Les larmes des opprimés, la force des oppresseurs, et aucun renfort de chaque côté.
Et la plupart du temps, l'espoir est vraiment la seule chose qui nous fasse avancer.
On ne s'attarde pas sur ce que l'on a perdu ; on avance.
C'est dur de se souvenir, au bout d'un moment.
Doucement, il s'écarta de la rambarde pour se pencher vers moi et écarter une mèche de cheveux de ma joue. Ses doigts effleurèrent ma peau, et la chaleur déferla en moi comme une décharge électrique. J'entendais son cœur battre dans sa poitrine, son pouls palpiter sous sa mâchoire. Son odeur était omniprésente, irrésistible; la chaleur, le sang et la vie, ainsi qu'un certain parfum de terre qui n'appartenait qu'à lui. Je m'imaginai l'embrasser puis faire glisser mes lèvres sur son cou jusqu'à ce qu'un sang chaud afflue dans ma bouche.
Je me penchai vers lui sentant déjà mes crocs s'allonger.
- Zeke!
La voix de Ruth rompit le silence. Nous nous écartâmes en sursautant l'une de l'autre, et je recouvrai brusquement mes esprits.
- Pars! Pars vers la forêt. Je vais les occuper encore un moment.
Une nouvelle balle se logea dans le mur, nous aspergeant de poussière. Il gronda plus fort.
- Va-t'en, Allie! Laisse-moi!
- Kanin...
Il poussa alors un rugissement et son visage devint démoniaque. C'était mon premier aperçu de ce qu'il pouvait devenir dans ce genre de situation, et je reculai, effarée.
- Pars! Ou je te préviens, si tu cherches à m'aider, je t'arracherai le cœur moi-même!
— Allez, viens ! Je me lève juste, mais je crois que Jeb et les autres sont dans la grange. Ils sont arrivés quelques heures après qu’on se soit endormis. Du moins, c’est ce que Martha m’a dit, après m’avoir confié qu’elle lavait mes sous-vêtements, et que je pourrai les récupérer demain. Je crois bien que cette grand-mère essaie de me draguer !
— Ouh, je vais tout de suite effacer cette image choquante de mon cerveau ! dis-je avec une grimace horrifiée comme nous empruntions le couloir. Pour information, sache que les mots « grand-mère » et « sous-vêtements » ne doivent jamais être associés dans une même phrase.
Je me débarrassai de la terre collée à mes vêtements et à mes cheveux, et guettai tout bruit suspect ou signe de vie dans l'obscurité. Mais (...) rien ne bougeait. Entre les branches, le ciel était constellé d'étoiles.
Devenir une suceuse de sang. Quel que soit mon choix, il équivalait à la mort, car les vampires étaient des morts ; ils avaient juste l'audace de continuer à vivre comme des cadavres ambulants qui dépendaient les humains pour survivre. Je les détestait ! Je haïssais tout ce qui les concernait-leur cité, leur larbins, leur domination sur la race humaine. Ils m'avaient tout pris. Je ne leur pardonnerais jamais ce que j'avais perdu à cause d'eux.
Les battements de son coeur s'accélérèrent. Et en moi, la faim se réveilla, toujours avide, mais curieusement, cette fois je pouvais l'ignorer. Je ne pensais pas au sang qui courait sous sa peau. Je ne pensais pas aux battements de son coeur, à son contact physique ou au pouls battant dans sa gorge. Je ne pensais qu'à lui.