AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 960 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gaëlle Josse est une écrivaine-musicienne. Lorsque on lit un de ses romans, c'est comme si on glissait de phrase en phrase, totalement sous le charme de sa mélodie.

Avec "Ce matin-là", Gaëlle Josse contredit l'idée répandue selon laquelle il faut avoir vécu quelque chose pour le comprendre. Sa plume est si juste, les images qu'elle dessine sous nos yeux si puissantes, que le burn out n'est plus quelque chose d'extérieur, d'étranger, qui n'arrive qu'aux autres.

C'est une fissure qui s'agrandit, c'est la planchette du kapla qu'on rajoute en haut d'une construction qui commence à osciller puis trembler avant d'entrainer toutes les pièces dans une chute.C'est le doute qui s'immisce dans l'esprit et infuse tous les instants de vie, c'est cette sensation de pesanteur omniprésente.

A mots couverts, sans esprit de démonstration, Ce matin-là dit aussi la violence du monde du travail, la culture du résultat, le harcèlement dans ce qu'il a de plus pernicieux et invisible.

On ressent surtout à travers les mots de Gaëlle Josse, une façon de donner de la voix à celles et ceux qui se sont effondrés un jour avec une empathie réconfortante.

Avec Ce matin-là, Gaëlle Josse confirme son talent à décrire si bien les sensations dans leurs moindres nuances.

Si vous ne connaissez pas encore cette écrivaine, on vous conseille aussi les formidables Une longue impatience et Une femme en contre-jour.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          240
Gaëlle Josse a le don de plonger au coeur de l'âme humaine et de nous faire partager les hésitations, les balbutiements, les découragements, les petits espoirs de ses héroïnes.
Clara n'est pas extraordinaire, sa vie n'a rien d'exceptionnel, elle travaille dans une banque et donne toute satisfaction à ses employeurs...
Oui Mais un matin, elle n'a plus envie de continuer ainsi, elle s'interroge, elle perd pied, elle glisse.
Une toute petite histoire, un tout petit dérapage.
Mais Gaëlle Josse raconte avec tant de talent, tant de poésie, tant de bienveillance!
Commenter  J’apprécie          230
Quel plaisir de lecture!
Le style très particulier de Gaëlle Josse sait créer ce bonheur.
L'élégance ,la simplicité, la poésie et la précision de ses analyses de l'intime sont les références de sa plume.

On s'embarque avec Clara ,explosée par son burn out. On retrouve des sentiments qu'on a pu éprouver ou dont on a été à l'écoute chez d'autres.
La justesse de ce portrait est quasiment photographique.

Moi aussi , je suis tombée et je sais qu'il y a maintes manières de se retouver au sol et de réagir...
J'assiste régulièrement aux vacillements et aux chutes de plus jeunes de mon entourage .

Pendant cette lecture, Barbara chantait dans ma tête "le mal de vivre" et c'est "Attendez que ma joie revienne" qui a surgi au détour d'un chapitre..

A lire et à partager .
Commenter  J’apprécie          234
"Clara la vaillante, la vacillante. Une lettre en plus qui dit l'effondrement".

Un matin, d'un coup, Clara s'effondre. Pour un rien, une voiture qui ne démarre pas, un effort qui soudain semble impossible à produire. Tout semblait pourtant aller bien, Clara trottinait chaque matin jusqu'à son lieu de travail, courrait toute la journée, jonglait avec les dossiers de demande de prêt de ses clients, faisait le dos rond sous l'exigence sèche et parfois brutale de sa nouvelle cheffe d'agence bancaire, rentrait retrouver les bras de Thomas, la chaleur de sa présence. Et puis...

"Une lettre qui se faufile au milieu de la vaillance, la coupe en deux, la cisaille, la tranche. Une lettre qui dessine une caverne, un trou où elle tombe, un creux, une lettre qui l'empêche de retrouver celle qu'elle était, entière, debout".

