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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Son premier roman avait littéralement soufflé le public et les critiques qui enthousiastes, avaient salué en David Joy un des plus grands écrivains en devenir. L'attente autour de ce second livre était énorme. David Joy signe avec « le poids du monde« , une oeuvre crépusculaire qui reprend, peu ou prou, les éléments qui font la force du style de David Joy tant sur le fond que sur la forme. A l'assertion qui vise à voir en David Joy un des plus grands écrivains américain de sa génération, je réponds oui et mille fois oui ! Rarement l'émotion brute n'a affleuré à ce point dans un roman aussi sombre soit-il. Les questionnements de David Joy tournent autour de l'hérédité, des liens du sang, de l'amitié, de la possibilité ou non de sublimer les drames de nos vies, de nos existences, de dépasser les contingences sociales.. On retrouve toujours ces Appalaches, terre de souffrance, de misère, de désolation où l'alcool et la drogue servent de pansement aux âmes endolories. David Joy écrit sur les paumés, ceux qui pour une raison ou une autre (vous le découvrirez dans le roman) ratent le bon wagon menant vers l'université, les grandes écoles, un avenir florissant. Non, ces âmes égarés, poignantes et licencieuses sont le terreau, l'humus des grands romans américains qui savent saisir, cueillir la réalité pour en faire une tragédie des plus marquantes. Héritiers des grands écrivains ruralistes américains, David Joy n'est pas un énième ersatz et autre produit de contrefaçon littéraire, mais il trace son sillon, livre après livre avec un talent qui n'échoit qu'aux auteurs écrivant avec leurs tripes, sans se soucier des modes et des exercices de style superfétatoire. Confirmation d'un talent hors norme et affirmation d'un univers sombre certes, mais où perce à travers les nuages quelques rares lueurs de soleil, « le poids du monde » de David Joy c'est un peu de tout cela. A lire absolument.
Lien : https://thedude524.com/2018/..
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Le Poids du monde c'est rouler ivre en pick-up déglingué sur le rêve-américain.

Le poids du monde c'est utiliser un sac plastique Wallmart en guise de préservatif pour faire l'amour sans tabou à une junkie tout juste majeure et raide au crack.

Le poids du monde c'est proposer une gorgée de tord-boyau frelaté à l'oncle Sam, puis lui mordre le front à coups de de chicots bouffés par les caries.

Le Poids du monde c'est une giclée tiède de jus de chique sur la blanche colombe de la liberté.

Le Poids du monde c'est le revers de la médaille accroché sur le marcel crasseux du vétéran de 20 ans qu'on renvoie dans son lisier.

Le poids du monde c'est se rouler un joint d'herbe avec la Constitution des Etats-Unis.

Le poids du monde c'est une décharge de chevrotine sur le Pygargue à tête blanche symbole de l'Amérique.

Le poids du monde c'est aussi être accroc à ces montagnes, à la fois totem et remparts d'une cuvette emplie de misère, main tendue et clé de bras à l'issue.

Encore un roman extirpé des profondeurs d'un pot de Vantablack.

M'étonnerait pas qu'il ait été fabriqué dans les Appalaches lui aussi, tant il semble que cette belle région soit le lieu adéquat pour concocter des récits teintés de misère sociale dans l'Amérique des laissés pour compte.
On y retrouve la puissance narrative des Etats-Uniens qui comme à leur habitude y vont franc du collier tout en restant lyriques et d'une efficacité saisissante. Un peu plus sobre et cru qu'un Chris Offutt, mais tout aussi beau, David Joy nous balance un pavé dans la fosse septique.

Pas eu l'occase' de gouter à la Crystal meth' mais c'est tout comme avec ce roman de David Joy, ça tient éveillé, désabusé et insatiable, pis à peine refermé on en reveut direct.
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Quand deux losers camés se retrouvent en possession d'un paquet de fric et de drogue, l'affaire ne peut que mal tourner... Thad est traumatisé par sa guerre au Moyen-Orient, Aiden est perdu, sans parents, sans attaches, mais trop intelligent pour tout ça...
Un déchaînement de violence va embarquer les deux garçons, dans ce roman qui est un instantané de quelques jours de leurs vies.
Un énorme coup de coeur que ce roman, une ambiance à la Breaking Bad qui m'a énormément plu. Style efficace, un contexte de cet Amérique qui souffre si bien rendu désormais dans de nombreux romans. Un auteur que je suis ravie d'avoir découvert !
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J'étais passé à côté du premier roman de David Joy. Celui avait été couvert d'éloges. Dès de la sortie de ce nouvel opus, j'ai donc décidé de m'attarder sur son cas.

