Tout avait commencé à l' adolescence. Une souffrance sourde. Une insatisfaction permanente . L' incapacité à vivre le présent. Parce que j' étais toujours à attendre. Attendre ce que je ne pouvais pas me représenter, ce que je ne savais pas nommer, mais ce qui, assurément, aurait dû combler ma faim.Quand donc avais-je perdu ce que je n' avais jamais possédé et dont le manque m' emplissait d' une inguérissable et rongeante nostalgie?(p107/108)
-Attente en automne-
Pourtant, par delà ces doutes et ces tourments qui me rongeaient, je sentais en permanence la poussée d'un besoin. Le besoin d'écrire, de sculpter des mots, de me servir d'eux pour me connaître, m'édifier, pour accéder à un peu de lumière, à une vie plus intense. (p.35)
Jusqu'alors ma terre était dure,caillouteuse,stérile . A force de la labourer, j'ai bon espoir de la rendre meuble et féconde. Ma moisson, ce sera un récit. Ce sont les mots que j'enfanterai. Des mots dont j'aimerais qu'ils puissent créer et transmettre de la vie.
-Attente en automne-
Je me demandais sans fin s'il me serait donné un jour de vivre en meilleure intelligence avec moi-même. (p.35)
Ton désir est sans remède. Il ne pourra jamais s'assouvir. Ne pourra creuser en toi qu'une longue et lancinante douleur.
"Nous étions si proches, nous entendions si bien que nous n'échangions que peu de mots. Ce que nous avions à nous dire passait par nos regards et des silences pleins" : effet de style ou l'éditeur n'a-t-il pas lu le texte ?
-Attente en automne-
Mes études achevées, je n'avais voulu rien moins que grimper à l'arbre de la connaissance. Sauf que je discernais mal ce que j'avais à tenter de connaître. J'errais d'un livre à l'autre, brûlant du désir de découvrir le secret qui m'aurait aidé à vivre, mais je ne réussissais qu'à toujours plus m'éloigner de moi, de me charger d'idées inutiles, m'emplir de confusion. Arrivé dans ce hameau, j'avais pris la décision de ne plus ouvrir unl livre aussi longtemps que j'y resterais. Il fallait que je me vide, que je me lave de tout ce que j'avais amassé, que je me mette en jachère. (p.34)
Je savais aussi que l' être humain est bien souvent insatisfait, amer,en conflit avec lui-même, et il me venait la crainte d' être de ceux qui ne parviennent jamais à se dépêtrer de leur mal de vivre.(p95)