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ù l'on retrouve Alexandre dont les jeunes années remplissaient les pages de l'excellent ‘
Nature humaine' par
u et apprécié en 2020.
Pour quelques lignes seulement, nous le rejoignons là ou nous l'avions quitté, à la veille du premier janvier 2000. Mais l'essentiel du récit de notre héros ordinaire nous ramène rapidement en 2020 avec la découverte des premiers effets du virus émergent que l'on ne nommait pas encore covid19.
De façon journalistique (trop !?!?) par le biais de références aux journaux télévisés de l'époque, nous nous rappelons la stupeur qui nous saisissait à la vue de ces images inquiétantes venues d'une ville chinoise dont le nom nous devenait tristement célèbre.
Du déni initial ou les autorités s'enferraient (la fameuse cacophonie des masques considérés inutiles) aux conférences de presse régulières d'un exécutif débordé, l'histoire récente nous revient, vécue de plein fouet par nos protagonistes dont la saga familiale continue, secouée par les fâcheries de la fratrie exacerbées par le confinement qu'ils vont subir mais dont personne ne voulait croire.
Comme pour le tome premier, nous refaisons corps avec Alexandre, le bienheureux, devenu la véritable pierre angulaire d'un système ancestral depuis qu'il a repris l'exploitation agricole familiale alors que ses soeurs ont opté pour un quotidien plus citadin, totalement déconnectées de leurs racines paysannes.
Il a vieilli, forcément, mais vit toujours sa passion amoureuse pour la fameuse Contanze qui a fini par poser ses valises, mais pas directement chez lui.
Comme pour le premier tome, s'entremêlent les affaires familiales, compliquées, et l'actualité d'un monde en plein désarroi.
Sans doute la période restituée est-elle encore trop récente et trop présente en ma mémoire pour attiser mon intérêt comme l'auteur avait su le faire dans son opus précédent.
Peut-être la restitution de notre planète en plein effroi est-elle trop journalistique aussi pour m'emporter, dans ce qui reste pourtant un roman, comme l'avait fait son prédécesseur qui avait su absolument me conquérir.
Je reste plus en retrait ici, spectateur à distance d'un récit familial qui souffre, à mon avis, d'une trop grande mise en avant d'un fait mondial encore trop frais dans nos mémoires collectives pour nécessiter tant de détails qui font pléonasme dans mon ressenti.
Peut-être dans quelques années sera-t-il intéressant de se refaire une piqûre de rappel pour se remémorer cette période qu'on n'aurait jamais imaginé vivre.
Là, c'est trop tôt.
Le découpage au jour le jour adopté ici, me donne le sentiment d'un laborieux travail de compilation d'articles parus dans une presse particulièrement touffue au détriment d'une trame romanesque qui se devait d'être l'essence de la narration comme elle l'était dans le premier tome ou les références historiques ne restaient que des marqueurs temporels bien trop présents ici. de fines touches subtiles on est passé à de gros aplats un peu trop appuyés.
Le premier tome balayait une période plus longue également et très féconde en bouleversements sociétaux qui ponctuaient la chronique familiale.
Ici, le coronavirus et les gilets jaunes prennent tout l'espace, trop d'espace, étouffant, voire même rendant secondaires les histoires individuelles (pas forcément passionnantes en plus (les trois chiots et les chenilles, mmouai !?!?)) que j'ai un peu trouvées laissées pour compte pour ne démarrer réellement que passée la moitié de l'ouvrage. Ceci est d'autant plus dommage que le récit se termine sans qu'il y ait vraiment de fin alors qu'un tournant venait juste d'être passé qui ne s'exprime pas vraiment. Est-ce le signe d'un numéro trois ?
Étrange construction en fait.
Je l'ai lu, sans déplaisir, mais n'y ai pas trouvé la moelle du premier opus que j'avais tant apprécié.
Un peu (beaucoup) de dépit, du coup, un arrière-goût d'insatisfaction en plus !
Trop d'attente aussi, sûrement, et à l'arrivée, une interrogation majuscule : quid de la ‘
chaleur humaine' qui donne son titre à l'ouvrage ??!!
Fera-t-elle long feux comme ces résineux malades qui, abattus, se consument impuissants aux dernières pages ?