Enfant dans une ferme, puis enfant de troupe, c'est l'histoire de François.
Certainement celle de l'auteur.
La première partie m'a parue un peu plaquée et ne procure pas trop d'émotion.
« L'enfant », « il », sans jamais le nommer, ça crée trop de distance.
La deuxième partie emploie le « je », toujours pour parler du même enfant.
Ensuite c'est écrit sous forme d'un journal intime.
Enfin, on y arrive, c'est la forme « François » qui arrive.
Et on termine sur le « je »personnellement, je n'ai pas aimé tous ces exercices de style qui à mon goût desservent plutôt l'histoire.
Bref, pas de passion pour ce livre.
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Enfoui sous toi qui gémissais, perdu dans l'infini du plaisir, mes yeux errant d'une étoile à l'autre dans l'immensité du ciel, j'ai dû convenir en moi-même pour la première fois de mon existence que la vie n'est pas que peur, angoisse et souffrance, qu'elle sait parfois se montrer bienveillante, qu'il arrive même qu'on soit pris d'une dévotion éperdue pour ce qu'elle nous concède.
En passant devant une vitrine, j’aperçois un visage dénué d’expression, éteint, mort. Après quelques pas, je réalise que c’est le mien. Et pourtant, c’est celui d’un autre, et je me retourne pour voir si je ne suis pas derrière moi. (p 170)
Presque chaque jour, à la sortie de l'école, l'enfant lui rend visite. Il frappe au carreau le plus doucement possible, entre, balbutie un bonsoir respectueux, puis s'assoit sur le petit tabouret. L'homme s'arrête alors de travailler. En silence, prenant son temps, avec grand soin, il roule une cigarette, l'allume avec un curieux briquet à amadou, tire la première bouffée en plissant les paupières. Et ce n'est qu'après avoir rejeté la fumée en une lente expiration qu'il dit à voix douce : Alors? As-tu bien travaillé aujourd'hui?
- Et toi, poursuit-il, tu as voyagé?
J'hésite à lui dire. Il insiste.
- Oui j'ai voyagé. Et je peux même dire que je continue. Sans trêve.
- Ah oui, lâche-t-il, alors que son regard se fait plus intense. Dans quel pays?
- Dans un pays qui est presque toujours à ma disposition. Mais je ne parviens pas à le connaître, ni même à m'y sentir chez moi.
Avant que tu ne partes, je veux également te dire ceci: il aurait suffi d'un rien pour faire de toi un type exemplaire. Au lieu de ça, tu es un petit voyou. Mais à tout bien considérer, je ne veux pas m'en plaindre, car il n'y a qu'avec des gars comme toi qu'on peut arriver à quelque chose. Les autres, ça ne vaut rien. C'est de la merde. Toi, tu es une bonne petite graine de révolté. Tu as de l'orgueil, de la tripe, tout ce qu'il faut pour devenir un vaillant officier. Quand tu auras passé quelques mois sous ma coupe, tu verras, ce sera parfait. Je t'aurai appris combien il est exaltant d'être un chef et d'exercer un commandement. Tu vois, mon petit, les homes, ce ne sont rien d'autre que des marionnettes. Dès que tu as un peu de psychologie, tu les manoeuvres comme tu veux. Tu joues sur la bêtise, sur l'amour-propre, sur le désir de paraître, tu enrobes tout ça avec un peu de flatterie, et ça marche à tout coup.
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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