Cinquième diptyque consacré à la seconde guerre mondiale par
Philippe Jarbinet. Il réalise un vieux rêve. Un rêve, en fait, qui sourdait en lui au moment où il a commencé la série. C'est ce qu'il nous apprend dans les 4-5 pages en fin de tome, dans lesquelles il se livre comme jamais. Il explique la genèse, la maturation de ce récit. le passage vers l'éditeur. Mais aussi ses débuts, et sa certitude à 17 ans sur son avenir, sur le fait de devenir dessinateur.
J'aime également beaucoup le passage sur le talent... Il dit "Je ne crois pas au don inné, à de rares exceptions près. le don induit l'idée que l'effort n'est pas nécessaire à sa mise en oeuvre. Je n'y crois pas une seule seconde. Je crois plutôt à l'intérêt marqué pour une discipline, à l'envie forte de la pratiquer et au travail régulier, trois caractéristiques qui composent, selon moi, le talent, dont je suis convaincu que chacun d'entre nous peut découvrir et développer le sien".
Jacques Brel pensait sensiblement la même chose. La bêtise, c'est de la paresse, disait-il.
Ces 4-5 pages finales, sorte de confession de
Philippe Jarbinet, racontent beaucoup et véhiculent pas mal d'émotions. Car plusieurs éléments de ce tome sont vrais. Pas seulement vraix parce qu'ils racontent la guerre et que la guerre est vraie. Mais il y a des noms connus dans la région de Saint-Vith et dans l'Ardenne belge. le massacre de plusieurs soldats noirs par des nazis revanchards, idem. Car Jarbinet aborde la question des soldats noirs, du racisme, de la défiance... dans ce diptyque, dont j'ai trouvé le premier tome particulièrement réussi. Et le tout dans le contexte de la contre-offensive von Runstedt qui va se dérouler en Ardenne belge, du côté de Bastogne, pendant l'hiver 44.
Un tome très équilibré comme souvent avec Jarbinet. de l'action, de la réflexion, du calme, du combat, de l'émotion, de l'impulsion. le tout dans un cocktail idéal, dans ce tome.
Et toujours ce trait impeccable. Cette précision. Ce sens du détail. Les scènes (de nuit) dans la neige sont fabuleuses.