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Takeshi Kaikô (1930-1989) fait partie de la génération « des ruines et du marché noir » comme Kenzaburo Oé. Les personnages de ses romans d'après-guerre sont des individus qui se débattent à l'intérieur d'une société oppressante, violente et cruelle. Ce court roman, écrit en une nuit et publié en 1959, a une dimension allégorique. L'histoire se déroule en Chine au IIIe siècle.
Le narrateur, anonyme, nous raconte froidement le cruel destin des humbles qui ont construit la Grande Muraille de Chine et les raisons pour lesquelles il a décidé de fuir dans le désert. Il raconte d'abord l'histoire de son tout petit village natal ceinturé de murs en terre qui semblent se mouvoir comme un organisme survivant au gré des vents violents. le village est sans arrêt envahi par des guerriers sanguinaires venus des quatre coins du pays. Les habitants doivent hisser en hâte la bannière aux couleurs du dernier Seigneur arrivé et lui réserver bon accueil dans l'espoir bien hypothétique d'être préservé de l'attaque et de la cruauté des soldats. le village est ainsi gouverné par une succession de différentes armées et seigneurs de guerre, jusqu'à l'ascension d'un nouvel Empereur, un seigneur du Nord. S'ensuit une courte période de stabilité. Les villageois baissent la garde et écoutent les beaux discours. Soudain les soldats de L'Empereur enrôlent et asservissent arbitrairement et sournoisement la moitié des hommes du village. Ceux-ci travailleront désormais à la construction de la grande muraille censée préserver la paix...
Le roman est court. La première partie est éprouvante, on va de mal en pis dans la cruauté humaine. Pourtant les esclaves acclament le Maître. le narrateur se rend compte que son individualité n'existe plus et prend conscience de l'absurdité de la tâche demandée par l'empereur car la région est toujours attaquée par des rebelles du désert. J'ai trouvé le roman intéressant mais très didactique et bien trop manichéen. Il ne m'a pas emportée.
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Un livre qui marque par la dureté implacable qui se dégage de ses lignes. Nous sommes en Chine, vers 250 avant Jésus-Christ, pendant l'époque des Royaumes Combattants. Comme son nom l'indique, le pays est divisé en une multitude de petits royaumes se livrant des guerres perpétuelles. Des bandes de pillards, des seigneurs de la guerre et des mercenaires débauchés parcourent les campagnes en ravageant tout sur leur passage.

Le narrateur, un jeune homme vivant dans l'une des cités encore debout, nous fait partager son quotidien avec un froid et total et détachement. Toujours les paysans s'échinent à entretenir leurs remparts. Si la ville tombe, il n'y aura que massacre et destruction, et nulle part où aller pour les survivants – eux-mêmes n'accueillent pas ceux des autres villes. Quand un nouveau seigneur de la guerre parait à l'horizon, il faut se hâter de lui faire allégeance, et accueillir ses soldats. Ces derniers se comportent en pays conquis. Si un objet leur convient ils le prennent, si une fille leur plait ils la violent, si un homme leur déplait ils le tuent. La brutalité règne en maitre. Il n'y a ni grâce ni pitié.

Un jour parait un nouveau seigneur. Il leur annonce qu'ils sont maintenant sujets de l'empereur, dont il est l'envoyé. Ses soldats sont différents. Disciplinés. Ils tendent une corde qui partage la grande place en deux. Au signal, tous les hommes situés à gauche de la corde sont pris, et emmenés de force. Ils ne savent pas pourquoi. Il n'y a ni grâce ni pitié : l'ordre règne en maitre. Après des semaines de marche, les hommes arrivent à leur destination : le chantier de la grande muraille…

Court, implacable et pourtant lyrique récit du passage de la violence généralisée à la violence en tant que monopole d'état, du tracé de la frontière entre monde civilisée et barbares, et de la naissance de la Chine administratrice et centralisée.
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Et moi qui avais tellement été émerveillé par les restes de la Grande Muraille ! Je n'y avait pas vu la folie de l'Empereur qui est à l'origine de sa construction. J'avais oublié qu'elle s'était construite au dépends d'un grand nombre de vies humaines et dans l'irrespect total des individus. Je n'y avais vu que la splendeur, j'en ai découvert l'horreur. J'ai lu ce court texte au premier degré et je n'ai pas pu modifier mon approche par la suite. Que d'abominations, que de folie ! L'homme est décidément capable du pire. Après le « récit du fugitif », notre société actuelle nous apparaît tout-à-coup bien douce et… la charte des droits de l'homme bien nécessaire !
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Il s'agit du récit d'un homme qui raconte la vie dans sa petite ville, dans une époque instable, pendant laquelle les gens ordinaires essaient de vivre tant bien que mal entre deux armées d'occupation, dans un monde dans lequel la vie humaine n'a guerre de valeur, et la survie dépend essentiellement de la chance. Et puis lors de l'instauration de l'empire les choses ont l'air d'aller mieux, de se stabiliser, avant de tourner en un écrasement de la valeur des individus encore plus impitoyable, parce qu'un infiniment plus organisée et implacable, au gré des caprices d'un seul homme, dont le moyen le plus gigantesque et broyeur de vies humaines est la construction de cette muraille immense.

