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EAN : 9782867447518
384 pages
P.O.L. (14/03/2000)
4.07/5   48 notes
Résumé :
Au tréfonds de l'être, une plaie suinte, que maintiennent à vif maintes de ces questions auxquelles il n'est jamais facile de fournir une réponse : vivre, le faut-il ? Quelle signification lui attribuer ? Et que doit-on faire de sa vie ? Quel sens lui donner - ou en recevoir ? Et s'il semble rigoureusement indispensable de se connaitre, cet être que je suis, quel est-il ? Dois-je le subir dans tout ce qu'il est ? Ou bien, puis-je le transformer ? Mais alors, dans qu... >Voir plus
Que lire après Journal, tome 1 : Ténèbres en terre froide (1957-1964)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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« Spectateur d'un moi terriblement morne et ennuyeux, je traînasse loin derrière moi-même. »
Charles Juliet, dans le premier tome de son journal (1957-1964), dévoile sans pudeur son mal de vivre. À vingt-trois ans, après une enfance en famille d'accueil et une adolescence vécue sous l'uniforme dans une école militaire, il décide de se consacrer à l'écriture et à l'introspection, abandonnant dès lors ses études en médecine. « Si je n'avais pas l'écriture, je ne pourrais vivre. Et pourtant, c'est précisément l'écriture qui me rend la vie impossible. (…) Affronter chaque jour l'ennui, le dégoût de soi, l'horreur de vivre, pour les mettre en mots, est une tâche surhumaine. »
Être hypersensible, Charles Juliet veut vivre sans compromis avec lui-même dans un monde qu'il pressent chaotique et dans lequel il se sent exclu. « Quand on me demande ce que je fais et qu'il me faut avouer que j'écris, je suis gagné par la honte. »
J'apprécie le genre littéraire du journal et celui-ci relève plus que jamais de la sphère intime; j'en ai entrepris la lecture sans me douter de la charge émotive que je retrouverais dans ses pages, ne connaissant de Charles Juliet que son passage récent à La Grande Librairie. Cet homme calme au regard triste m'a bouleversée par ses phrases lourdes de sens et cette lecture que j'ai débutée au lit, il a fallu que je la lise au grand jour pour mieux dormir ensuite. La prose magnifique enrobe un discours troublant, sorte de face à face cruel avec son ego. L'auteur reconnaît lui-même que la relecture de ces notes fut pour lui une épreuve empreinte de consternation, de confusion et de désolation mais qu'il avait à l'époque une exigence de « ne pas se mentir à soi-même, se clarifier et faire sourdre la lumière là où sévissent les ténèbres. »
Les journaux de Charles Juliet se continuent sur une longue période et je continuerai d'y faire des incursions de façon sporadique.
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Avant d'entamer ce premier volume des journaux de Charles Juliet, il est nécessaire d'avoir lu le neuvième pour ne pas sombrer dans le désespoir. Il est nécessaire de savoir qu'une issue positive existe à tout ce marasme ou bien vous risqueriez de clore ce premier volume après trois pages. Ce journal se lit comme une succession d'aphorismes quasi quotidiens sur la mort, le suicide, l'ennui, la haine de soi, le néant... le programme n'est pas reluisant mais l'exercice de connaissance de soi, de sincérité et de lucidité qu'entreprend ici Charles Juliet est saisissant de courage. Il invite à assumer l'image que le miroir renvoie à chacun d'entre nous, cette étape nécessaire à toute renaissance, à tout dépassement de l'ego, à tout amour véritable de soi et surtout d'autrui. Et puis, laborieusement, quelques lueurs émergent. A méditer longtemps...
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Longue introspection de sept années, l'auteur, né en 1934 a donc entre 23 et 30 ans. Malgré le titre rajouté plus tard, la fin de ce journal s'ouvre sur un peu de lumière. La souffrance est créatrice mais il faut au départ balayer les scories, les préjugés sociaux et intellectuels, se faire un peu la morale et se garder de la tentation suicidaire. le risque, cependant est de devenir sec et aride comme un désert, de « s'ennuyer parmi les autres », d'être déçu par la vie extérieure.
Il faut cependant relativiser et admirer ces réflexions dues au début à un jeune homme de vingt-trois ans qui travaille à devenir écrivain, écrit de la poésie et du théâtre et dont le refus des concessions pourraient passer pour une posture. Or, ce qu'il est en train de devenir, il va le puiser à l'intérieur, il plonge dans l'inconnu pour se singulariser car il faut bien affronter la vie.

