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EAN : 9782070401680
339 pages
Gallimard (14/01/1997)
3.48/5   1055 notes
Résumé :
Dans un archipel du Pacifique Sud ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite une population où les droitiers ne sont plus que l'exception. Mais là n'est pas le plus important. Cette minuscule société, fondée par des utopistes français en 1885, s'est donné pour but de répondre à une colossale question : comment fait-on pour aimer ? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. C'est l'endroit du monde où l'on trouve, entre les hommes et les femme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
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sur 1055 notes
Pour ceux qui en ont marre d'aimer comme des droitiers et d'analyser l'amour à la manière d'un plan de carrière débouchant sur privilèges stricts, reconnaissance sociale et monnaie tapante, Alexandre Jardin imagine une île sur laquelle se réuniraient tous les gauchers sensibles de ce monde. Attention : l'amour libre n'est pas l'amour anarchique. L'humain ne peut pas aimer n'importe comment et nous retrouvons le classique adage : la seule obligation c'est de ne pas en avoir. Les coutumes, les rituels, les droits et les devoirs ne sont pas néfastes en eux-mêmes mais c'est leur utilisation et la limitation des libertés qu'ils impliquent qui gâchent la spontanéité et l'élan pulsionnel primitif qu'Alexandre Jardin imagine dans leur générosité. Sans naïveté, il part d'un constat simple : il faut cesser de vouloir être aimé le mieux possible –ce qui suscite frustration et colère- mais commencer à aimer le mieux possible –le cercle vertueux se met alors en place et engendre des récompenses affectives sans cesse plus gratifiantes. On pourrait craindre de retrouver les mécanismes de calcul avides et égoïstes du monde des droitiers mais les gauchers vont plus loin : d'accords sur la nécessité de jongler avec des axiomes affectifs de base, ils n'intègrent cependant pas les lois affectives de leur île sans avoir parcouru leur démonstration personnelle. Il s'agit moins de règles qualitatives s'interrogeant sur le comment pour aboutir à un résultat universel, que de s'emparer de processus universels pour les adapter quantitativement à ses besoins : combien de partenaires différents dois-je explorer pour mieux savourer mon élu(e) ? combien de personnalités sont en moi ? en l'autre ? combien de distance devons-nous instaurer entre nos matelas respectifs ? combien de temps devons-nous passer dans le silence pour nous réapproprier ? à quelle fréquence dois-je abandonner ma personnalité pour bénéficier des joies d'une escapade en tenue blanche –symbole de liberté dionysiaque et sexuelle ? combien de temps puis-je m'abstenir de toute relation sexuelle avec mon élu(e) ? –cette question se posant, bien sûr, dans l'objectif de redécouvrir le plaisir sensuel et d'accroître la tension jusqu'à son plus délicieux point de rupture.


Les gauchers ne sont pas des manchots ni des analphabètes : ils ont des bras et savent écrire, mais ils le font d'une manière différente de celle des droitiers. Ils ne tiennent pas avidement à leur élu(e) car ils ont cessé de le considérer comme un faire-valoir social ou comme une assurance vieillesse de solidarité. Ils n'ont pas peur de vivre dans la passion exaltante ou douloureuse de la rencontre amoureuse. Ils ne craignent pas de se confronter sans cesse au regard de l'autre et trouvent dans cette joute mentale et psychologique une nourriture de l'âme qui les pousse sans cesse à s'améliorer, à s'enrichir de nouvelles connaissances et à s'instruire de la nature humaine dans sa globalité. L'amour des gauchers n'est pas un amour craintif et revanchard mais ressemble plutôt à l'amour que pourraient éprouver les surhommes, une fois descendus de leurs sommets. Il faut être vigoureux et majestueux, il faut s'aimer soi-même dans la tolérance et la tendresse la plus divine –acceptant ses défauts et les dorlotant pour les transformer en jolis charmes désuets- avant de rencontrer l'autre et de s'essayer à l'amour. Il faut comprendre cette règle fondamentale de l'architecture amoureuse – « davantage de vie de couple et plus de solitude »- avant de s'aventurer sur l'île des gauchers.


