La vie, c'est d'la merde !
Tu crois que tout va bien, qu'il fait beau, que les petits oiseaux chantent et paf ! Nan, pas des Chocapic… Paf, je disais ! le drame.
Les oiseaux ont disparu, remplacés par des petits automates qui chantent pareil, mais en moins bien. le beau temps a été remplacé par une atmosphère artificielle à bord de stations spatiales géantes qui errent à travers l'espace, et la Terre est devenue une chimère à moitié carbonisée (« toute ressemblance… bla bla bla »).
Et puis tu accueilles comme une bonne nouvelle la lumière au bout du tunnel… La vie, c'est d'la merde ! Et c'est ça qui est beau.
Ceci est un premier roman. Je répète : ceci est un premier roman. Et donc, pour son premier essai, ce brave Simon décide de s'approprier la moitié des thèmes récurrents de la SF (avec un petit regard insistant entre autres sur le cycle d'Hypérion, de
Dan Simmons), de les mélanger avec toute une palette d'émotions, et paf ! ça fait un choc épique ! (ouais… t'as bien lu, ouais… et si tu n'abandonnes pas déjà, sache que je salue ton abnégation, cher.e lecteurice…)
Bref, revenons à nos moutons (électriques).
Cantique pour les étoiles réunit à peu près tout ce que j'aime dans la SF.
Au premier rang, une narration parfaitement maîtrisée, avec un premier chapitre absolument magistral qui met tout de suite dans le ton ! On y suit la vie de Kaeda, habitant de la petite planète Umbai-V, qui attend tous les 15 ans la venue d'un vaisseau de transport de marchandises. Et l'auteur d'y aborder dès cette introduction des thèmes comme la distorsion du temps (classique SF) ou tout simplement la vie, l'amour et le temps qui passe.
A travers les chapitres, Jimenez joue avec le temps et les personnages dans des histoires dont les liens se tissent au fil des pages jusqu'à dessiner un canevas complet où tous les enjeux se rejoignent.
De la scientifique en quête de la vie éternelle à la capitaine de vaisseau qui cherche désespérément à se lier avec quelqu'un, du courtisan ambitieux à l'enfant mystérieux tombé des cieux, tous les personnages sont traités avec sensibilité et nuances par l'auteur, qui en profite pour aborder les thèmes qui lui sont chers.
On parlait plus haut de la vie, de la mort, du temps qui passe, mais Jimenez interroge aussi, au gré des chapitres et des situations qu'il déploie, sur la filiation, la famille, l'influence de la musique sur l'âme… A ces inspirations philosophiques, il associe également volontiers des thématiques plus « terre-à-terre » quand il aborde successivement la politique, le capitalisme, la corruption, le tourisme de masse, la bioéthique, et toutes autres sortes de réjouissances de nature à rendre dépressif un Bisounours sous Lyrica…
D'abord positif et bienveillant quand il se fait intimiste et aborde la question des relations entre individus, le roman bascule dans un univers sombre, désabusé, presque désespéré, quand il s'éloigne de l'humain pour explorer avec plus de hauteur les questions plus socio-économiques. Avec ce symbole fort, glaçant, du système qui écrase l'individu.
La conclusion, douce-amère bien qu'un peu trop longue, ne sera pas d'un grand réconfort pour qui aurait souhaité trouver la lumière au bout de ce tunnel.
En bref, un roman absolument brillant, symbiose parfaite entre une forme aboutie et un fond aussi profond qu'accessible.
Cantique pour les étoiles est fait pour toi si… tu cherches un roman qui te fasse passer par tous les états, qui a des choses à dire, et qui soit une belle synthèse de tout ce que la SF peut proposer de bien.
J'ai aimé :
- Les personnages attachants
- La richesse des thèmes abordés
J'ai moins aimé :
- La fin un peu longue