La région des Appalaches est le décor de cette aventure. On fait la connaissance de Thad et Aiden, des jeunes hommes du cru. Ils vivent chichement dans cet environnement plutôt austère. Ils portent tous deux des passés assez lourds et traumatisants. La misère est omniprésente dans cette histoire. Elle entraîne les protagonistes sur les routes de la débrouille et de l'embrouille. Constamment drogués, ils agissent toujours sur un fil et à la limite de la catastrophe.

Avec leurs idées de liberté, ils prennent sans cesse les mauvaises décisions et s'enterrent encore plus dans leur détresse. Tous les évènements semblent se combiner pour leur appuyer la tête sous l'eau. L'auteur humanise ses acteurs en exposant leurs faiblesses. le lecteur en vient alors à se prendre de sympathie pour ses perdants pourtant incorrigibles. Tout au long du récit, on espère que le destin va tourner et qu'enfin la chance va leur sourire. On s'accroche même à l'idée d'une rédemption…

Le roman est sombre, vraiment sombre. Une atmosphère de médiocrité repose sur les épaules des personnages. L'ambiance est étouffante mais grâce à des dérapages et à de la violence incontrôlée, l'aventure part à plusieurs reprises en vrille. Cela donne lieu à des scènes aussi déstabilisantes que jouissives qui rythment la lecture.