Bien sûr que l'histoire gauchère de Lord Cygogne et de son élue Emily se présente avec toute la bancale ossature d'une utopie qui devrait mieux, d'ailleurs, ne jamais être réalisée –ne serait-ce que parce qu'elle n'est accessible qu'à certains hommes dotés d'une certaine forme de pensée. Bien sûr que leur histoire peut susciter rires et moqueries –ceux-ci cachent souvent l'envie. Bien sûr qu'on méprise ceux qui veulent vivre plus facilement, plus légèrement, plus librement. Et pourtant, qui n'aimerait pas vivre, même provisoirement, l'expérience exaltante qu'Alexandre Jardin nous décrit dans son île des gauchers ?
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Après la lecture du Zebre, que j'avais bien aimé, l'île des gauchers me tendait le bras (gauche), rien que par son titre, sonnant comme une promesse de revanche pour cette minorité "inadaptée au monde réel" et opprimée des 8 % dont je fais partie.
Nouvelle utopie -décidément l'utopie m'est une drogue nécessaire !-, nouveaux sourires joyeux à lire Alexandre Jardin, mais pas ceux que j'attendais...
L'Ile des Gauchers renverse l'ordre établi, et ses robinson, bien loin de vouloir recréer cet ordre, prennent plaisir à tout mettre à l'envers. La démarche d'Alexandre Jardin est intéressante, car elle est aussi une critique sociale de l'ordre technocratique établi, un questionnement sur le sens des choses. J'y retrouve l'esprit des Voyages de Gulliver ou du Candide de Voltaire. Sous ses dehors bon-enfant, il s'agit bien d'un roman d'adulte, comme l'a dit l'auteur lui-même, une fable certes, mais presque déjà un plan d'action collective, là où le Zebre renvoyait à l'intime et au fantasme de la jeunesse éternelle.
Pourtant, j'avoue avoir conçu une certaine lassitude. Finalement, Alexandre Jardin dans ce livre, poursuit sa réflexion générale sur le sens de la vie et de l'Amour, sans réellement les renouveler. L'histoire de Cigogne et Emily est certes transposée, et enrichie, mais reste dans la continuité du Zebre. Son écriture, comme dans le premier roman que j'ai lu, m'a réjoui par sa liberté de ton et son optimsie un peu forcé ; mais il me semble avoir tout dit. Aussi est-ce à ce jour le second et dernier roman lu de lui.
Je recommande malgré tout, d'autant que,finalement, pour le lecteur rapide que je fus, son travail se poursuit de manière très logique : après l'introspection sur le couple et la passion, la réflexion s'ouvre à un amour plus vaste, et à la critique sociale. Et quoi de plus normal que de le suivre plus récemment dans ses engagements associatifs et citoyens, où le "diseux" tente l'expérience du "faizeux" ?
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Une île où l'on pourrait apprendre à aimer… Quel aubaine !

C'est sur cette île, « l'île des gauchers » qu'on retrouve Lord Cigogne, aux confins d'un archipel du Pacifique Sud. Il a la ferme intention d'apprendre à aimer, et, qui plus est, de rester un mari aimant de son épouse, Emily.
Une île où tout marche à l'envers pour que tout aille de droit en matière d'amour…

