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Le Lama blanc tome 5 sur 7

Georges Bess (Illustrateur)Frank Reichert (Adaptateur)
EAN : 9782731614367
48 pages
Les Humanoïdes associés (22/11/2000)
3.75/5   34 notes
Résumé :
Le millénaire Grand Lama se réincarne dans un enfant blanc, né par accident dans les montagnes tibétaines. Une extraordinaire saga mystique où se côtoient illusions et réalité, violence et poésie, histoire et aventure.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Illusion… Tout n'est qu'illusion…
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Ce tome fait suite à le Lama blanc, tome 4 : La quatrième voix (1991) qu'il faut avoir lu avant. Ces 6 tomes forment une saison complète et il faut avoir commencé par le premier. La parution initiale de celui-ci date de 1992. Il comporte 46 planches en couleurs réalisées par Alejandro Jodorowsky pour le scénario, et Georges Bess pour les dessins et les couleurs.

En présence de Péma, Atma, la mère de Gabriel Marpa, vient de lui intimer d'honorer son serment : il doit la venger. Il s'assoit en position du lotus à même le sol. Une longue vibration se fait entendre. le corps spectral du grand lama Mipam s'élève du corps de Gabriel, le dominant. Il s'adresse à Gabriel lui indiquant que ce dernier le reconnaît, qu'il est lui. Cependant le voeu de paix universel de Mipam lui interdit de tuer. Il est ici pour aider tous les êtres à parvenir à la conscience, pour les sauver. Il ne peut pas obéir à la mère de Gabriel. Ce dernier lui répond que son corps n'est pas le sien, et que dans cette incarnation, il doit obéir à sa mère. Il ordonne à Mipam de s'intégrer à lui, de lui céder tous ses pouvoirs. le lama défunt accède à la demande de son élève. Toujours assis en lotus, Gabriel Marpa lève les bras vers le ciel, et un nuage d'énergie rouge s'élève au-dessus de lui. Cette énergie prend la forme d'un scorpion géant qui se dirige en volant vers le village. Les habitants ont tous remarqué la forme menaçante qui avance et commencent à paniquer. Gabriel abat son bras gauche, et la pince gauche du scorpion s'abat sur les cabanes, les pulvérisant d'un coup. La destruction se poursuit, alors que le corps de Gabriel est agité par de violents soubresauts : les villageois meurent sous les décombres. À chaque mouvement de Gabriel correspond un mouvement du scorpion. Atma se réjouit : il ne reste que des ruines fumantes.

Son oeuvre de destruction achevée, le scorpion se dissout dans les airs. Atma exulte : la vermine est ensevelie sous les gravats, la malédiction des faibles et minoritaires vient d'accomplir ce que la puissance et le nombre n'ont jamais pu faire. Elle demande à son fils de se réjouir car il vient d'offrir à sa mère un réjouissant spectacle, il vient de la rendre heureuse jusqu'à la fin de ses jours. Elle continue : mais il ne suffit pas de tuer, une, deux, trente ou cent personnes, il faut encore exterminer des générations entières de ces porcs parfumés jusqu'à la neuvième incluse. Tout doit être rasé. Plantes, animaux, tout doit être frappé de destruction ! Elle exige un tremblement de terre, que toutes leurs infâmes maisons s'écroulent, que le village entier disparaisse, que la grêle saccage toute chose, qu'il ne reste que des pierres. Elle l'ordonne à son fils par le pouvoir du sang. Gabriel se rassoit en position du lotus et se met à psalmodier un mantra. La terre se craquèle, se fendille et s'ouvre. Il se produit un violent tremblement de terre qui met à bas toutes les constructions et qui avale les animaux domestiques et ceux de la ferme dans ses crevasses.

Ça y est : Gabriel Marpa est arrivé au terme de son voyage. Il a atteint l'illumination, il a conscience de sa précédente incarnation, il entre en pleine possession des pouvoirs de son prédécesseur. On peut compter sur Jodorowsky pour que ce moment d'accomplissement soit intriqué dans une catastrophe meurtrière de grande ampleur, exposant le terrible prix à payer. Gabriel Marpa reste un homme et il doit respecter la parole donnée à sa mère. Venant tout juste d'acquérir ses pouvoirs, Gabriel les déchaîne avec une rare violence, une absence de retenue terrifiante. Sans surprise, Georges Bess réalise des pages terrifiantes. le lecteur peut voir le corps de Gabriel se convulser sous l'effet de la violence de l'énergie libérée. Il lit la folie dans le langage corporel d'Atma, ainsi que dans son regard : elle est ivre de vengeance, bien au-delà de toute raison. L'artiste joue à la fois sur un registre réaliste avec les pierres qui atteignent le visage ou le corps des villageois, comme des dessins réalisés sur le fait., à la fois sur une mise en scène des destructions matérielles, dans des planches pleines de bruit et de fureur. Il baigne ces moments dans un contraste entre une teinte mêlant gris, vert et marron pour la zone dénudée où se tiennent Gabriel, Atma et Péma, et le rouge vif du scorpion. le lecteur pense avoir assisté au plus dur : il tourne la page et voit le sol se convulser, les failles s'ouvrir, la roche éclater de toute part projetant des éclats. Une scène encore plus terrifiante du fait de dessins mêlant le descriptif avec une emphase expressionniste d'une grande force.

