C'est la fin. Dans la première partie, on découvre les conséquences que John Difool a engendrées chez les Bergs (quand je vous disais qu'on allait de nouveau avoir des surprises avec la biologie !), un cauchemar... qui se mue peu à peu en une satire de notre société conformiste, pour enfin terminer sur une note d'humour désopilante avec le pauvre Deepo qui se voit contraint de donner un sédatif à son ami surexcité.
Parce que pour ce qui est des cauchemars, "L'Incal" en a encore dans le ventre. Durant ces six tomes, ça a été une BD coup-de-poing, changeant toujours quand on s'y attendait le moins, passant du rêve extatique à l'horreur la plus noire, de l'humour léger à l'érotisme en passant par la théologie, et durant la deuxième moitié cette caractéristique va ressortir plus que jamais. C'est le final, les humains vont éviter la Ténèbre grâce au sommeil thêta. Et pourtant, rien n'est encore gagné.
Un onirisme flamboyant, une inventivité à toute épreuve, la tristesse de perdre les personnages, un questionnement spirituel, la chronologie qui s'estompe dans les dernières planches, "L'Incal" finit peut-être de manière difficile à comprendre, à l'image du plus pragmatique "2001 : L'odyssée de l'espace", mais c'est une fin digne de la saga. Une de ces fins qui nous transporte plus loin que ce que le commun des mortels peut imaginer.
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Un final digne de l'Incal même si, à mes yeux, le second tome reste le plus abouti tant au point de vue du graphisme que de la narration.
En ces années 80, on voit que Jodorowsky avait encore de la ressource… et on sent bien page après page l'empreinte de ce scénariste insolite, tant de par l'ésotérisme qui émane de l'oeuvre que de l'incontestable connotation freudienne qui imprègne la planète dépeinte dans cet album.
John Difool, anti-héros emblématique, va ainsi être confronté avec les piètres et médiocres Jidoeufs, ultime stade du cycle matriciel de la galaxie Berg, rejetons détestés d'une reine-mère à la rancune tenace, et qui se révèleront les catalyseurs d'une haine inconsciente et quasi-oedipienne envers lui. On ne peut penser, à l'envi d'une animosité d'une telle ampleur, qu'au mythe de Cronos destituant Ouranos.
S'ensuivra l'ultime épreuve, avec une conclusion aussi éblouissante qu'inattendue, même si j'ai été un peu rebuté par la scène de lévitation des survivants de Terra affublés d'une queue de cheval (un petit arrière-goût d'orientalisme de bazar).
Excellente conclusion, donc, qui donnera suite à une intéressante préquelle, mais qui aboutira bien des années après à ce gaspillage inutile que sont pour moi Après l'Incal et Final Incal.
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Retour sur la planète Berg, ou plutôt… la planète Difool ! Un monde où la nouvelle génération de 78 billions de Bergs ont comme un air de famille avec leur “protopère”, notre JDF préféré. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que les rejetons en ont après leur géniteur...
L'occasion pour l'auteur de poursuivre sa satire de la société, avant de faire basculer ce dernier tome dans la SF métaphysique et divine. Moebius accompagne ce scénario délirant avec d'incroyables planches épurées pour un dénouement en apothéose. Ébouriffant.
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Dans le dernier sprint, vers ce qui sera peut-être la victoire finale contre "la ténèbre", le combat devient d'ordre spirituel. Maintenant qu'on connaît bien Difool, on imagine tout de suite la difficulté, Difool étant un antonyme de tout ce qui touche au domaine spirituel. Notre "héros" doit se rendre sur la planète Berg où la population est désormais à l'image de Difool. Confronté à un billiard de lui-même, le suspens est à son comble. Cette série, je l'ai lu et relu un nombre incalculable de fois, avec toujours autant de plaisir, elle a inspiré un grand nombre d'auteurs. Je considère Moebius comme un dieu vivant, son trait est celui d'un enchanteur. Jodo a eu bien de la chance de le rencontrer pour nous faire passer ses délires mystico philophicoscienficonesques.
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J'ai découvert cette série de l'Incal sur le tard et j'avoue que j'ai trouvé cela original et assez sympa. Par contre, le temps a fait son oeuvre et les textes fleurent bon les années 80, rendant parfois les répliques un peu désuètes, voire carrément risibles. de même pour les super téléphones portables "ultra modernes" dessinés en forme de grosses calculatrices de l'époque ! Mais c'est peut-être précisément en cela que réside tout le charme des oeuvres "d'anticipation" !
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Ne luttez plus contre les cauchemars assumez-les !..Ils sont les parties de vous-mêmes que vous n'osez vivre !..Transformez-les ! L'horreur cache un message positif !..Un cauchemar est un cadeau déguisé !
- Je ne suis pas un Jidœuf ! Je suis John Difool ! ... Par l'empire, qui me dira ce qui se passe ici ?
- Arrête de te moquer de... Hey !? Attends ! Tu dis t'appeler John Difool ?1. Voyons, j'ai déjà entendu ce ... Oh ..Non ! John Difool ! Mais...C'est le nom... du.. du Protopère !
_ Hééé !.. Mais ! .. Arrête !!
- On va bien voir !
- Pas de doute... Il a un nombril ! C'est bien lui le Protopère ! OoH.. Ma pauvre tête !..