Citations sur La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry a.. (224)
Il voyageait sous les étoiles et sous la suave clarté de la lune quand elle ressemblait à un cil et que les troncs d'arbres luisaient comme des os. Il marchait dans le vent, sous la pluie, sous un ciel pâli par le soleil. Il lui semblait que toute sa vie, il avait attendu de marcher.
Avec la fin de la pluie, la végétation repartit de plus belle. Les fleurs et les arbres semblaient exploser de couleurs et de senteurs. Sur les branches frémissantes des marronniers se balançaient de nouvelles grappes de fleurs en forme de cierge. Les ombelles du cerfeuil des bois poussaient en rang serré sur le bord des routes. Les roses grimpantes montaient à l'assaut des murs dans les jardins et les premières pivoines rouge sombre s'ouvraient telle des fleurs de papier. Les pommiers commençaient à éparpiller leurs pétales et portaient des bourgeons à fruit ; dans les sous-bois, les jacinthes sauvages s'étalaient comme de l'eau. Les pissenlits étaient déjà des aigrettes de poils prêtes à se disperser.
Harold demeura silencieux. L'homme aux cheveux argentés n'était en fait pas du tout celui qu'il croyait. C'était un type comme lui, avec une souffrance bien particulière et, pourtant, il était impossible de le savoir si on le croisait dans la rue, ou si l'on était face à lui dans un café à partager son gâteau. Harold se le représenta sur le quai de la gare, un homme bien habillé que rien ne différenciait des autres en apparence. Ce devait être pareil partout en Angleterre. Les gens achetaient du lait, ou bien faisaient le plein d'essence, ou même postaient des lettres. Et ce que les autres ignoraient, c'était à quel point ce qu'ils portaient en eux était lourd. L'effort surhumain qu'il fallait parfois pour être normal et participer à la vie ordinaire.
Elle le fixait du regard, avec ses yeux vert mousse et son petit menton, et il aurait aimé trouver les mots qu'il fallait, ceux qui auraient pu changer quelque chose, mais il n'y arrivait pas. Il mourait d'envie de la toucher comme autrefois, de poser la tête sur son épaule et de rester là.
- Ciao, Maureen.
Il referma la porte d'entrée entre eux, en prenant garde à ne pas la claquer.
Tu t'es lancé et tu as fait quelque chose. Et si ce n'est pas un petit miracle d'essayer de trouver sa route quand on ignore si l'on va arriver au bout. Je me demande bien ce qui l'est.
Harold marcha au hasard dans les rues de Berwick avec son paquet de prospectus. Il titubait et les gens déviaient de leur trajectoire pour l'éviter, mais il ne s'arrêtait pas. Il pouvait pardonner à ses parents de ne pas l'avoir désiré. De ne pas lui avoir appris à aimer, ou même de ne pas lui avoir enseigné le vocabulaire. Il pouvait pardonner à ses parents, et avant eux à leurs parents.
Tout ce qu'Harold voulait, c'était son enfant.
Quand j'étais petit, mes parents ne voulaient pas de moi. Plus tard, j'ai rencontré ma femme et nous avons eu un enfant. Là aussi, les choses ont mal tourné. Depuis que je vis dehors, on dirait que j'ai moins à craindre.
Je peux dire que le seul domaine où j'etait bon, c'était l'échec.
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Et ce que les autres ignoraient, c'était à quel point ce qu'ils portaient en eux était lourd. L'effort surhumain qu'il fallait faire parfois pour être normal et participer à la vie ordinaire.
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toutes les deux l'avaient accueilli et réconforté, même quand il avait eu des scrupules à accepter,et par le fait même d'accepter il avait appris que recevoir était tout aussi un don que donner, car cela nécessitait à la fois du courage et de l'humilité.