Il est alors évident que l'éveil de Gabriel Marpa n'est pas arrivé à son terme et qu'il lui reste d'autres épreuves à affronter. En fait, le lecteur a du mal à en revenir : il n'aurait jamais imaginé que le jeune homme puisse exécuter l'ordre de sa mère de manière si directe, sans aucune retenue. Cela constitue une transgression d'une force inouïe : le héros abandonne toute retenue, et se livre à un acte de destruction délibéré, de grande ampleur. le lecteur savait bien qu'il restait deux albums avant la fin de ce premier cycle, mais il n'imaginait pas que Gabriel allait commettre une telle abomination, et chuter. Bien évidemment, il doit maintenant expier sa faute, et le lecteur découvre que cela prend la forme d'une retraite du monde. Bien évidemment, cette retraite implique une pratique extrême de la médiation, et il va se produire plusieurs événements. Cette fois, l'épreuve consiste à surmonter ses émotions négatives, à acquérir la maturité nécessaire pour faire un usage responsable de ses capacités. le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre parce que 35 pages de pure méditation ne constitue pas une perspective très alléchante sur le plan visuel. En réalité, il ne s'en fait pas car les créateurs ont gagné sa confiance, renouvelée à chaque tome. Effectivement cette nouvelle phase du développement personnel de Gabriel Marpa s'accomplit par la méditation, et par des événements extérieurs reprenant des intrigues secondaires des précédents tomes.

Après le déchainement de chaos, le lecteur s'attend à des pages contemplatives. Il découvre de magnifiques planches baignant une teinte grise et blanche avec l'arrivée des charognards qui comptent bien se repaître du corps de Gabriel. Il se retrouve devant le cadavre momifié de maître Kouchog en position du lotus, et les dessins mêlent réalité et vision spirituelle, sans solution de continuité. le dessinateur joue sur la taille des rapaces, passant de gros vautours à des aigles d'une dimension un peu exagérée pour attester qu'il s'agit d'une licence artistique relevant de la spiritualité. Il voit les eaux vertes d'un lac de montagne, puis le ciel rose, toujours avec des choix de couleurs inhabituels, et totalement adaptés. Il ressent la lourdeur des flocons de neige en train de tomber paresseusement sur trois voyageurs. Il se retrouve dans une immense zone en ruine, baignée dans une lumière verdâtre pour un combat des plus singuliers. Il voit un individu perdre toute consistance, littéralement se déliter dans l'air, avec un effet de rouge et rose très parlant. Il se rend compte que les cases deviennent de plus en plus blanches, alors que Gabriel Marpa très affaibli sent ses dernières forces le quitter en trébuchant dans la neige, sous les flocons. Il prend conscience que le corps de Gabriel n'a plus la couleur de la peau, mais passe d'un vert de pourriture ou de faiblesse, à un doux jaune irradiant sa force spirituelle. Georges Bess épate le lecteur du début à la fin donnant une apparence très réaliste, presque de reportage, à ses dessins, alors même qu'il quitte le registre réaliste à presque chaque page pour traduire en image les émotions, et la vie spirituelle intérieure des personnages. du grand art.

Le lecteur suit donc le cheminement d'expiation de Gabriel Marpa pendant les deux tiers du récit. il se dit d'ailleurs qu'il ne s'agit pas d'expier car ce n'est pas la religion catholique, ce qui continue à rendre d'autant plus choquant le massacre auquel Gabriel Marpa s'est livré, pour honorer la parole donnée à sa mère. Il se retire du monde es hommes pour vivre comme un reclus, sans ressources matérielles, au plein coeur de l'hiver dans la haute montagne. le scénariste vogue lui aussi entre réalisme et métaphore. D'un côté, Gabriel trouve des pousses pour se nourrir, de l'autre ce n'est pas un régime équilibré permettant de lutter contre le froid. D'un côté, il s'assoit en position du lotus pour ne pas dépenser d'énergie inutilement, de l'autre il n'est vêtu que d'un pagne ce qui ne permet pas de résister au froid, quelle que soit la constitution de l'individu, ou son métabolisme. Pour autant, le lecteur ne s'en offusque pas car dans le tome précédent Gabriel avait déjà acquis des pouvoirs surnaturels, et il ne s'agit là que de la continuation de cette représentation littérale d'un cheminement spirituel au-delà de ce que peut réaliser le commun des mortels. En cours de route, Gabriel se trouve ramené en compagnie d'êtres humains. le lecteur sourit une première fois en voyant son parcours se rattacher à une intrigue secondaire laissée en jachère depuis plusieurs tomes. Il sourit encore plus en voyant comment se déroule confrontation contre cet ennemi annoncé comme terrible, et également doté de pouvoirs surnaturels. Cela amène Gabriel à croiser la route d'un autre personnage récurrent, pour avancer encore vers le plein éveil. Comme dans les tomes précédents, Jodorowsky donne plus l'impression de raconter une histoire teintée de magie, que de sonder les tenants de la foi bouddhique, même s'il énonce certains principes basiques.