Il est vrai que je ne peux pas lire ce type de livre trop souvent, par peur de tomber en dépression. Il est vrai aussi qu'un certain nombre d'écrivains, tels que Donald Ray Pollock ou Ron Rash, se sont déjà illustrés avec succès dans ces romans ruraux noirs. Mais David Joy prouve avec ce « Poids du monde » qu'il a gagné le droit de figurer dans la liste des maîtres du genre. Il m'a bluffé avec son réalisme rustique au service de personnages attachants et d'une histoire rondement menée. Les Appalaches ont un nouvel ambassadeur !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Thad et Aiden sont des amis de longues dates, et se considèrent comme des frères. Après avoir assisté au meurtre de sa mère perpétré par son propre père et s'être enfui du foyer dans lequel il avait été placé, Aiden a habité avec Thad dans un mobile home au fond du jardin de sa mère. Tous les deux ont très mal démarré dans la vie. Aiden pour les raisons citées ci-dessus et Thad rejeté par sa propre mère, qui a accepté sans broncher que son compagnon expulse son propre fils de la maison pour l'exiler au fond du jardin, dans un mobile home.
Jeune adulte, Thad s'est engagé dans l'armée et s'est retrouvé en mission en Afghanistan. En raison de son casier judiciaire, Aiden n'a pas pu s'engager. Pendant l'absence de Thad, Aiden a vivoté jusqu'à ce que la bulle immobilière s'effondre et qu'il n'ait plus de travail. Thad est revenu de mission handicapé et perclus de douleurs. La seule façon d'oublier ses souffrances est de recourir à l'alcool ou à la drogue. Leur principale source de revenu est de récupérer le cuivre dans les maisons laissées à l'abandon par la crise immobilière. Mais, alors qu'Aiden souhaiterait mettre de l'argent de côté pour sortir de la galère et quitter une bonne fois pour toute leur village natal des Appalaches, Thad claque le peu d'argent qu'il peut avoir en stupéfiant ou en bouteilles. Lorsqu'après une nuit de vol de métaux, ils échangent le peu d'argent obtenu en échange de drogue, leur dealer se tue accidentellement et ils se retrouvent en possession d'une certaine quantité d'argent et de drogue. Ce sera alors la dégringolade dans la violence, l'argent et la drogue qu'ils possèdent ne pouvant leur attirer que des ennuis.
Ce roman est très noir, avec des passages très difficiles tant la violence est bien décrite et nous conduit à vivre en direct ses scènes. On ne peut qu'être touché par la vie sans avenir de Thad et d'Aiden, par l'impossibilité qu'ils ont de se frayer un chemin pour sortir de cette galère. Comment peut-on sortir indemne de ce qu'ils ont vécu ? Comment surtout Thad peut-il oublier d'avoir tué une enfant même si au final elle est responsable du décès d'un de ces compagnons d'arme ? Et l'état américain ne fait rien pour aider ses soldats à reprendre une place dans la société. Comme dit Thad : « Ça en dit long quand un pays préfère verser une allocation d'handicapé à quelqu'un plutôt que de le soigner pour qu'il puisse trouver du boulot ». Même si, comme constaté par Aiden : « Y a pas de boulot de toutes façons ».
Belle découverte de cet auteur grâce au #PicaboRiverBookClub.
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Traduit de l'anglais ( américain) par Fabrice Pointeau.
Plongée en plein coeur d'une Amérique "laissée pour compte", traumatisée, sur laquelle vient s'abattre le chaos du monde.
Little Canada. USA. Minnesota.
Années 2000. le rythme de cette spirale infernale sur lequel Davaid Joy a choisi de faire tourner ce road-movie singulier nous entraîne dans l'oeil d'un cyclone : celui de la violence.
Une héritage ? Une malédiction?
Qui porte le poids du monde? , qui saura s'en décharger?
une excellent roman, très bien mené, intelligemment construit.
Opératiion Furet du Nord. Club des lecteurs. Rentrée littéraire 2018.
Astrid Shriqui Garain
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Encore une histoire de bouseux, de « redneck » évoluants au sein de cette Amérique de la marge dont on entend de plus en plus parler. En dépit d'une floraison d'ouvrages traitant le sujet, on aurait tord d'éprouver une certaine lassitude qui nous pousserait à passer à côté de quelques textes superbes reflétant le talent d'auteurs qui sont parvenus à capter toute la douleur et toute la violence d'une classe sociale défavorisée que l'on a dissimulée derrière le lourd rideau du rêve américain. Pourtant le phénomène ne date pas d'hier et l'on pense bien évidemment à quelques romanciers emblématiques comme Jack London, John Steinbeck, Horace Mc Coy ou Earl Thompson pour n'en citer que quelques uns qui se sont employés à dépeindre cette Amérique profonde peu reluisante. C'est avec Daniel Woodrell qu'est apparu l‘expression country noir pour désigner un genre prenant pour cadre quelques villes méconnues ou quelques régions reculées, comme Denver, Cincinnati, la région des Appalaches ou des monts Orzacks, sur fond de violences et de détresses sociales en partie dues au trafic et à la consommation de crystal meth quand ce n'est pas tout simplement l'alcool qui ravage ces populations précarisées. de ce courant ont émergé quelques grands auteurs à l'instar de Ron Rash, Donald Ray Pollock et Benjamin Whitmer qui décrivent sans fard cette fureur, cette marginalité et cette souffrance imprégnant l'ensemble de leurs récits. Une liste loin d'être exhaustive puisque l'on peut y intégrer David Joy qui nous livre avec son second roman, le Poids du Monde, un sublime récit emprunt d'une noirceur terrible, se déroulant dans l'univers déliquescent de paumés toxicomanes évoluant sur les contreforts des Appalaches, du côté de Jackon county, terre d'élection de l'auteur.

Après avoir abattu sa mère, son père lui a lancé un dernier je t'aime et avant de se tirer une balle dans la tête. Puis Aiden McCall s'est empressé de fuir son foyer d'accueil pour trouver refuge dans une caravane dans laquelle Thad Broom a été relégué par son beau-père qui ne le supportait plus tandis que sa mère April hantée par le viol qu'elle a subit dans sa jeunesse, semble incapable de lui manifester la moindre preuve d'affection. Les années passent et depuis sa démobilisation, après avoir été engagé dans les combats en Afghanistan, Thad peine à se réinsérer dans la vie civile. Ainsi les deux garçons vivent d'expédients avec, à la clé, un avenir incertain, ponctué de journées festives à base d'alcool et de drogue. Mais avec la mort accidentelle de leur dealer, les choses pourraient changer en raflant une quantité de drogue et d'argent qui constituent un butin inespéré. Mais en matière de stupéfiants les choses peuvent rapidement mal tourner. Thad et Aiden vont l'apprendre à leurs dépens.