Un récit magnifiquement écrit, dans une très belle langue, sans pathos, comme de l'extérieur. le personnage principal est en quelque sorte observateur de sa propre vie, de ce qui arrive à ses voisins et à ses proches, et bien sûr à lui-même. C'est très fort et dense, un court récit mais qui je trouve laisse une trace forte. C'est très pensé et construit, mais c'est très adapté au sujet.
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Rubôki
Traduction : Jacques Lalloz

"Rubôki" appartient au genre du roman court - en tous cas, il fut publié comme tel - mais il n'a rien du roman. Ou, en tous les cas, pas grand chose. L'auteur imagine simplement une histoire de la construction de la Grande Muraille de Chine racontée à la première personne par l'un de ceux qui y participèrent. le narrateur ne se nomme jamais, les villageois, les soldats, puis ses compagnons de misère restent à l'état de silhouettes et le Premier Empereur lui-même, bien que se déplaçant au milieu de multiples courtisans, ce prince Zhao Zheng qui deviendra Qín Shǐ Huángdì et laissera son nom à la Chine, n'apparaît que comme une marionnette fantôme.

Le texte comporte quatre chapitres, les paragraphes y forment des blocs bien serrés et L Histoire n'est évoquée que pour légitimer la thèse de l'auteur, à savoir que mieux vaut rejoindre les tribus nomades des Xiongnus qui cherchaient à envahir le territoire chinois depuis le troisième siècle avant J. C. , que demeurer chinois. le narrateur ayant été enlevé à son village par les troupes impériales pour participer, contre son gré, à l'édification de la fameuse muraille, on comprend que le projet se défende. Mais il baigne dans un tel climat de nihilisme que la démonstration y perd finalement plus qu'elle n'y gagne.

Que Qín Shǐ Huángdì, gagné par l'âpre folie du pouvoir, ait été un politique particulièrement implacable et, par voie de conséquence, peu enclin à la pitié, nul ne le contestera. Que tous ses efforts - unification des "Royaumes Combattants", unification de la langue et des caractères de l'écriture, unification des poids et mesures, détermination à protéger le tout nouvel empire de ses ennemis extérieurs - pour créer, à partir du chaos, un pays fort et stable, ne soient imputés qu'à sa seule soif de pouvoir, c'est par contre trafiquer L Histoire. Bien que le phénomène soit fort à la mode, actuellement et dans certaines coteries, dans notre propre petit hexagone, ce procédé, outre son absence totale d'élégance, est et reste marqué, où qu'on le mette en place, au coin de l'une des formes les plus sournoises du totalitarisme : le totalitarisme intellectuel.

En l'espèce, cela empêche d'apprécier pleinement ce court récit, pourtant riche en détails sur l'époque étudiée. En s'obstinant à privilégier le vide et l'inutilité comme caractéristiques suprêmes de la politique menée par le Premier Empereur, Kaikô Takeshi se rend-il compte que leur ombre recouvre également les souffrances endurées par son héros et ceux qui l'entourent ? Au point, il faut l'admettre, de les faire à leur tour résonner comme des outres creuses. Mais, du coup, il n'y a plus lieu à démonstration et la fuite du narrateur vers les Barbares transformés en sauveurs parce que, semble-t-il, seuls gardiens d'une liberté qui tient en fait beaucoup plus de l'anarchie pure et simple, cette démonstration ne se justifie plus.

Pour tout dire, on sort de cette histoire avec une impression de malaise et sans avoir tout à fait compris, j'en ai peur, non seulement ce que voulait dire l'auteur mais aussi s'il avait conscience du côté assez fumeux de la thèse qu'il cherche ici à défendre. ;o)
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Un récit bouleversant et sanguinolant tout au long, qui atteste de la folie et de la violence des hommes. On ne regarde plus la grande muraille de Chine comme un magnifique monument d'architecture après ça...
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