« Lorsque je touche le fond, je cherche à me reposer sur cette idée que la trame des habitudes, des obligations, et surtout les amitiés, me protègent de moi-même, constituent des liens puissants qui me rattachent à la vie, me gardent de céder au découragement et d'en arriver au geste fatal. » (19-3-1964)

Quand on est jeune, on pense avoir raison contre le monde entier et l'auteur plaint ceux qui ont une vie ordinaire, ne s'affranchissent pas du quotidien peut-être aussi parce que lui-même a choisi sa solitude, son introspection, il semble parfois exagérer le tragique car il n'est ni classique, ni romantique, ne veut aucun effet de style ni expression exacerbée des sentiments humains qui semblent l'encombrer.

« Ces êtres sur qui le bonheur s'acharne sont vraiment à plaindre. Ils ne naîtront jamais, ne sauront pas vivre, ne connaîtront rien de l'existence. (3-12-1964) »

Des propos discutables sous forme d'aphorismes de poète maudit jalonnent ce Journal mais il est vrai que dans un journal intime, on est libre de se tromper comme d'avoir raison si tant est que la vie fonctionne en ces termes. Il semble que j'aurais aimé lire ce livre à l'âge de l'auteur au moment de son écriture. Maintenant je trouve presque le propos un peu naïf même s'il n'est pas dénué de sincérité. Tout le monde souffre. Reste à en faire un terreau créatif.
Je finirai en disant que j'ai acheté ce livre en 1995 lors d'une exposition à laquelle participait Charles Juliet et un de mes amis avec qui il avait travaillé sur un livre illustré de ses peintures. J'ai mis longtemps à le lire et viens de le finir, le repoussant toujours comme un creuset de découragement. Je ne pense pas aller plus loin dans l'oeuvre de cet auteur.


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Dans l'édition Hachette de 1978 cet ouvrage s'intitule simplement Journal I, mais le titre de Ténèbres en terre froide lui convient parfaitement tant il est sombre et oppressant. Il s'agit d'une oeuvre égotiste, autocentrée, d'une introspection acharnée où l'auteur ne s'intéresse qu'à son vécu douloureux et à son labeur d'écrivain. Les tiers n'y sont évoqués que de manière très allusive, ainsi sa femme M.L, une certaine Denise, un dénommé Descombin, son frère Robert. Il n'y fait que brièvement allusion au peintre et sculpteur Giacometti, à Reverzy, Kafka, Rilke. Peu de respiration donc, d'ouverture vers l'extérieur. Les saisons ne sont guère marquées et ne semblent pas influencer Charles Juliet en proie le plus souvent à un identique marasme. Celui-ci note quelques voyages sans en rien dire toutefois. Les mots ennui, désespoir, épuisement sont les vocables les plus fréquents et surtout celui de suicide, obsessionnel, qui revient presque à chaque page, ce qui n'empêche pas l'homme d'avoir désormais atteint 85 ans. Souffrant d'un fond dépressif hérité probablement de sa mère et aggravé par les privations et humiliations de toute sorte vécues lorsqu'il était enfant de troupe à l'école militaire d'Aix-en-Provence, l'auteur a fait le choix audacieux de se consacrer à l'écriture, sa femme acceptant d'assumer seule la charge matérielle du ménage. Ainsi Charles Juliet s'est privé de l'exercice équilibrant d'un métier, d'une activité quotidienne, ce qu'il revendique, estimant que toute profession l'aurait empêché d'écrire. Certes, il a souffert, creusé en lui-même, s'est interrogé et nombre de notes de son journal revêtent un certain intérêt, mais son égoïsme, sa morbidité agacent.
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« 13 janvier

La triste et banale histoire de tout amour: il commence dans l'avidité, se poursuit dans les habitudes et s'achève dans l'ennui. »