Le corps dit stop. le corps réagit, demande réparation, supplie que l'on s'arrête, que l'on cesse de se voiler la face et d'ignorer la souffrance. Rien de bien spectaculaire, pas d'événement marquant dans la vie de Clara, mais une accumulation de petites choses, de renoncements, d'effacements, une attention à soi-même que l'on ne s'accorde pas, un chemin que l'on croit sien alors que tout le désigne comme une fausse route. Trois fois rien. Et pourtant, l'essentiel. "Mais qu'est-ce que la vie a fait de nous ?" s'interroge Clara lorsqu'elle mesure enfin l'écart entre ses rêves à l'orée de sa vie d'adulte et la réalité de sa situation dix ans plus tard. Un parcours intérieur, parfois douloureux qui l'amène à revisiter ses choix et à mettre à nu ses désirs profonds enfouis sous des couches de faux-semblants et d'évitements. Pour s'autoriser, enfin.

"Elle voudrait retrouver le grand vent qui fouette et rend vivant. Elle voudrait rejoindre cette part d'elle-même, cette part manquante, parfois entrevue, il y a longtemps. Vaincre cette attraction terrestre qui la cloue au sol. Elle voudrait s'alléger de tout ce qui pèse, qui peine, qui fait courber l'âme. Comme dans un déménagement, on jette, on laisse, on donne. Retrouver l'espace vierge pour accueillir ce qui compte. Chasser les ombres et les fantômes à grands coups de pied. Rire du bruit de leurs chaînes".

Et sous la plume de Gaëlle Josse, ces trois fois rien deviennent essentiels, cette histoire presque banale devient universelle, sublimée par la sensibilité de son regard et l'élégance de son écriture. Parce qu'elle sait comme personne se placer au plus près des sentiments et faire sonner les mots, leur musique, qui font écho à ce que l'on a de plus profond en nous : notre âme. Au point de nous faire préférer les siens aux nôtres qui n'atteindront jamais la légèreté, la douceur, la précision qu'il faudrait pour rendre hommage à ce texte.

"Elle voudrait ajouter que la vie court vite, qu'elle court sur les corps et les visages, qu'elle laboure les coeurs et les âmes, que le temps nous met des gifles jour après jour et que les larmes et les souvenirs creusent d'invisibles rivières, qu'il faut courir vers son désir sans regret et sourire à ce qui nous porte et nous réjouit".

Cela fait dix ans que je lis Gaëlle Josse, que je me délecte de sa finesse et de sa délicatesse. Voilà ce qui me réjouit et qui, je l'espère me fera sourire encore longtemps.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          212
C'est le sixième livre de Gaëlle Josse que je lis et je suis de nouveau sous le charme de cette écriture poétique et sensible. L'auteure excelle à décrire les sensations et les sentiments, sans en rajouter mais de façon touchante et communicative. Et pourtant, chaque livre explore de nouveaux horizons, pour celui ci la lente convalescence après un burn-out. L'écriture est très belle, le livre comme d'habitude assez court, mais c'est aussi un plaisir de laisser passer le temps entre chaque chapitre.
Commenter  J’apprécie          180
Ce matin-là, la voiture de Clara refuse de démarrer. Evènement banal du quotidien auquel s'ajoute une véritable panne intérieure pour sa propriétaire. C'est l'effondrement moral et physique.
Tout ce qui fait sa vie est remis en question. Son métier dans la société de crédit qui l'emploie. Elle ne veut plus "vendre de l'argent", enrichir sa boîte et gagner par la même occasion plus d'argent sur le dos de consommateurs qui n'auront peut-être pas les moyens de rembourser leur crédit.
Côté personnel, son compagnon Thomas ne la comprend plus. "Il tente, puis il se lasse. Il découvre un continent inconnu, des recoins, des angles morts, des grottes, des effondrements, et il ne veut pas entrer là. Il vit du côté du limpide, de la clarté, surtout pas du côté des ombres. Clara le déroute et l'effraie."
Le poids des injonctions et du regard familial lui deviennent insupportables. Tout se pulvérise et remonte à la surface : l'AVC de son père, le secret qu'elle partage avec son frère Christophe de 7 ans son aîné. Sa famille s'inquiète pour elle et plus particulièrement sa mère.
Vous l'aurez compris, ce nouveau roman de Gaëlle Josse a pour thème la chute et surtout la manière dont on s'en sort quand on est à terre. « J'ai voulu écrire un livre qui soit comme une main posée sur l'épaule. » Elle n'apporte aucune recette de vie. Selon elle, il s'agit avant tout de réajuster nos vies pour être à notre juste place vis-à-vis de nous et vis-à-vis des autres. C'est auprès d'une amie de jeunesse et à la campagne qu'elle retrouvera peu à peu de l'énergie.
L'histoire de Clara ont fait écho à ma vie personnelle. Je l'ai accompagnée dans son effondrement et sa renaissance. Merci Gaëlle Josse pour ce roman que je relirai probablement.
https://www.rts.ch/info/culture/livres/11890540-gaelle-josse-voyage-au-bout-de-la-depression.html
Commenter  J’apprécie          163
Clara travaille dans une société de crédit. Ce n'est pas ce qu'elle avait prévu au départ mais, suite à l'AVC de son père, elle a abandonné son projet initial d'enseigner le français à l'étranger pour ne pas s'éloigner. Elle est très investie dans son travail au point d'avoir préféré retarder son emménagement avec Thomas suite à une promotion dans son agence. Mais, « ce matin-là », sa voiture ne démarre pas et tout s'écroule pour Clara. Elle remonte dans son appartement, se retrouve assise par terre et n'est plus en mesure de faire quoi que ce soit. le médecin lui diagnostique un burn-out et la met en arrêt de travail. Gaëlle Josse nous fait vivre, ressentir le désarroi de Clara, sa descente en eaux troubles, son absence d'envie, de force, l'éloignement de Thomas mais aussi, peu à peu, le retour de l'envie de vivre grâce à de petites choses simples qui réveillent doucement Clara : l'odeur d'un bouquet de fleurs, un livre dans une librairie, Cécile, l'amie de toujours, qui l'accueille quelques jours. L'écriture est simple, le texte assez court et tout sonne juste. Ce qui arrive à Clara pourrait advenir à chacun d'entre nous : un grain de sable et toute la mécanique s'enraye.



