Citations sur Les Royaumes invisibles, tome 2 : La captive de l'hiv.. (33)
"Meghan, murmura une voix dont la familiarité m'alla droit au coeur et m'aspira hors du vide.
Je la reconnus immédiatement, et me dis aussitôt qu'elle devait être le fruit de mon imagination désespérée, car il était impossible que son propriétaire soit là, à me parler.
Ash?
-Réveille-toi, murmura-il, sa voix profonde entamant les profondeurs des ténèbres. Ne fais pas ça. Si tu n'en sors pas rapidement, tu vas t'éteindre et dériver pour toujours. Bats-toi. Reviens vers nous.
Je ne voulais pas me réveiller. Seule la souffrance m'attendait dans le monde réel. Tant que je dormais, je n'avais pas à affronter Ash et le terrible mépris qu'il affichait désormais à mon égard. L'obscurité était mon refuge. Je m'éloignai de la voix d'Ash pour partir toujours plus loin dans ce noir réconfortant. Et là, depuis les abysses de mes rêves et délires, j'entendis un léger sanglot.
- Je t'en prie.
Une main agrippait la mienne, réelle, solide, m'ancrant dans le present.
- Je sais ce que tu dois penser de moi, mais....
La voix se brisa et reprit son souffle.
- Ne pars pas, murmura-t-elle. Meghan, ne t'en va pas. Reviens-moi."
- Je serais toujours ton chevalier, Meghan Chase, dit-il d'une voix étranglée, comme si chaque seconde lui faisait mal. Et je jure que s'il existe une quelconque façon pour nous d'être de nouveau ensemble, je la trouverai. Peu importe le temps que cela prendra. Si je dois chercher ton âme jusqu'au fin fond de l'éternité, je le ferai jusqu'à ce que je la trouve, je le promets.
Et il s'en alla.
- Qu'on se le dise: à partir de ce jour, je fais le serment de protéger Meghan Chase, fille du roi de l'Eté, par mon épée, mon honneur et ma vie. Ses désirs sont les miens. Ses souhaits sont les miens. Quand bien même le monde entier serait contre elle, ma lame sera à son service. Dût-elle échouer à la protéger, qu'il en soit alors fini avec ma propre existence. Je le jure, sur mon honneur, mon véritable nom, et ma vie. A partir de ce jour...
Sa voix se fit encore plus basse, mais je l'entendis comme s'il m'avait chuchoté au creux de l'oreille.
- ... je suis à toi.
"Pardonne-moi", murmura Ash, et j'entendis un léger trémolo dans sa voix. "Mais je ne peux peux pas ... je ne vais pas ... la laisser. Pas alors que je viens de la trouver." .
( source : Dans ma petite bulle )
— Qu’est-ce que tu veux ?
Je me levai du lit, le cœur battant.
— Embrasse-moi, murmurai-je, et je vis ses sourcils se soulever d’étonnement.
— Encore une fois, insistai-je, et je te promets que ce sera la dernière. Après ça, je pourrai t’oublier.
Un mensonge éhonté. J’aurais beau avoir quatre-vingt-dix ans, perdu la tête et oublié tout le reste, le souvenir du prince d’Hiver brillerait toujours en moi comme la lumière d’un phare.
Le voyant hésitant, j’essayai d’adopter un ton plus léger.
— Une dernière fois. Promis.
Je le regardai au fond des yeux et tentai un sourire.
— Tu me dois bien ça. Je n’ai même pas eu de véritable rupture, tu sais.
Ash hésitait encore, l’air partagé. Ses yeux se posèrent furtivement sur la porte, et, l’espace d’un instant, je crus qu’il allait partir et me laisser croupir ici. Mais il finit par laisser échapper un bref soupir et ses épaules se relâchèrent en signe de résignation.
Les yeux plongés dans les miens, il fit un pas en avant, m’attira entre ses bras, et posa ses lèvres sur les miennes.
Je suppose que notre dernier baiser était censé être bref et chaste, mais, après le premier « contact de sa bouche, le feu monta en moi pour envahir mon ventre. Mes doigts le cramponnèrent, s’enfonçant dans son dos, tandis que ses bras me serraient comme s’il voulait m’écraser et me fondre en lui. Je fis courir ma main dans ses cheveux et lui mordis légèrement la lèvre inférieure, le faisant gémir. Ses lèvres s’ouvrirent, et ma langue se mit à danser avec la sienne. Il n’y avait rien de doux ou de gentil dans ce dernier baiser ; il était plein de peine et de désespoir, de la conscience amère que nous aurions pu vivre quelque chose de parfait, mais que cela était impossible.
Il se termina bien trop vite. Ash s’écarta de moi, les yeux brillants, tremblant de désir et de passion. Nos deux cœurs battaient la chamade, et les doigts d’Ash s’enfonçaient douloureusement dans mes épaules.
— Ne me demande plus jamais ça, dit-il d’une voix sourde.
- Ne pars pas, lui murmurai-je en l'étreignant encore. Ne me quitte plus jamais. Reste avec moi. Pour toujours.
Le prince de l'Hiver me fit son petit sourire que j'aimais tant et approcha ses lèvres des miennes.
- Je te le promets.
Les émotions sont une faiblesse ici, Meghan.
— J’ai vu des milliers de filles mortelles, dit-il doucement, plus que tu ne pourrais en compter, et de tous les coins de ton monde. Elles se ressemblent toutes pour moi.
Son doigt passa sous mon menton pour redresser ma tête.
— Elles ne voient que cette enveloppe extérieure, et pas qui je suis, en dessous. Toi, tu l’as vu. Tu m’as vu sans glamour et sans illusions, même celles que j’affiche aux membres de ma famille dans cette farce que j’entretiens juste pour survivre. Tu as vu qui je suis vraiment, et, malgré tout, tu es toujours là.
Il passa son pouce sur ma joue, y laissant une traînée de givre brûlant.
— Tu es là, et cette danse est la seule dont j’ai envie.
— Je suis complètement paumée, murmurai-je en me retournant sur le lit.
Les fissures du plafond paraissaient me sourire d’une façon moqueuse, et je maugréai :
— Qu’est-ce que je vais faire ?
— L’idéal serait que tu te prennes la tête en silence pour que je puisse dormir, lança Grimalkin sans même ouvrir les yeux.
Au lieu de quoi, je fermai les yeux. Et Puck m’embrassa.
Ses lèvres furent d’abord hésitantes, effleurant légèrement les miennes, me laissant l’espace pour me retirer. Lorsque je me pressai contre lui, il mit sa main derrière ma tête et m’embrassa de tout son cœur. Je passai mes bras autour de son cou et l’attirai plus près de moi, voulant oublier tout ce qui se passait pour me fondre dans les sentiments. Peut-être ma souffrance et ma solitude allaient-elles se taire un peu, maintenant. Puck poussa l’assiette du lit, s’allongea, et m’entraîna avec lui, ses lèvres courant maintenant dans mon cou, traçant une ligne de feu sur ma peau.
- Si vous devez vraiment faire ça, ça ne vous dérangerait pas de faire un peu moins bouger le lit ? demanda soudain une voix sarcastique près de la tête de lit. Vous pourriez peut-être aller vous rouler par terre ?