« Au voleur ! au voleur ! à l'assassin ! au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! « … hélas, ce n'est pas le trésor d'Harpagon qui a disparu, mais l'âme même de Nicolas le Floch.
La première victime de cette « suite » est d'abord et avant tout cette inimitable langue du XVIIIe s que JF Parot nous restituait avec finesse et délicatesse, nous obligeant à plonger de temps en temps dans un Littré pour en éclairer tel ou tel terme. Exit, donc, ce qui faisait la saveur inimitable de ces polars historiques.
L'autre victime est bien sûr la description minutieuse de ce Paris du XVIIIe. Epousant les pérégrinations de Nicolas, JF Parot nous décrivait en détail itinéraire, scènes de rue, personnages…
L. Joffrin se contente de déplacer Nicolas d'un point B à un point A (et réciproquement), à une allure vertigineuse.
La troisième victime est l'enquête policière, qui n'a ni queue ni tête, où Nicolas ne résoud rien mais se contente de suivre les événéments les uns après les autres, assez passivement.
Pour le reste… on se demande si
L. Joffrin s'est seulement donné la peine de lire les précédents opus des aventures de N. le Floch, tant les invraissemblances abondent. Les amis de Nicolas sont croisés pour la forme : Samson devient une vague connaissance croisée 5 min au début de l'intrigue, Semacgus sert essentiellement à héberger Nicolas, lequel ne cherche même pas à revoir à Versailles son grand amour Aimée, mais séduit sans aucun état d'âme une jeunette, dont il s'enorgueillit du rang nobiliaire ! Sartine, le roi de l'intrigue et du mystère, indique grossièrement et très explicitement une direction à donner à l'enquête.
L. Joffrin expédie Marion ad patres et Catherine en Alsace (Catherine ! abandonner Noblecourt !).
Quant à Noblecourt il n'est plus au régime, et a perdu par la même occasion sa subtilité et sa psychologie légendaire pour devenir un vieux réactionnaire.
Et Bourdeau ? À lire
L. Joffrin, on se demande qui peut être ce commissaire au Châtelet qui a besoin de son ancien supérieur pour courir après les méchants… Aucune complicité avec Nicolas, aucune discussion politique franche entre eux, aucun partage des avancées de l'enquête. Bourdeau et le Floch cavalent côte à côte, d'un endroit à l'autre, sans que l'on sache trop pourquoi.
L. Joffrin tente maladroitement d'émailler le récit de quelques descriptions culinaires, mais il n'a pas le talent de JF Parot.
Autant j'avais pris plaisir à l'adaptation télévisée, qui se voulait un renouvellement charmant des romans, autant je me désole de cet outrage posthume à Nicolas le Floch.
En ce qui me concerne, Nicolas ne connaitra jamais la Révolution et ne se relèvera plus : il repose définitivement en paix auprès de son créateur.