Lien : https://monpetitcarnetdelect..
Commenter  J’apprécie          150
De la dentelle.
Gaêlle Josse est une dentellière des mots, des phrases.
Je viens de terminer un livre-poème.
C'est précis, ciselé, doux, chaud, doudouille, feutré, insaisissable.
Une littérature extraordinaire.
Un livre précieux.
Ces matins-là.
Je les ai bien connus ces matins-là.
Dans une autre Vie.
Le vide nauséabond, l'absence de désir, d'envie.
Plus la peine.
Tout à deux à l'heure, une heure voire deux pour se lever et aller se doucher.
Tout est difficile, compliqué.
Les rapports de Clara avec ses parents sont bouleversants de justesse et de précision.
Avec des phrases comme de la poésie.
Son escapade à la campagne, nous la vivons comme si c'était nous.
Et puis un jour, un peu de soleil, de lumière, de chaleur.
Mais doucement, si doucement.
Mais on s'en sort.
Par contre, le regard sera triste tout pareil.
Ça, on ne peut pas le changer.
Et c'est pourquoi on se reconnaît entre nous, ceux de l'ombre sans lumière, ceux de la nuit profonde, ceux des matins frileux.
On se reconnait par le regard comme elle dit.
Nous, les gens qui ont connu cet abîme, oui, on se reconnaît.
Comme une prière silencieuse.
Merci Gaëlle.
Commenter  J’apprécie          152
Que ce passe-t-il dans la tête de Clara ce matin-là ? Une voiture qui ne démarre pas, le sentiment de ne pas y arriver, une angoisse qui la submerge, et la voilà effondrée, bloquée, vacillante.
Clara vient d'avoir une promotion dans la société de crédit dans laquelle elle est une employée compétente, efficace qui prend son métier à coeur. Mais un jour elle regarde ses clients différemment, entend les non-dits, comprend que la froideur et l'intransigeance exigés dans ce métier ne lui correspondent plus. Et pour ne rien arranger, sa nouvelle chef est insupportable, exigeante, stressante.
Les souvenirs affluent. L'AVC de son père, les rêves de voyage et d'exercer une profession à l'étranger qu'elle a laissé s'envoler pour rester auprès de ses parents à ce moment-là. Son métier qu'elle exerce brillamment mais qui au fond ne lui correspond pas. Son amoureux Thomas avec qui la vie est belle, mais qui peu à peu s'éloigne, ne la comprend plus.
Et Clara qui vacille, se retrouve seule, avec son chagrin, sa solitude, son incapacité à avancer dans cette vie si stressante dont elle ne veut plus. Clara en arrêt de travail, incapable de revenir à sa vie d'avant. Clara s'interroge sur ses désirs, ses envies, ses projets de vie.
Une fois de plus, l'auteur pose les mots qu'il faut sur les sentiments, le burn-out, la banalité du quotidien, et nous propose un roman réaliste et émouvant.
Ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/01/23/ce-matin-la-gaelle-josse/
Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          150
Si en littérature, je cherche les instants de rupture, ces moments aussi fugaces que soudains qui font que l'ensemble des repères sont subitement mis à mal pour donner lieu à autre chose, avec le nouveau roman de Gaëlle JOSSE, j'ai été gâtée.

