Comme l'a écrit un autre babeliote, moi aussi je préfère l'auteur à travers ses poèmes mais j'ai néanmoins aimé la lecture de ces trois nouvelles.
Point commun: trois hommes en attente d'amour et qui ne savent pas l'exprimer. Trois hommes blessés intérieurement , qui jusque là se sont cachés derrière les apparences de la vie, calfeutrant un manque terrible qui, à l'occasion d'une rencontre va se manifester de façon si intense que leur vie en sera bouleversée à jamais.
L'auteur, avec sensibilité et pudeur , sait bien nous faire entrer dans les pensées, le désarroi, les angoisses de chacun d'entre eux.D'autant plus que les récits sont à la première personne.
On découvre un jeune écrivain qui se cherche et qui, dans un hameau s'éprend d'une femme tout en silences et retenue. Puis un peintre en mal d'inspiration tombant amoureux d'une comédienne plus âgée, et enfin un homme d'affaires ayant la révélation du vide de sa vie dans le désert, grâce à une photographe.
Ma réticence vient en fait du peu de sympathie que j'ai éprouvé pour ces personnages, mis à part le jeune écrivain, dont j'ai aimé la quête ardente d'une identité .Pour comprendre leurs agissements parfois violents , ou leur lâcheté, il aurait fallu pouvoir creuser davantage leur personnalité. Ce qui frappe, en tout cas, c'est l'image négative du père qui les a méprisés souvent, et entraîné cette fêlure en eux, ce désir de revanche sociale. Cette attente d'autre chose.
Autre point commun ( d'où le titre de la première nouvelle): le changement dans leur existence s'opère au début de l'automne."Sous la pâle lumière de ce début d'automne, avec ces arbres dont le feuillage commençait à jaunir,ce paysage m'a apaisé, a fait tomber cette tension en moi à laquelle je ne sais comment échapper. "
Une attente automnale languissante mais qui ouvrira le coeur à un renouveau printanier, grâce à une femme...
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J'avais très envie de découvrir cet auteur mais pas envie de commencer par la lecture de son journal, aussi je suis ravie d'avoir trouvé ces nouvelles. Il y en a trois en effet. A chaque fois, le narrateur est un jeune homme qui évolue plutôt dans le monde de l'art (un écrivain, un artiste), le dernier est un entrepreneur. Ces hommes sont seuls et se questionnent énormément sur leur vie et une rencontre avec une femme va les déstabiliser, les remettre en cause.
C'est surtout l'écriture qui est belle, les réflexions de ces trois hommes, ils sont touchants et sincères dans leur quête d'identité. Une belle découverte, j'ai envie d'en lire d'autres de cet auteur.
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Tout avait commencé à l' adolescence. Une souffrance sourde. Une insatisfaction permanente . L' incapacité à vivre le présent. Parce que j' étais toujours à attendre. Attendre ce que je ne pouvais pas me représenter, ce que je ne savais pas nommer, mais ce qui, assurément, aurait dû combler ma faim.Quand donc avais-je perdu ce que je n' avais jamais possédé et dont le manque m' emplissait d' une inguérissable et rongeante nostalgie?(p107/108)
-Attente en automne-
Pourtant, par delà ces doutes et ces tourments qui me rongeaient, je sentais en permanence la poussée d'un besoin. Le besoin d'écrire, de sculpter des mots, de me servir d'eux pour me connaître, m'édifier, pour accéder à un peu de lumière, à une vie plus intense. (p.35)
Jusqu'alors ma terre était dure,caillouteuse,stérile . A force de la labourer, j'ai bon espoir de la rendre meuble et féconde. Ma moisson, ce sera un récit. Ce sont les mots que j'enfanterai. Des mots dont j'aimerais qu'ils puissent créer et transmettre de la vie.
-Attente en automne-
Mes études achevées, je n'avais voulu rien moins que grimper à l'arbre de la connaissance. Sauf que je discernais mal ce que j'avais à tenter de connaître. J'errais d'un livre à l'autre, brûlant du désir de découvrir le secret qui m'aurait aidé à vivre, mais je ne réussissais qu'à toujours plus m'éloigner de moi, de me charger d'idées inutiles, m'emplir de confusion. Arrivé dans ce hameau, j'avais pris la décision de ne plus ouvrir unl livre aussi longtemps que j'y resterais. Il fallait que je me vide, que je me lave de tout ce que j'avais amassé, que je me mette en jachère. (p.34)
"Nous étions si proches, nous entendions si bien que nous n'échangions que peu de mots. Ce que nous avions à nous dire passait par nos regards et des silences pleins" : effet de style ou l'éditeur n'a-t-il pas lu le texte ?
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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