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sur 1139 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Michel Jean nous offre à hauteur de femme l'histoire de son extraordinaire arrière-grand-mère, Almanda Siméon. Elle se tient au bord du lac Pekuakami ( lac Saint-Jean au Québec. Elle est au crépuscule de sa vie et se raconte.
« Venir me réfugier au lac, comme ce matin, m'apaise, car il me rappelle qui nous avons été et qui nous sommes toujours. le vent de l'est porte les parfums du Péribonka. Tant que cela existe dans mon coeur, cela vit encore. »

Et son coeur est immense, empli de souvenirs qu'elle déroule dans un « je » omniprésent qui enveloppe le lecteur dans une narration à la fois assurée et sereine, comme suspendue au temps qui passe. Née en 1882, orpheline d'une famille de migrants irlandais fuyant la famine, elle est élevée au Québec par un couple de fermiers avant de voir son destin chamboulé à 15 ans par la rencontre avec un Indien innu, Thomas, qu'elle épouse.

Michel Jean choisit un tempo adagio pour peindre de façon très immersive le mode de vie innu qu'Almanda va adopter autour du lac Pekuakami : nomadisme et chasse aux Passes-Dangereuses le long de la rivière Péribonka, vie en forêts, vente des peaux aux Blancs. On est saisi par la capacité d'accueil des Innus qui font d'Almanda une des leurs, la guide et l'entoure avec tendresse. On est touché par l'histoire d'amour fusionnelle entre Almanda et son mari, au point de briser un tabou en accompagnant, malgré la tradition innu, Thomas lors des expéditions lointaines de grande chasse. Emu par la soif de liberté de ce peuple autochtone.

A mesure qu'elles s'ancraient dans le récit, la douceur et la bienveillance qui irradient ce roman m'ont d'abord décontenancée, habituée à trouver dans la littérature abordant le sort des Amérindiens des Etats-Unis ou du Canada multiples violences, âpre dénonciation et profonde colère. Et pourtant, jamais Kukum ne sombre dans une niaiserie romantique sur le mode de vie amérindien. Surtout, jamais Kukum n'occulte les déchirements qu'a connus la communauté amérindienne au Québec et plus largement au Canada.

Lorsque Michel Jean choisit, au bon moment, dans le dernier tiers, d'évoquer le traumatisme intergénérationnel des Innus, il le fait avec subtilité et sans aigreur, toujours par la voix puissante d'Almanda, afin de laisser au lecteur toute sa place pour comprendre et compatir. le grand chamboulement du mode de vie autochtone commence avec la destruction du cadre de vie par déforestation, l'exploitation des arbres, la drave sur le Péribonka. Puis vient la sédentarisation forcée dans la réserve de Mashteuiasch. Et enfin les enfants arrachés à leur famille, enfermés dans des pensionnats pour les « blanchir » et les éduquer, faisant écho aux récentes découvertes de tombes anonymes d'enfants indiens qui secoue le Canada ( on estime à près de 150.000 enfants le nombre d'enfants envoyés de force dans les 139 pensionnats recensés de 1831 à 1997 ).

Ce roman respire la sincérité. Sa simplicité pleine de sensibilité et sa sobriété empreinte de dignité ont lentement infusé en moi jusqu'à me bouleverser, sans bruit, dans les dernières pages … quelques mots d'amour d'Almanda à Thomas, une photographie, l'émotion de l'auteur qui clôt son roman en prenant lui la parole, cette fois.