Pour les lecteurs en quête de fusillades enragées et de délinquants déjantés possédants un certain charisme dans la nature de leurs actions sadiques, le Poids du Monde ne répondra pas à leurs attentes puisque l'auteur s'est focalisé sur l'ordinaire d'individus que la vie n'a pas épargné en les dotant d'un passif pesant trop lourd sur leurs épaules. le souvenir du drame familial pour Aiden, La réminiscence des combats pour Thad et la résurgence du viol dont a été victime April dans sa jeunesse, on perçoit à chaque instant, cette charge écrasante fixant ainsi la destinée précaire de ces personnages qui sont privés de l'essentiel et qui trouvent quelques échappatoires dans la consommation de méthamphétamine. Avec une tension latente qui émane principalement de Thad, tout en colère contenue, le destin bascule subitement avec la mort accidentelle de ce dealer permettant à l'auteur de donner son point de vue quant à la détention et au maniement irresponsable d'armes à feu. On devine déjà que la découverte providentielle d'argent et d'un stock de drogue ne résoudra pas les problèmes de Thad et d'Aiden, bien au contraire. Un enchaînement de circonstances sordides, de règlement de comptes tragiques contribuera à mettre en exergue toute la rage et toute la douleur de ces trois marginaux en quête d'une vie meilleure sans pouvoir s'accorder sur les moyens d'y parvenir.

Avec un texte à la fois sobre et puissant, David Joy parvient à mettre en scène la chronique d'une vie ordinaire qui tourne à la débâcle, en mettant en évidence les failles d'un système qui n'apporte aucun secours à ces petites gens qui n'ont pas d'autre choix que de s'entraider, même si parfois ce soutient tourne court en laissant des stigmates qu'ils ne parviennent plus à effacer. de victimes, certains d'entre eux deviennent bourreaux pour infliger la somme de douleur qu'ils ne peuvent plus supporter et qui découle pourtant le plus souvent des choix qu'ils font que du courant d'un destin incertain qu'ils ne sauraient maîtriser. Vengeance, fuite en avant et désespoir, l'auteur parvient à insuffler, sans excès, une tension permanente, entrecoupée de quelques éclats de violence émaillant ce terrible récit, tout en nous offrant par moment, de beaux instants lumineux qui éclairent la noirceur d'un roman dressant le portrait acéré d'une Amérique perdue, sans rêve et sans espoir.


David Joy : le Poids du Monde (The Weight Of This World). Editions Sonatine 2018. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau.

A lire en écoutant : Black de Pearl Jam. Album : Ten. 1991 Sony Music Entertainment Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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*Lecture recommandée par le Picabo River Book Club*

Le premier roman de David Joy avait été une véritable révélation pour moi, un gros coup de coeur et j'avais hâte de le retrouver pour un deuxième livre.

Le Poids du monde confirme tout le talent de ce grand romancier. Un auteur essentiel qui nous offre un portrait sincère, dur, émouvant, violent et fort des Appalaches, un écrivain qui donne une voix à ceux qui n'en ont pas.

Dans les deux romans de cet auteur il y a cette atmosphère saisissante, cet aspect désespéré omniprésent qui prend littéralement aux tripes. Nous sommes en présence d'une fiction dans le genre du roman noir et pourtant la vérité, la réalité n'est jamais très loin.

Ce livre met en exergue la situation impossible de ces coins reculés mais il recèle d'autres points forts. En effet David Joy a le don de créer des protagonistes très complexes, ambivalents et qui sont loin d'être manichéens. Des êtres désoeuvrés, au bord du gouffre ou qui ont déjà plongé dedans. Des êtres brisés, écoeurés, en colère. Des êtres abandonnés comme Thad qui est revenu de la guerre, comme Aiden qui ne trouve pas de travail.

David Joy est indéniablement un des plus grands auteurs du "country/rural noir", chacun de ses livres apporte sa pierre à l'édifice et permet au lecteur une prise de conscience primordiale afin de comprendre les Etats-Unis de nos jours. Enfin cet écrivain nous percute à chaque fois au travers d'un dénouement terrible et surprenant, un dénouement parfait qu'on ne peut oublier.

