes. »

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