Je découvre la maison d'édition Dépaysage avec ce roman et suis totalement charmée par l'objet proposé, superbe illustration de couverture, haute qualité du papier, mise en page aérée fort agréable.
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- Tu lis quoi ?
- Une histoire de peuples autochtones.
- Des peuples anciens ? Un livre sur la préhistoire ?
- Pas vraiment, et même une histoire plutôt récente, qui s'étend du siècle dernier à nos jours.
- Une histoire récente de peuples anciens. Tu te fous de moi ?
- Non, notre époque est encore remplie de leur histoire et eux-mêmes sont toujours-là. À nous de savoir en voir les traces.
- Te connaissant, ça doit encore être un de tes livres américains.
- Pas faux, mais de l'autre Amérique ! Celle qui est très au nord, au Québec, sur les rives d'un grand lac…
- Ah oui, là je sais, le lac Saint-Jean !
- Si tu veux, puisque d'aucuns l'ont désormais baptisé comme cela. Moi je préfère continuer à l'appeler Pekuakami, la perle du territoire Nitassinan.
- Pekuaquoi ?
- Pekuakami, c'est comme cela que l'appelaient les Innus.
- Ah oui, ça je connais les Inuits, les eskimos quoi.
- Mais non imbécile, les Innus. Ça n'a rien à voir !
- Connais-pas ! Et comment on sait ça ?
- Parce que leur histoire s'est transmise oralement, les plus anciens prenant le temps de raconter le passé aux plus jeunes, le soir à la veillée. Puis par écrit, comme Michel Jean, journaliste réputé au Québec et auteur de ce livre.
- Et qu'est-ce qu'il en sait, çui-là des Innus ?
- Beaucoup de choses figure-toi, puisque c'est justement l'histoire de son arrière-grand-mère qu'il nous raconte, sa kukum Almanda…
- Et Innus raconte quoi ?
- Tu es désespérant… Mais prends le risque de t'intéresser un peu à ces objets non connectés qu'on appelle des livres et ouvre Kukum. Tu y suivras Almanda et Thomas remontant chaque automne la rivière Peribonka pour retrouver la montagne, chasser et tanner durant tout l'hiver ; tu redescendras à Pointe Bleue avec eux chaque printemps pour t'y confronter avec la civilisation gangrénante ; tu y apprendras le respect de la nature, de l'être supérieur et des animaux dans une relation égalitaire ; tu y verras surtout beaucoup d'amour…
- Finalement, ça me plait bien ton truc
- Alors viens sous la tente, entre et assieds-toi ; regarde, Kukum est là…
- Et je lui dis quoi ?
- Chut… rien ; tais-toi ; et écoute… Vas-y Kukum, raconte-lui…
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Ah, si chacun pouvait faire revivre son arrière-grand-mère de cette façon, nous serions tous enchantés et émus !
Mais tout le monde n'a pas une aïeule Innu, une « Kukum », comme Michel Jean !

Celui-ci descend d'une tribu indienne vivant au Québec, et il a voulu rendre hommage à son arrière-grand-mère Almanda, une Blanche, qui s'est mariée avec un Indien Innu.
Orpheline, elle a été recueillie par des gens bienveillants et chrétiens. Mais quand passe un bel Indien descendant la rivière sur son canot, elle succombe à l'amour.
Nous la suivons dans ses pérégrinations aux côtés de son mari et de sa famille, puisque les Innu ne sont pas sédentaires : ils se rendent les bois pour y chasser et tanner les peaux des animaux, et l'été, ils le passent auprès de l'immense lac Saint-Jean avec les autres.

A vrai dire, les innombrables descriptions de cette vie nomade m'ont un peu lassée, même si nous humons l'odeur piquante des sapins, même si nous jouissons du calme de la nature, du vent, de la neige, même si la paix nous enveloppe.

Mais à peu près aux deux tiers du livre, Almanda la narratrice nous livre son désarroi et sa colère vis-à-vis des colons blancs qui veulent introduire le progrès dans leur réserve, notamment avec le train, passant à quelques mètres de leur cabane ; ces colons blancs qui s'arrogent tous les droits en se transformant en touristes, en roulant comme des fous dans les pauvres rues de terre battue et en fauchant au passage quelques enfants ; ces colons blancs qui enlèvent les enfants pour les scolariser de force dans des internats, enfermés là-dedans pendant des mois sans aucune nouvelle de leur famille…

J'ai été beaucoup plus intéressée par cette deuxième partie car elle a fait naître en moi une révolte intense contre tous ces colonisateurs sans coeur, sans morale, sans empathie.
C'est pourquoi je viens de me procurer un autre livre de Michel Jean, qui cette fois parlera des conséquences de l'enlèvement des enfants Innus et de leur éducation à devenir Blancs.

« Kukum » : une ode à la liberté et au droit des peuples de disposer d'eux-mêmes, à travers une histoire familiale pleine de gestes simples et d'amour.
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Que ce soit par le format ou la première de couverture, les livres des éditions Dépaysage attirent le regard et éveillent la curiosité.
Les avoir en mains, c'est déjà voyager.