Deux événements avec des impacts psychologiques extrêmes, c'est l'effondrement.

Ce qui m'a fascinée dans ce roman, c'est l'approche de l'environnement, celui de l'intime, du clos, du familial, du privé, du logement, de l'intérieur, opposé à celui de l'ouvert, du professionnel, du public, du monde, de l'extérieur.

Quand Clara chute, il en est fini des apparences, du rayonnement, place au champ domestique et ses tâches, la préparation des repas, l'entretien du linge, le ménage. La vie de la jeune femme, coupée du monde, ne repose plus que sur l'essentiel, la satisfaction de ses besoins vitaux. le parcours n'en est pas pour autant à l'abri d'accidents, à l'image de ce bol d'oeufs battus tombé au sol dans la cuisine ou de la mort du chien de Cécile, son amie.

Ce qui m'a frappée, c'est l'absence quasi totale de porosité entre les deux sphères, publique et privée, alors que la jeune femme est au plus profond du gouffre.

"Ce matin-là" devient un roman social dans ce qu'il témoigne d'une époque et des conditions de travail pratiquées dans le domaine bancaire du début du 21ème siècle, avec tout ce qu'elles comportent d'avilissant pour les individus.

Mais plus encore, ce qui est éprouvant dans ce roman, c'est l'approche du corps et de ses soubresauts. Celui de Clara vit un burn-out. Il sur(réagit) et prend le pouvoir avec des comportements que seul lui maîtrise.

Mais ce roman serait profondément triste s'il ne s'agissait que de décrire un corps et une âme meurtris.

Non, Clara a la volonté de sortir la tête de l'eau. Elle connaît ses faiblesses, elle sait aussi pouvoir compter sur sa capacité à se reconstruire. "Ce matin-là" devient alors le roman d'une certaine forme de résilience.

Dans sa relation aux autres, elle s'attache à identifier ceux qui la tireraient vers le creux de la vague et les évince, pour le moment, de son itinéraire. Elle choisit de ne miser que sur ceux qui peuvent la sauver du naufrage.

Dans ce roman, Gaëlle JOSSE fait de la vie un objet littéraire et, par le jeu de l'écriture, la décline dans toutes les dimensions, depuis le singulier jusqu'au pluriel, depuis l'indéfini jusqu'au déterminé, depuis le particulier jusqu'à l'universel :

"Une vie, sa vie, notre vie, une vie..."

Dans ce même registre, j'ai été séduite par ses usages du verbe "apprivoiser", tantôt dans sa forme transitive, tantôt pronominale, montrant la complémentarité des deux pour retrouver un juste équilibre.

Je me suis délectée, une nouvelle fois, de la sensibilité de Gaëlle JOSSE, sa manière très singulière d'explorer les âmes, et plus précisément, les états d'âme.

Elle le fait dans une plume éminemment poétique.

Les mots sont empreints d'humanité, les phrases sont belles, le livre est lumineux. Quelle plus belle leçon de vie que de VIVRE.




Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
Commenter  J’apprécie          152




Lecteurs (1776) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3696 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}