Cette 3eme entrée dans le 1er journal (1957-1964) de Charles Juliet donne le ton : rien, absolument rien ne sera épargné ni à l'auteur ni au lecteur qui va assister, impuissant, à une véritable descente aux enfers spirituelle de l'écrivain. Aux journées tétanisantes d'ennui se succèdent les rencontres embarrassantes et les pensées suicidaires. « Je marche, marche… Je suis certain d'avoir tout raté, d'être un médiocre promis à une minable déchéance. Seule pensée qui me donne un peu d'apaisement, celle du suicide, qui vient pourtant tout aggraver. » La lecture de ce journal intime est réellement effrayante, d'autant plus qu'une certaine lucidité alliée à une impossible exigence font que nous ne pouvons que comprendre cet homme pris dans les filets du désespoir. Comment ne pas être saisi d'effroi lorsque nous comprenons que le jeune écrivain passe des journées assis devant son bureau sans pouvoir écrire une ligne ? « Comment veux-tu pouvoir écrire ? Tu te hais. » Charles Juliet creuse en lui, au plus profond, il veut déceler son origine, son essence même. Cette obsession lui fait passer ou renier tous les instants de légèreté que la vie lui apporte. « Vivre aux aguets de soi-même, à l'écoute de sa lucidité, c'est arracher de soi les racines de la vie. » Mais ce journal est l'occasion de découvrir un immense poète à l'orée de sa vie artistique, et on est à chaque page estomaqué par les fulgurances qui traversent les pensées de l'écrivain: » Seule une oeuvre pourrait conférer ordre, sens et continuité à ma vie. » Et c'est dans les derniers pages de ce dense journal qu'on aperçoit enfin une clarté qui vient éclairer la vie de Charles Juliet, à son grand étonnement. Les racines sont là, une vie d'écrivain peut commencer. Mourir pour mieux renaître.
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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
18 février 1960 : Il est des êtres qui cultivent une apparente difficulté de vivre à seule fin de se croire supérieurs à ceux que ces tourments épargnent. Mais pourquoi celui qui souffre et cherche, devrait-il s’estimer supérieur à celui qui ni ne souffre, ni ne cherche ? Face à la vie, nous sommes tous des infirmes, et nul n’est fondé à se croire supérieur ou inférieur à quiconque.
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Écrire, c'est soutenir le face à face avec l'insoutenable, s'acharner sa vie durant à creuser un seul et même petit dérisoire sillon. C'est une entreprise surhumaine d'une grandiose humilité. Et moi, condamné à mon sillon, je serai heureux le jour où je pourrai me comparer à un bœuf de labour, où j'aurai un peu de sa lenteur, son obstination, sa puissance.
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Nous n'appréhendons un être qu'à travers ce que nous sommes, et inconsciemment, nous nous projetons en lui, lui supposons ce que nous trouvons en nous-même. Cette stupéfaction lorsque nous découvrons qu'il n' est rien de ce que nous imaginons qu'il est.
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27 octobre 1959 : Si vivre, c’est recherche l’être, comment considérer la vie de la plupart ? Leur besoin de sécurité et de toujours plus grande sécurité ? Ils amassent, amassent, ignorant qu’ils sont promis au trou.
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« A Aix, j’ai souvent envisagé de tuer pour me venger des humiliations subies, mais je m’en suis abstenu, car je savais qu’un crime n’aurait rien modifié. Ce dont je rêvais, c’était d’un acte de révolte qui n’eut cessé de perpétrer ses conséquences à la fois dans le temps et l’espace. Faute d’avoir su imaginer un tel acte, je n’ai jamais cherché à exprimer ma révolte. »
Journal I de Charles Juliet, le 2.12.1958

« Oui, toute révolte qui s’exprime est puérile, parce que d’un effet limité au temps et à l’espace, alors que ce qui la suscite est d’essence éternelle. Mieux vaut la garder dans ton sang, et la laisser te brûler. C’est elle qui te donnera la force de reprendre le combat quand tu n’en auras pas l’énergie. »
Journal I de Charles Juliet, le 4.12.1958 – 24 ans
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Videos de Charles Juliet (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Juliet
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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