Kukum nous emmène vers la péninsule du Quebec-Labrador, aux abords du lac Saint-Jean, à la rencontre du peuple Innu.
La vieille Almanda Siméon, arrière-grand-mère de Michel Jean, sa "kukum", nous raconte sa vie de nomade quand le territoire ancestral du Nitassinan était encore vierge de toute souillure industrielle.
Avec Thomas, le père de ses enfants et l'amour de sa vie, elle a appris à vivre au rythme des saisons de chasse, à remonter les pistes qui se hissent jusqu'en haut des montagnes pour en ramener des peaux à tanner et à vendre au marché de Pointe-Bleue durant l'été.

Et puis les bûcherons se sont mis à couper les arbres, saccageant la forêt, et les draveurs ont fait obstruction à la transhumance annuelle vers les territoires d'hiver par le lac.
Obligeant ses habitants à passer d'une vie de nomade à une vie sédentaire, de l'autonomie à la dépendance, le pauvre village de fermiers s'est petit à petit transformé en une ville industrieuse et prospère.
Le pire fut sans doute l'enlèvement des enfants par avions entiers afin de les instruire de force dans les pensionnats canadiens...dont on apprendra par la suite les agissements scandaleux.

Plus qu'un roman, ce récit est un témoignage poignant d'une lente "mise à mort" de tout un peuple et des vastes territoires qu'il occupait.
Que de peuples dépossédés à travers le monde dont on ne fait pas grand cas !!!

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Kukum constitue un petit moment de lecture, de détente, agréable. Dans ce court bouquin, Michel Jean raconte l'histoire de sa grand-mère Almanda Siméon, affectueusement surnommée kukum. Un hommage, en quelque sorte. À l'occasion, j'aime bien ces petits romans où il ne se passe pas grand-chose (dit ainsi, ça me semble négatif mais je ne trouve pas une autre façon de l'exprimer), que le passage du temps, simplement la vie. Et, en plus, ça vient du coeur, tirant ses origines des souvenirs précieux d'un enfant devenu adulte.

Mais je vais trop vite. Almanda Siméon, une jeune orpheline adoptée par un couple d'une région excentrée du Québec, le Lac-Saint-Jean. Une partie du territoire ancestral des Innus, un peuple autochtone. Et c'est précisément avec l'un de ces autochtones qu'elle tombe en amour, Thomas, de Pekuakami. Elle l'épousera, partagera sa vie et, surtout, son mode de vie. Une existence nomade, vivant de chasse et d'amour. Ce n'est pas la première fois qu'une Blanche lie son destin avec un autochtone et les choses semblent bien se passer. Almanda semble plutôt bien acceptée par la majorité des Innus (à quelques exceptions, mais cela ne porte pas à conséquences). Incidemment, ce ne sont pas les problèmes qui marquent les deux-tiers du roman, mais plutôt l'aspect merveilleux de ce train de vie, sans oublier les paysages majestueux, presque magiques. En particulier ceux de la Péribonka. « Il faut imaginer une forêt sautant d'une montagne à l'autre jusqu'au-delà de l'horizon, visualiser cet océan végétal balayé par le vent, réchauffé par le soleil. » (p. 115)

Ce n'est pas le premier roman dépictant la vie des membres premières nations. Une existence presque idyllique. Tout est beau, tout est parfait. Almanda s'entraine à tirer et, dès les premières fois, connait des succès. « T'as l'oeil, Almanda. » (p. 39). Trop facile! La pêche, le tannage, apprendre la langue des Innus… Il est fort possible que ce soit vrai, une jeune femme cherchant à s'intégrer, à se faire accepter par la famille et la communauté de son époux mettra tout en oeuvre pour apprendre et se parfaire. Mais à ce point? de plus, la vie dans la nature, est-ce tout le temps si paisible? Où sont les défis, les difficultés? Il y en a bien, éventuellement, mais ils proviennent du monde des Blancs : les pensionnats, les compagnies américaines, l'introduction de l'alcool, etc. Tout cela est vrai, malheureusement. Et encore, ces problèmes ne touchent pas de plein fouet la protagoniste. Je crois que c'est ce qui m'a déplu avec ce roman : tout est en demi-teinte. Pas d'exaltations, dans un sens comme dans l'autre. Tout est mat. Les grands drames ne sont pas toujours nécessaires mais quelque chose doit décoller. Alors qu'ici… une belle existence mais sans remous.

