p. 54 : Pause déjeuner sur un replat herbu. Le chauffeur fait cuire quelque chose de noir dans un récipient fabriqué avec un vieux bidon d'huile de moteur dont on a découpé le couvercle. Ensuite, il plonge directement dans la gamelle ses doigts dont il a négligé d'enlever le cambouis, émiette du riz dans sa sauce. Il nous invite à nous servir comme on le fait en Inde, où le partage est coutumier même aux plus pauvres.
p. 43 : Partout des gens qui dorment à même le sol. Parfois des lits installés dans la rue. On cuisine. Des milliers de vies quotidiennes se déroulent ainsi à même la chaussée, entre les vaches et les vélos.
p.43 : Derrière les montants des lits, on découvre des formes de vies inédites, des arachnides plats et livides, en embuscades.
P. 42 : A la Grande Mosquée, au Fort Rouge, c'est l'assaut des lépreux qui s'accrochent en grappe aux vêtements. Parmi eux, beaucoup d'enfants. Jambes rongés, mains sans doigts, faces camarades où le nez manque. Se défaire d'un enfant sans jambes agrippé de ses deux bras à mes cuisses, son beau visage d'ange brun sous les cheveux bouclés montant vers moi. [..] Il faut contenir la panique que l'on sent monter, le décrocher comme un crabe, comme un insecte, un bras après l'autre.