Comme d'habitude chez Alexandre Jardin, l'écriture est agréable, pleine d'humour et de vivacité, même si parfois, c'est un peu téléphoné ; mais malgré tout, j'ai bien aimé… Et puis cette idée qu'il faut souffrir , non pas pour être beau, ici, mais pour aimer m'a plutôt séduit.
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Comment pratique-t-on l'art d'aimer ?
Comment empêcher les sentiments amoureux de disparaître avec le temps ?
Ce sont les deux questions que se pose Jeremy Stork-Cigogne, aristocrate fortuné vivant dans un univers sur mesure où chaque objet lui est ajusté.
Car Emily, sa femme, frustrée dans sa relation amoureuse, menace de le quitter.
Il découvre alors l'existence de l'île d'Hélène sur laquelle vit toute une population de gauchers qui, lassés des grimaces de la vie sociale et de l'entassement des biens, mènent une vie de jouissances et d'histoires fortes.
Il décide d'y emmener toute sa maisonnée afin de convertir sa passion pour sa femme en un amour véritable.
S'ensuit une multitude de rites et d'epreuves initiatiques, tous plus farfelus les uns que les autres mais qui ont un même but, lui faire découvrir les aspirations cachées d'Emily et lui apprendre à les satisfaire au mieux.

Une jolie utopie cette île des gauchers, que l'on aimerait réelle malgré quelques extravagances.

La plume d'Alexandre Jardin est agréable, vive et légère.
Un roman plein d'humour et de fantaisie mais qui, il est vrai, tourne un peu en rond dans le propos.
Il a le mérite de nous interpeller sur le sens de notre vie et la place que nous accordons à notre relation amoureuse.
Un bon moment de lecture mais dont les soixante dernières pages m'ont semblé un peu longues.
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Voici un livre qui me laisse sans voix.... ou plutôt qui bloque l'agitation de mes doigts sur le clavier. Je ne sais pas s'il m'a plu ou pas. Je ne sais pas quoi en penser.
Déjà, cette lecture n'est pas mon choix, mais celle du club de lecture. J'ai ouvert le roman avec un certain apriori assez négatif par rapport à l'auteur (j'ai luLe Zèbre dans ma jeunesse), et j'ai eu bien du mal à entrer dans l'histoire. J'ai du me pousser dans cette lecture pendant environ 1/3 du roman. Puis tout à coup on entre dans le vif du sujet, j'ai enfin découvert cette fameuse île des gauchers, et je dois reconnaitre que la mise en lumière de l'incompétence à aimer de la majorité des humains, est très réaliste et interessante. Mais j'ai envie de dire "et alors ?", comment fait on, en vrai, pour changer cela ? Parce que ce roman n'est au final qu'une belle utopie.
Et finalement cette Utopie à rebondissement, où le personnage principal se retrouve face à une nouvelle "épreuse", un nouvel "apprentissage" à réaliser à chaque fois qu'il a enfin compris quelque chose, a fini par me lasser. D'autant plus que, sous couvert d'apprentissage de l'amour véritable, je trouve que le rôle de l'homme reste assez machiste : c'est toujours lui qui doit construire la maison, c'est lui qui part à la chasse au Zubial.... Et madame elle fait quoi pendant ce temps ? Ah.. elle apprend à se faire belle pour le séduire....
Et surtout, le summum du truc qui m'agace, c'est l'auteur qui dans un roman, fait référence à ses romans précédents.... Oh que ça me crispe !
Finalement, j'ai des choses à dire.. mais je ne sais pas si j'ai aimé ou pas ce livre. C'est clair qu'il ne laisse pas indifférent, c'est un truc bizarre, un ovni, et je ne sais pas trop quoi faire avec ce que j'ai lu.
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Citations et extraits (113) Voir plus Ajouter une citation
A presque quarante an, il y avait urgence à s'aimer. La seule réalité n'était-elle pas celle des sentiments? Le reste ne faisait-il pas semblant d'exister? Il lui fallait arrêter ses conneries, mettre un terme à toute la disconvenance qu'il voyait entre lui et l'Europe industrielle, s'arracher au monstrueux désenchantement des droitiers, quitter l'eau morte de son présent, appareiller pour cette civilisation peuplée d'être plus conscients d'eux-mêmes, cette île poétique qui lui semblait être sa vraie patrie. Cigogne se sentait dépossédé de sa vie dans cette Angleterre défigurée par la Grande Crise des années trente, au sein de cette société que ne soutenait aucun grand dessein. Il voulait piloter autrement sa destinée, convertir enfin sa passion pour Emily en un amour phénoménal, à plein temps et, là-bas, rencontrer vraiment sa femme.
Cigogne avait toujours cru que les commencements de la séduction renfermaient le meilleur d'une liaison ; à présent il sentait toute la fausseté de cette croyance de jeune homme. L'amour était bien plus sublime que les vertiges limités d'une passion. Il rêvait de se livrer, d'écouter Emily, de la pardonner, de la comprendre et de découvrir enfin ce que c'est que de vivre à deux, pour de vrai, et non côte à côte. Le secret de son propre plaisir n'est-il pas d'en donner? En levant l'ancre pour le pays des Gauchers, Jeremy avait dans l'idée de partir à la découverte de sa femme, cette Mal-Aimée qu'il avait eu tant de difficulté à entourer de sa tendresse. Il en avait assez de frustrer celle qu'il aimait, de croupir dans ce rôle d'époux défaillant qui contredisait tous ses rêves et lui renvoyait de lui-même une image détestable.
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Renard avait toujours été frappé par la médiocrité du commerce qu’établissent les hommes et les femmes sous nos latitudes. On le sait, la vie amoureuse jouit en Europe d’une place secondaire, occupés que nous sommes à accomplir des tâches qui nous semblent inévitables et qui nous détériorent. Aux yeux de Renard, une civilisation n’était développée qu’à proportion de sa capacité à donner carrière à une vie sentimentale de qualité ; pour lui, vivre c’était l’aventure d’aimer une femme ou un homme. Or, de toute évidence, l’orientation principale de notre culture n’était pas celle-là !
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Laissez-moi vous dire que vous avez fait un excellent usage de l’adultère. Je vous félicite. Tant de droitiers se trompent bêtement, sans en rien retirer de valable. Quelques frottis-frottas de muqueuses, un petit spasme et puis c’est tout… Vous, vous avez fait les choses au mieux. Comme un authentique Gaucher ! Une révélation, c’est tout de même mieux qu’un vulgaire coït, n’est-ce pas ? C’est à ça que ça sert l’adultère, à réoxygéner l’être, comme vous dites !
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Histoire

