Citations sur Mississippi (45)
Mais je me trompais. Il y a avait des tas de Blancs là-bas, c'est certain, mais ils ne ressemblaient pas à ceux de chez nous.
Ils n'avaient pas la haine.
En Angleterre, où on a stationné le premier mois, il y avait des gens qui n'avaient encore jamais vu de Noir, mais ils étaient plus curieux qu'autre chose.
Dès l'instant où ils ont vu qu'on était comme tout le monde, ils nous ont traités pareil.
Les filles aussi.
La première fois qu'une fille blanche m'a invité à danser, j'ai failli en tomber à la renverse.
Je me suis tourné vers toutes les œuvres qu'avaient faites mes mains et vers le travail auquel j'avais travaillé pour les faire et voici : tout est vanité et poursuite de vent et il n'y a pas de profit sous le soleil.
C'est ça aimer quelqu'un : donner tout ce qu'on peut et prendre ce qu'il faut.
On nous filait tous les rebuts, officiers compris. Nos lieutenants étaient pour la plupart des sudistes qui avaient raté leur précédente affectation. Des ivrognes, des froussards, des petits Blancs fanatiques et bons à rien qui auraient pas été fichus d'évacuer leurs hommes d'une cabane même en plein jour. Leur confier le commandement de troupes noires, c'était leur punition. Ils n'avaient que du mépris pour nous et nous le faisaient bien sentir.
Ronsel se fichait pas mal d'avoir une terre à lui, mais ça servait à rien de dire ça à mon mari. Autant piler de l'eau dans un mortier. Quand Hap a une idée en tête, l'est sourd et aveugle à tout ce qui ne rentre pas dans le moule. C'est pour ça que c'est un bon prédicateur, sa foi vacille jamais. Les gens voient ça chez lui et ça les ravigore. Mais des fois ce qui marche en chaire va pas à la table de votre cuisine.
[...] J'entrais dans la maison quand le marteau s'est abattu sur le premier clou en un bruit délicieusement irrévocable qui a fait sursauter les enfants.
« C'est quoi ça, maman ? a demandé Amanda Leigh.
- C'est ton papa qui ferme le cercueil de Pappy.
- Il va se fâcher ? » a murmuré Bella effrayée.
Laura m'a jeté un petit coup d'oeil farouche.
« Non, ma chérie, a-t-elle répondu. Pappy est mort. Il ne se fâchera plus jamais. Maintenant, mettez votre manteau et vos bottes. Il est temps de porter votre grand-père en terre. »
Heureusement qu'Henry n'était pas là pour entendre la satisfaction dans sa voix.
Ici, c'est le ventre de la terre. Cette vaste étendue luxuriante entre deux fleuves s'est formée il y a quinze mille ans quand les glaciers ont fondu et gonflé le Mississippi et ses affluents, qui ont fini par déborder et inonder la moitié du continent. Lorsque les eaux ont reflué et réintégré leurs cours d'origine, elles ont rapporté une manne d'alluvions arrachées aux terres qu'elles avaient recouvertes. Elles les ont rapportées ici, dans le Delta, et les ont déposées sur les vallées en riches strates noires.
J'ai enterré mon père dans ce sol-là, ce sol qu'il détestait travailler.
Les Noirs continuaient à voyager à l'arrière des bus, à emprunter les portes de service, à cueillir le coton des Blancs, à demander pardon aux Blancs. On avait répondu à leur appel, on avait fait leur guerre, mais ils s'en foutaient : pour eux, on continuait à n'être que des nègres. Et les soldats noirs qui étaient morts n'étaient que des nègres morts.
Mais il faut que je commence par le début, si je le trouve. Les débuts sont insaisissables. Juste au moment où vous croyez en tenir un, vous jetez un coup d'oeil en arrière et vous en apercevez un autre, antérieur, et un autre antérieur au précédent. Même en commençant par "Chapitre Un : Ma naissance", vous avez un problème d'antécédents, de causes et d'effets.
La pluie m'a réveillé en sursaut. Le raffut d'un orage du Delta contre un toit en tôle est pratiquement ce qu'on peut trouver de plus proche du bruit du combat. Pendant une minute terrifiante, je me suis retrouvé dansvle ciel allemand, cerné de Messerschmitt ennemis. Puis j'ai réalisé où j'étais et pourquoi.