Ceci étant dit, la fin m'a particulièrement ému. Après tout, Almanda fut et est restée une femme positive, une battante mais pas du tout revancharde, plutôt douce et humble. Comme la marée qui sculpte le paysage petit à petit. Et cultivée en plus, trainant toujours des livres dans ses pérégrinations. Alors que le monde change (la modernisation, l'industrialisation sauvage), cette héroïne ne baisse jamais les bras – en parfait modèle de résilience – et pousse l'audace jusqu'à demander une audience au premier ministre provincial pour plaider la cause des « siens ». Je crois que c'est ce qui m'a gagné à cette lecture que j'avais entrepris d'un oeil sceptique : une lecture à l'image de sa protagoniste : positive, lumineuse.
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Québec des années 20. Almanda, orpheline chez qui les livres y ont semé des rêves de liberté n'hésite pas un instant à suivre le jeune indien Thomas, intégrer la communauté des Innus à Pointe-Bleue de l'autre côté du lac.

A l'approche des grands froids ils remontaient la Péribonka et ses passes dangereuses pour retrouver le campement d'hiver et leur territoire de chasse puis redescendaient au printemps vendre les peaux et faire la fête.
Terrible fut l'arrivée du train, la mise à blanc des forêts, la Péribonka noyée sous le barrage hydro-électrique, le désoeuvrement parqués dans la réserve.

