L’oubli est un des grands privilèges de l’homme.
Le problème des excuses est qu’elles sont toutes aussi bonnes les unes que les autres. Il suffit de s’en convaincre.
Avouer est une impardonnable faiblesse. Et puis, lorsque l’on commence à permettre qu’un souvenir sorte de son trou, un vrai, le reste suit. C’est comme une digue qui se rompt. L’eau s’en écoule d’abord paisiblement, à regret presque, puis elle force son passage. Tout dévale, emportant sur son chemin tous ces ridicules et inefficaces petits remparts qui attestent que nous sommes en vie et que nous avons raison de l’être.
La trouille est une émotion, parmi les plus parfaites que nous connaissions.
Les tragédies n’ont aucun besoin de logique. Elles se suffisent à elles-mêmes. Le drame humain n’a pas de sens, il n’a ni commencement ni fin. Il est et cela suffit.
L’Homme est la seule espèce animale douée de sadisme. C’est la seule qui soit suffisamment intelligente pour éprouver cet attrait esthétisant pour la souffrance de l’autre. Les autres animaux ne ressentent sans doute pas de pitié, mais ils ne bandent pas non plus lors d’une mise à mort, aussi brutale soit-elle.
On n’enlève pas tout à un homme que l’on sait courageux, parce qu’on en fait un fauve incontrôlable.
Ce ne sont pas les mots qui déchirent ou font hurler. Ce sont les gens, leurs mains, leur tête, leurs crocs, leurs petits calculs égoïstes.
La culpabilité, ce n’est pas forcément ce que tu fais, Thomas, c’est aussi ce que tu acceptes, ce dont tu te sers, en te disant que de toute façon tu n’es pas responsable.
C’est très dur de tuer un enfant, pas parce que c’est un enfant mais parce qu’en général on n’a rien à lui reprocher. Il n’est coupable de rien, pas encore.