Le lecteur retrouve avec impatience Gabriel Marpa alors qu'il s'apprête à commettre un crime d'une ampleur terrifiante. Il retrouve avec délice la narration visuelle de Georges Bess, parfaitement en phase avec le scénariste, naviguant avec élégance entre réalisme et métaphore visuelle, pour des pages magnifiques. Alejandro Jodorowsky maintient également un équilibre délicat entre une histoire d'aventures mettant à profit les éléments spectaculaires du bouddhisme, tout en nourrissant son récit des principes fondamentaux de cette foi.
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Dans ce 5ème tome, Gabriel va beaucoup souffrir moralement et être mis à l'épreuve. Il va d'abord tenir la promesse qu'il a faite à sa mère en massacrant ceux qui l'ont humiliée. C'est la mort dans l'âme qu'il accomplit cette tuerie et, pétri de culpabilité et de honte, il va ensuite fuir. Sa quête de rédemption va l'amener à encore progresser dans son cheminement spirituel.

Je ne sais pas si ce 5ème volet est moins bon que les précédents ou si c'est juste moi qui commence à me lasser mais tout ça finit par un peu tourner en rond, que ce soit visuellement ou narrativement. Je ne me suis pas ennuyée à la lecture de ce tome qui reste plaisant mais je n'ai pas été passionnée. Je vais tout de même lire la suite, en espérant que les auteurs parviennent à se renouveler.
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Gabriel sauve l'honneur de sa famille d'adoption mais au péril de son avenir. Toujours très beaux dans les dessins.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Et maintenant, je ne veux pas mourir sans avoir atteint l'état de bouddha, comme l'écho de Rinpoché, mon précieux guide. […] Cette grotte était sa demeure. Elle est pour moi préférable au plus beau palais, ce sera ma maison. Pendant des années, il n'a mangé que des orties. Je ne me nourrirai plus que d'orties. Et je ne couvrirai plus mon corps que d'une grossière étoffe de coton. Face à un univers empli d'or, l'existence consacrée à attendre l'état d'illumination a infiniment plus de valeur. Ô mon maître bien-aimé, accorde-moi tes bénédictions afin que je puisse, moi le mendiant, m'attacher fermement à la solitude, afin que je puisse découvrir ma satisfaction dans la connaissance de mon véritable esprit.
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Hélas… Maintenant que j'erre dans le cycle des existences, à cause de mes violents désirs et attachements, à cause de l'orgueil et de la haine… Que les divinités me guident sur le chemin de la lumière, qu'elles me libèrent de l'angoisse, de l'empire des images vides de mes propres projections. Puissent les divinités m'établir dans l'éveil total et parfaitement pur de l'illuminé. Que m'apparaisse la claire lumière qui est la félicité de l'état de méditation. Le pouvoir pénétrant de l'œil fait voir les choses mais ne peut se voir lui-même… l'esprit lui-même ne peut trouver l'esprit.
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Mais il ne me suffit pas de tuer une, deux, trente ou cent personnes… Il me faut encore exterminer des générations entières de ces porcs parfumés, jusqu'à la neuvième incluse ! Tout doit être rasé : plantes animaux… Tout doit être frappé de destruction. Je veux un tremblement de terre, ô mon fils ! Je veux que toutes leurs infâmes maisons s'écroulent, que le village entier disparaisse ! Que la grêle saccage toute chose ! Qu'il ne reste que des pierres ! […] Qu'ils meurent ! Qu'ils disparaissent de la surface de la Terre ! Qu'ils crèvent !
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Tout ce que l'égo peut créer est illusion. Illusion du pouvoir, illusion de la puissance, de la haine, de l'amour. L'égo ne peut créer que ce qui n'est pas. L'univers a déjà créé tout ce qui est.
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La malédiction des faibles et minoritaires vient d'accomplir ce que la puissance et le nombre n'ont jamais pu faire.
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