Je suppose que l'auteur a tenté de se conformer à la mémoire de son arrière-grand-mère, ce qui donne un texte un peu sobre.
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Le moins que l'on puisse dire d'Almanda Fortier Siméon, l'arrière-grand-mère innue de l'auteur Michel Jean, c'est qu'elle était une vraie force de la nature. Cette jeune orpheline blonde aux yeux bleus de quinze ans, élevée par un couple de Saint-Prime qu'elle appelait mon oncle et ma tante, rencontre un beau jour Thomas Siméon, un jeune Indien de dix-huit ans, qu'elle épouse peu après, adoptant avec lui sans un regard en arrière le mode de vie des Innus. C'est dans le contexte du Combat national des livres 2021 de Plus on est de fous plus on lit que j'ai découvert ce roman. Dès les premières lignes il m'a charmé, et pour cause: je partage avec Almanda le Pekuakami, mon lac, le Lac-St-Jean. C'est donc un pan de l'histoire de ma région que je me suis trouvée à lire, parcourant la rivière Péribonka avec la famille Siméon, un temps d'avant le « progrès », d'avant les chemins de fer, d'avant la drave et les scieries, d'avant la sédentarité forcée du peuple autochtone du fait de la perte d'accès à leur territoire, puis d'après... Ce roman, qui a reçu le prix France-Québec 2020, m'a rappelé la beauté de ma terre natale, de laquelle je suis coupée, pandémie oblige, ce qui ne saurait cependant se comparer aux souffrances d'un peuple traumatisé.
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Ce roman retrace une histoire vraie, celle se l'arrière grand-mère de l'auteur, une femme exceptionnelle à bien des égards. Des couples mixtes entre un colon blanc et une amérindienne, il y en a sans doute eu beaucoup au Québec, probablement pas tous reconnus par la loi coloniale. Mais l'union d'un Innu avec une blanche, union, de surcroît, bénie par un prêtre catholique, ça doit être plus rare. C'est donc l'histoire d'un amour entre Thomas et Almanda, de l'adaptation de cette jeune fille de 15 ans à la vie nomade des Innus du Peribonka. C'est avec elle que j'ai appris que ces Innus remontent, quand l'été se termine, la rivière du même nom en canot et passent l'hiver à chasser pour leur nourriture et pour les peaux qu'ils monnaient au printemps quand ils redescendent à Pekuakami (comprenez au au Lac St-Jean). C'est un mode de vie dont j'ignorais tout et pour cause: c'est qu'il a disparu aujourd'hui pour faire place à la modernité, au « progrès », à la sédentarisation forcée de ces peuples qui vivaient, il y a encore un siècle, en harmonie avec la nature. L'exploitation forestière, la construction des barrages sur leurs rivières, l'instruction forcée de leurs enfants en français dans les pensionnats de sinistre mémoire concourraient à l'assimilation… Elle ne s'est jamais faite dans l'harmonie et les Innus et les autres peuples autochtones ont tout perdu: leur terre, leur liberté, leur culture. On comprend dès lors leur dérive dans l'oisiveté, l'alcool, la drogue, problèmes que l'auteur ne fait que suggérer comme la conséquence des politiques provinciales et fédérale.
Almanda m'a fait tomber en amour, j'ai appris avec elle à tirer la perdrix (sans en tuer plus qu'il ne fallait pour la subsistance), à fumer la pipe avec ses belles-soeurs, à tanner les peaux, à faire du perlage et d'autres objets traditionnels, à vivre en faisant confiance à la nature qui est généreuse pour qui la respecte, sans penser qu'une mauvaise passe pouvait survenir à tout moment. Almanda n'a pourtant pas eu la vie facile mais jamais elle n'a regretté d'avoir suivi son beau Thomas…
Tout l'art de l'auteur réside dans cette reconstitution narrée à la première personne, comme si c'était justement Almanda, autrement dit Kukum, son aïeule, qui nous parlait. J'ai passé un très agréable moment de lecture qui m'a rappelé dans une certaine mesure les récits de Louise Erdrich (issue, elle, de la nation Ojibwé) et m'a amené une certaine nostalgie et la pensée récurrente que « c'était mieux avant ».
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Kukum (Almanda Simeon), au seuil de la vieillesse raconte ses souvenirs de jeunesse à son arrière petit-fils. Née en 1882, prés du lac Pekuakami au Québec, elle est élevée par son oncle et sa tante et rêve d'une vie d'aventures que lui offre Thomas, un jeune amérindien qu'elle épouse. Une vie nomade, qui selon les saisons déplace la famille pour profiter des nombreuses richesses naturelles offertes une par nature généreuse qui permet de subsister par la chasse et la trappe en ne prélevant que le nécessaire. Un vie dure, mais en harmonie avec la nature qui va bientôt être brisée par l'arrivée de coupeurs de bois qui en voudront toujours plus et du chemin de fer. Cette épopée familiale rend bien compte de l'évolution sociétale qui prive les peuples autochtones de leurs terres, de leurs coutumes et même de leurs enfants qu'on embarque contre leur gré pour les éduquer de force et de façon parfois brutale par des religieux peu respectueux des droits humains. Un beau roman, nostalgique d'une époque révolue, incarnée par des personnages attachants dans des lieux idylliques.
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A travers l'histoire de sa Kukum (arrière grand-mère), Michel Jean raconte l'histoire des Innus, peuple autochtones du Québec.

Suivons les pas de Almanda, jeune orpheline blanche qui va tomber amoureuse d'un chasseur innu. Un amour soudain, évident, qui va changer sa vie. Destinée aux travaux des champs, elle va intégrer le clan de son époux et devenir petit à petit une véritable innue. Elle découvre toute une culture, tout un mode de vie, de pensée.

L'auteur nous entraîne dans des paysages magnifiques, on marche sur les rives du lac Saint Jean, on chasse en forêt, on entend les rivières, on suit les saisons et les années qui défilent.

Ces années qui malheureusement vont marquer la fin d'un mode de vie traditionnel avec l'arrivée de la sédentarisation forcée pour un peuple qui jusque là était libre, toujours en mouvement, en accord avec son environnement. On découvre alors les terribles conséquences sociales de ce changement avec la vie dans les communautés, les pensionnats autochtones... Une fois encore, on se rend bien compte que l'homme blanc n'a eu aucun respect pour ces peuples natifs.

Ce livre, je l'avais repéré depuis longtemps et puis le temps est passé. Il aura fallu une rencontre en live avec la maison d'édition et avec l'auteur pour que je n'en repousse plus la lecture. Michel Jean ce jour là nous a tous ému, il a su nous transmettre son histoire avant même d'avoir lu son livre.
L'émotion de ce moment est intacte dans mon souvenir et dorénavant j'y rajoute celle ressentie à la lecture de ce roman, si simple et pourtant si touchant.
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