Le sexe improvisé, primitif, y a plus que ça de gratuit dans nos vies déjetées et de vraiment bon. Je voulais réamorcer l’amour tendre, me laver de la violence.
Et effacer toute suspicion de viol à mon endroit.
Mais pourquoi les hommes mariés sont-ils si nombreux à mijoter dans le malheur où la libido s’étiole ? à camper en lisière de l’ennui sexuel ? Pourquoi clapotent-ils dans une semi-fidélité qui les extasie si peu ?
J’ai envie qu’une passion éclaire ma vie, lui rende un cristal nouveau où l’orgueil et l’amour-propre, les lignes de force et de faiblesse de la vie en duo, s’entrecouperont sans se heurter. Au diable les demi-joies sans combustion, les ajustements pâlichons et les expédients raisonnables !
Mon vrai rêve ? Être la liberté d'un homme .Et contre lui, ou devant lui en levrette pour l’éternité, ne vivre qu’une seule celle d’épouse-amie-maîtresse-dépravée, au lieu de me gaspiller dans des existences bâclées, un peu timorées. En cueillant à son bras musclé (les mâles, je ne les aime pas trop flageolants) des joies éphémères et en capturant au lasso des instants sublimés.
Même si ça peut me faire finir sur un parking de Rouen au petit matin, vu le taux de connards qui déambulent dans l’époque. Amour hypnotique, le mot n’est pas trop gros pour désigner ce que je veux.
Lire pour moi, c’est une forme de dévotion, une exploration vorace de la vie sans s’en extraire. Vaut mieux, vu qu’à Maisoncelles-la-Petite on appartient aux oubliés de la modernité qui croupissent dans une « tache blanche », on n’a pas Internet1. Le fond de cuve, on y marine !
Le charme, tout le monde n’en a pas les moyens. Nicolas Grandjean disposait d’un pactole incalculable. Des yeux bleus un peu cochons, mes yeux préférés. Des mains à vous palper virilement.
Et je vomis la délicatesse de lâcheté, la couardise ondoyante. Comme les gars qui me frôlent, alors que je raffole qu’on m’empoigne. On peut me faire marcher à l’intrépidité, moi. J’aurais jamais pu faire plante verte de couple.
J’étais la vie, la revanche contre la vermine décomplexée. Toute la barbaque de sa
figure molle en a trembloté. Ses lunettes ont vrillé. Ma joie a alors bondi dans ma
poitrine, comme à chaque fois que je fais refluer la crasse montante. M’en fiche de
la flicaille.
Pourquoi craint-on, parfois, de gifler la laideur du monde ? Bizarre comme on renâcle à punir les malveillants, à les bâcher comme il faudrait. Il reste souvent chez les
courtois un résidu de politesse mal placée. Pas chez moi, j’aligne à l’emporte-joie, j’exécute, je dévisse.La vipère avinée a moufté, grognassé et menacé de porter l’affaire devant les tribunaux. Sans tergiverser, je lui ai collé un taquet sur l’autre joue, encore blême, sous les applaudissements du Super U en ligne derrière les caisses. Une avoinée extra. Sa minerve en a vibré. Mon geste fut gracieux, souple, stylé. Les claques civiques, ça me connaît.
Je raffole de ce plaisir gratuit. Les blessés acrimonieux, faut jamais les rater.
Ayant retrouvé quelques couleurs, elle a battu en retraite en rajustant ses bésicles.Puis la vipère a disparu dans l’opacité de Vire en cette saison, quand il fait nuit dès dix-neuf heures. Les démons, ça se chasse sabre au clair.
Le malheur venait de parler, au nom du bien. Et l’alcool aussi un peu. La minerve que portait cette méchante devait aussi la rendre nerveuse.
Pourquoi diable borner son plaisir ? et s’interdire d’être
pulsion de vie, de générosité et de correction ? Entière, quoi ! La vie n’est pas un concours de calme. Surtout quand on m’agace les nerfs, que j’ai délicats depuis
le décès de Léon. Voyez, ma prose s’emballe, j’oublie mon français de prof guindée dès qu’il y a de la rage délicieuse à dépenser.