En définitive, j'ai adoré ce nouveau roman de David Joy ! Foncez en librairie (et si vous ne l'avez pas déjà : prenez aussi Là où les lumières se perdent).
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Il y a deux ans de cela, en découvrant Là où les lumières se perdent, on se disait que David Joy était un jeune écrivain très prometteur. Il le confirme avec ce second roman.
Thad et Aiden, amis d'enfance, vivent sur la propriété d'April, la mère de Thad, au flanc d'une colline dans le comté de Jackson, en Caroline du Nord. « Il y avait deux types de vie, et Aiden et lui étaient nés dans celui où les tests d'aptitude au service militaire avaient plus de sens que les tests d'admission à l'université ».
Thad est parti combattre en Afghanistan et en est revenu poursuivi par de sales souvenirs. Aiden n'a pas eu besoin de partir pour cela. Il a assisté au meurtre de sa mère par son père et au suicide de ce dernier alors qu'il était encore à l'école primaire. Les deux garçons se sont toujours serrés les coudes et Thad a tout fait, jusqu'à convaincre sa mère, pour qu'Aiden, après la mort de ses parents, puisse rester dans la petite communauté de cette partie du comté que l'on appelle Little Canada.
Ancrés sur cette terre qui n'a pourtant rien à leur offrir, les deux jeunes hommes vivent d'expédients et font passer le temps en fumant de la méthamphétamine. C'est la mort accidentelle de leur dealer, qui laisse derrière lui un petit stock de drogue et quelques milliers de dollars, qui va précipiter les choses : faire entrapercevoir à Aiden une issue, la possibilité de se refaire ailleurs, pousser Thad à s'engager plus avant sur la mauvaise pente, faute de pouvoir même envisager la possibilité d'une autre vie que la sienne. Entre les deux, April, après s'être oubliée des années durant, est bien décidée à s'extraire enfin de l'existence morne dans laquelle elle ne supporte plus d'être enfermée.
Les amateurs d'action, de grandes scènes de poursuite ou de fusillades passeront. le propos de David Joy n'est pas de proposer une intrigue de polar débridée mais bien de coller au plus près des états d'âmes de ses personnages et de les suivre dans ce qui pourrait bien être des impasses. Écrasés par le poids du monde qui donne son titre au roman et qui, de la lourdeur d'un ciel d'été chargé de nuages noirs à la manière dont, plus on avance, plus les bâtiments semble prêts à s'effondrer en même temps que les personnages ou sur eux, devient de plus en plus prégnant, Thad, Aiden et April tentent de lever la tête, de se redresser. Mais ce que l'on charrie est parfois bien trop lourd.
Si David Joy choisit de montrer l'Amérique des perdants, des petits blancs écrasés par un système qui leur est finalement aussi étranger que ces pays où on les envoie se battre, retournant leur haine ou à tout le moins leur dépit vers plus pauvres qu'eux, il n'en fait pas pour autant de simples victimes. C'est là tout l'intérêt de ce roman. Il y a certes un indéniable déterminisme social, mais il y a aussi des choix personnels qui peuvent tenir autant à la peur de l'inconnu qui empêche de tenter de fuir qu'à la fuite en avant ou, au contraire, aussi douloureux que cela puisse être, à la décision de couper définitivement et brutalement avec ce monde. Sans pathos inutile, sans démonstrations lénifiantes, Joy parle des gens, tout simplement, comme ils sont et non pas comme ils rêveraient d'être ou comme on voudrait qu'ils soient. Ce faisant, tout au long de roman noir et émouvant, il offre de beaux moments de grâce littéraire.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Il y a Aiden qui vit avec Thad depuis l'enfance. Ils sont frères de coeur. Aiden rêve de quitter ce petit village aux souvenirs d'un passé trouble.

Il y a Thad qui est parti faire la guerre au Moyen Orient. Il est revenu abîmé et se soigne avec toutes les drogues qui lui tombent sous la main.

Il y a April, maman de Thad, sa maison surplombe la caravane où vivent les garçons sur son terrain. Elle souhaite tout vendre et tout plaquer pour une nouvelle vie mais le lieu n'est pas propice aux bousculades des acheteurs.

Il y a cette fameuse nuit où tout bascule. Ils auront les cartes en mains pour améliorer leur destin, sauf que…

Il y a enfin David Joy qui nous embarque dans un superbe roman noir aux confins des Appalaches.
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