1886: Adoption à l'unanimité par le conseil de Port-Espérance de la coutume des jours blancs (Il s'agit de jours où les gens s'habillent de blanc. Pour la famille de la personne, cela signifie qu'aucune question ne doit lui être posée. Durant ces jours blancs, la personne peut agir en toute liberté, sans contraintes. Elle peut être infidèle et même devenir quelqu'un d'autre si elle le souhaite.
1888: Colonisation de l'île du silence par Jeanne Merluchon qui impose un silence absolu sur cet îlot. La même année, instauration du Carême Gaucher. Il s'agit de quarante jours durant lesquels tout le monde doit s'abstenir d'avoir des relations sexuelles.
1952: Interdiction d'éclairer les restaurants autrement qu'à la bougie; les lampes électriques sont formellement interdites dans les lieux publics, afin que le teint des femmes soient mis en valeur par la lumière chaude que diffusent les bougies.
1968: Instauration du mariage à durée limitée.
1969: Instauration du divorce à temps limité.
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Il connaissait la puissance des conformismes qui poussaient à se croire obligé d’être informé, comme si cela eût donné un sens à l’existence. Cigogne avait toujours flairé que les émissions radiophoniques de la BBC visaient à lui faire ressentir des émotions qui se substituaient aux siennes propres plus qu’à l’informer véritablement.
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Dans quelles structures ? Dans des écoles, crèches, bibliothèques, centres de loisirs et bien d'autres
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Né à Neuilly-sur-Seine en ...

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